Avis sur Pop Skull

Pop Skull est un film visiblement peu connu sous nos latitudes. En fait, c’est un film-ovni, qui joue surtout la carte du métrage expérimental.
L’interprétation est correcte. Globalement les jeunes acteurs s’en tirent bien, interprétant leurs personnages, globalement marginaux et paumés (toxicomanes) avec réalisme et conviction. Il y a de l’authenticité dans leurs jeux, l’envie de bien faire, et c’est convaincant. Je dirai même que le réalisateur aurait du faire davantage confiance à ses acteurs, et aller peut-être davantage vers le vrai film social plutôt que de s’attacher autant à la dimension formelle, car je crois qu’il avait du potentiel.
Le scénario lui est très limité. Comme dans tout film que ce veut davantage une expérience qu’un récit narratif, il ne pèse pas très lourd. Il raconte des tranches de vie d’un marginal, et dans lesquelles se confondent rêve et réalité. Globalement ce n’est pas passionnant. Le récit est très haché, il manque très vite d’enjeux avec des redondances évidentes, il y a de gros coups de mou. Par ailleurs le film est très hermétique, brouillant les pistes, refusant la compréhension spatio-temporel, limitant les dialogues, et décrivant un milieu avec lequel très peu de spectateur pourront trouver une réelle accroche.
Visuellement il y a là en revanche eu un gros effort du réalisateur. La mise en scène tout d’abord est très recherchée, presque alambiquée mais dans le bon sens du terme. Il y a la volonté de construire une esthétique singulière, de filmer de manière originale, de se détacher un maximum des codes habituels pour retranscrire une atmosphère et des ressentis différents de ce que l’on peut avoir ailleurs. Je trouve d’ailleurs qu’Adam Wingard fait ici preuve d’une bien meilleure maitrise de son esthétique particulière que pouvait le faire Gaspard Noé dans Irréversibles par exemple, pour prendre un autre exemple de mise en scène alambiquée. La photographie est elle aussi tout à fait remarquables, avec une richesse, une variété qui fait plaisir à voir. C’est luxuriant de ce point de vue, et il y a des passages très beaux qui méritent je crois l’achat d’un support de qualité pour pouvoir en profiter. Enfin les décors sont limités, mais là aussi il y a quelques passages avec de bonnes choses. Alors Pop Skull n’est pas franchement un film d’horreur. Ce n’est d’ailleurs pas plus un film social style Requiem for a Dream, ni rien d’autre. C’est un pur film expérimental. Aussi ne cherchez pas tant un aspect horrifique, il n’y a quasiment rien de ce point de vue, ni un message dénonciateur clair sur l’usage de stupéfiant (bien que l’ambiance ne donne pas vraiment envie d’y toucher, la dimension psychédélique n’a rien de ragoutant). Par ailleurs très bon travail sur la bande son qui complète bien l’atmosphère du métrage.
En conclusion je dirai que si vous n’adhérez pas à l’esthétique du film dès les dix premières minutes, vous pouvez laissez tomber Pop Skull. C’est vraiment l’exemple type du film expérimental qui s’adresse à un public ultra-limité, mais qui peut faire des ravages dans les festivals. Pour ma part je soulignerai les recherches louables du réalisateur, et le travail formel à la hauteur, néanmoins, car je considère qu’une expérimentation d’1 heure 30 c’est long et qu’il faut plus pour justifier une telle durée, je pénaliserai l’absence de scénario ou son manque évident de consistance. Je lui accorde donc un 3.