Choisir le titre de son film constitue un acte délicat. « I Origins » est un titre intelligent et évocateur aux sens multiples. Pouvant être interprété comme l’origine des yeux, donc de notre vision du monde, mais aussi comme l’origine du "moi", c’est-à-dire l’origine de l’humanité, celui-ci pose question et permet d’entrevoir les grandes thématiques abordées par le film. « I Origins » est un film de science plus que de fiction, un film qui oppose brillamment les deux opposés science et spiritualisme. Comment expliquer et prouver le destin, le fait que l’amour soit plus fort que la mort, la survie de l’esprit même après le trépas ? De nombreux hommes de sciences s’y sont essayés sans succès, pourtant comment nier la réalité de ces faits ? Toutes ces problématiques trouvent écho dans la nouvelle œuvre de Mike Cahill. En effet, le héros de cette histoire, le Docteur Ian Grey, est fasciné par les yeux et ce qu’ils ont à révéler. Sa rencontre avec la belle Sofi va le lancer dans une quête de sens, de vérités qui risquent d’amincir la frontière entre science et spiritualisme. Le surnaturel n’est pas écarté, il n’est pas non plus confirmé. À vous qui appréciez ces thèmes, le film est fait pour vous ! Non seulement le message de fond est passionnant, mais en plus sur le plan technique le film est impeccable. Mike Cahill soigne bien plus sa réalisation comparé au tout aussi magnifique « Another Earth ». L’aspect documentaire de sa première œuvre est éclipsé, on constate ici une vraie envie de raconter une histoire, et de laisser parler ses personnages sans se focaliser sur le cadre. Les acteurs choisis sont bien évidemment impeccables. Michael Pitt et Astrid Berges-Frisbey forment un couple charismatique, et la parfaite Britt Marling est toute aussi resplendissante que dans le rôle de Rhoda qui l’a fait connaître du grand public. Ce qui est le plus remarquable, c’est que dans ce film Mike Cahill dévoile de vrais rôles de femmes : ni faire-valoir, ni jolies plantes vertes inutiles. Elles sont le cœur de l’histoire, c’est autour d’elles que tourne toute l’intrigue, un fait suffisamment rare qui mérite d’être souligné. Plus personnellement, c’est un film qui m’a touché, et qui m’a fait rêver comme cela arrive trop peu souvent aujourd’hui. Alors cette note maximale c’est la note d’un coup de cœur, ma modeste contribution à la renommée que mérite Mike Cahill. Jeune homme, tu iras loin !