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    HEIMAT I – Chronique d’un rêve
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    52 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 3 janvier 2014
    En 2013, Edgar Reitz enrichit sa fresque historique d'un diptyque fascinant : Chronique d'un rêve - L'Exode, soit près de quatre heures de film en noir et blanc dans le dialecte du Hunsrück, région montagneuse de la Rhénanie-Palatinat et de la Sarre.

    En 1842, la misère (Das Elend) a gagné la patrie, le foyer (Die Heimat) ; elle pousse les habitants du Hunsrück à fuir vers un autre pays (Das Elend, par étymologie) pour trouver le bonheur (Die Heimat, par extension). Voilà tout l'aspect intra et intersubjectif de la problématique de l'émigration résumé par l'opposition entre deux termes ; il est d'ailleurs dommage que le titre original, Die Andere Heimat (L'Autre Heimat), réduise la marge d'interprétation du spectateur. Et quelle langue magnifique, même dans son parler paysan, que l'allemand, injustement dénigré par la redoutable masse des hispanisants.
    Jakob, le narrateur, s'émerveille lui de la richesse lexicale des Amérindiens, dont une tribu désigne par exemple le vert de vingt-deux façons différentes, prétexte à une touche chromatique1. Coiffé d'une plume, un récit de voyage à la main, le cadet de la famille Simon rêve de quitter le Vieux Continent pour rejoindre le Nouveau Monde, au terme d'un voyage dont les conditions épouvantables sont rapidement évoquées ; tout empreint de romantisme, il se passionne pour l'ethnologie et la linguistique, ce qui amène l'explorateur Alexander von Humboldt à lui rendre une brève visite à la fin du film, sous les traits du réalisateur Werner Herzog.
    Mais la déception de Jakob se révèle à la hauteur de l'espoir qu'il couche par écrit en catimini, afin d'échapper aux coups de fourche de son père analphabète, dans son journal qui pourrait s'intituler : Vivre avec son temps, mais pas au bon endroit. L'oiseau migrateur est abattu en plein vol par ces quelques paroles, définition de la piété filiale selon Brel :
    "Et puis il y a la toute vieille
    Qu'en finit pas de vibrer
    Et qu'on attend qu'elle crève"2
    Pour les amarres larguer.
    Le fardeau parental change en effet de porteur lorsque l'aîné, Gustav, décide d'engager son chariot lesté de sa femme, Jettchen, dans la file en direction du Brésil. Il n'emporte alors de ses deux Mathildche3, l'enfant et la machine à vapeur qu'il a conçues puis enterrées, que le souvenir douloureux : la déception du narrateur, condamné à l'hiver, se révèle surtout à la hauteur du désespoir qui meut son frère.
    Or, le talent d'Edgar Reitz réside précisément dans sa capacité à introduire de la fiction dans une démarche clairement historique ; la période ou l'événement qu'il couvre, la société qu'il dépeint, ne le sont qu'au travers du quotidien d'un homme, Jakob, d'une famille de forgerons, les Simon, et d'un village, Schabbach. Choix révélateur, puisqu'il lui permet, d'une part, de se pencher sur le rejet de l'individualisme en milieu rural, d'illustrer la distinction établie par Tönnies entre Gemeinschaft (la communauté) et Gesellschaft (la société)4 ; d'autre part, de prouver que les petites gens s'intéressent aux affaires du pays, sinon du monde, à l'instar du vieil oncle presque sénile qui chantonne : "Par les montagnes, arrive la République tada !"
    Qu'importe qu'en 1842, la République soit bloquée quelque part dans les Ardennes : même les paysans de la région du Hunsrück, récupérée par la Prusse dès la chute du Premier Empire, crient "Liberté !" -en français dans la version originale. En parallèle de la revendication des droits civils et politiques, dits de première génération, les innovations technologiques se diffusent petit à petit dans les villages ; elles font ainsi prendre conscience au père du "bon à rien" de l'intérêt de savoir lire un manuel.
    Et pour revenir au style du réalisateur, Schabbach constitue sans doute le meilleur exemple de la synthèse qu'il opère entre fiction et histoire, dès lors qu'il se dégage du lieu, malgré le réalisme bluffant du travail de reconstitution, une atmosphère fantasmatique, résultat d'une photographie très douce et d'une bande son envoûtante composée par Michael Riessler.

    1. Le procédé est visible sur l'affiche.
    2. Jacques Brel, "Ces gens-là", 1966.
    3. Vilaine variante germanisée de mon prénom germanique.
    4. Ferdinand Tönnies, Gemeinschaft und Gesellschaft, 1887.
    guifed
    guifed

    54 abonnés 286 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 novembre 2013
    Je décidais de voir ce film par simple curiosité. Alterner l'esthétique en noir et blanc, et l'esthétique de la couleur dans un même film promettait quelque chose d'intéressant. Et je n'ai pas été déçu. Heimat est visuellement renversant; peut-être ce qui s'est fait de mieux cette année. Mais ce qui m'a surpris, c'est qu'ici, l'esthétisme n'élude pas le fond. Bien au contraire, il le magnifie. Et on atteint alors une dimension supérieure.
    Heimat I, c'est l'histoire d'un jeune rêveur, qui se plaît à voyager aux confins du monde à travers ses livres, et qui entend bien un jour émigrer et quitter le monde dans lequel il a grandi. Monde du milieu du XIXème siècle, dans une Allemagne profonde en dépérissement. Monde qui apparaît gris, plat, froid, monotone, face à sa personnalité tout en couleur et en enchantements. Et c'est là que le noir et blanc prend tout son sens. Le réalisateur a clairement voulu dépeindre le plus fidèlement possible la misère de ces paysans du XIX, qui traversent l'une des plus graves crises économiques de l'histoire allemande. On vit dans le délabrement, on patauge sans cesse dans une boue envahissante, on est emprisonnés par ce quotidien morose, noir,blanc. Les seules lueurs de sensibilité et de bonheur qu'on entrevoit sont en couleur. L'effet est garanti, le cadran "émotion" du spectateur réagit au quart de tour. Les travellings sont superbes, on sent une fluidité, une liberté dans le cadrage qui contraste avec le confinement du village. La photographie, en noir et blanc, laisse quelques fulgurances émailler une trame narrative volontairement statique. Il ne se passe pas grand chose, c'est vrai. Mis à part les malheurs en chaîne que connaissent les personnages, l'histoire provoque tout sauf du suspens ou de la tension; ce qui fait qu'on a inévitablement un peu de mal à tenir la longueur, surtout après la première heure et avant le dernier quart d'heure. Mais le but était de se rapprocher de la réalité, de poétiser le quotidien à travers l'éclairage et les couleurs. Il est plus qu'atteint. On a même souvent l'impression de voir des personnages tout droits sortis des romans de Balzac. Si on n'atteint pas l'étendue de la Comédie Humaine, ce film trouve bien des échos à la fois dans le romantisme (Heimat I) et dans le réalisme (Heimat II) littéraire du XIXème siècle.
    Autre point fort, les personnages. Ils sont exceptionnellement bien approfondis pour un film (même si on frise les 4h en cumulant les deux opus, ce n'est pas une série!), ce qui les rend très attachants. Dans ce premier opus, on apprend à connaître Jakob, et on vibre de plus en plus avec lui. Qui plus est, l'acteur principal est formidable (malgré le fait que ce soit son premier film). Certains seconds rôles sont cependant médiocres (le baron, indigne d'un tel film).
    Un bien beau film, poétique et émouvant, novateur dans son approche visuelle et technologique, classique dans sa narration.
    horasOscar
    horasOscar

    1 abonné 14 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 26 octobre 2013
    J'ai entendu hier soir a la radio des critiques dithyrambiques ds plusieurs émissions. Je les trouve excessives. La lenteur contemplative N'EST PAS une garantie de substance et de réalisme historique. L'image est très belle, mais parfois gâchée par un objectif grd angle qui crée des déformations injustifiées. La grde majorité des personnages sont sveltes et en bonne santé. On ne sent pas vraiment la faim, alors qu'elle est l'un des moteurs de l'histoire. La réalité de la vie agricole, sa dureté, sa matérialité sont évoquées de façon peu convaincante. Le film est truffé d'invraisemblances. L'épouvantail-automate pour tromper la vigilance du père, le radeau des émigrants-révolutionnaires, la langue amérindienne que Jakob étudie ...était elle seulement connue des savants de l'époque? Jakob n'est ni exclu ni inclus ds un réseau de relations avec les gamins du village. Les autres jeunes n'existent quasiment pas (ormis
    les deux amoureuses), sauf comme silhouette lors de la fête. Le village n'est pas un collectif mais une collection de personnages qui ne font pas vraiment société.
    Il y a des points communs avec le Ruban Blanc de Mikael Haneke : un village a la campagne sans crottin ds les rues et sans aboiement.
    velocio
    velocio

    1 158 abonnés 3 021 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 20 janvier 2014
    Pour être honnête, je dois avouer ma déception concernant ce film; Pourquoi ? Sans doute parce que l'esthétisme recherché dans ce film qui se passe dans une période de misère, de saleté, voire de laideur, nuit au discours qu'on est censé entendre. Il y a en plus une musique horripilante et pas du tout adaptée au sujet du film. Malgré certaines qualités, on s'ennuie pas mal !
    norman06
    norman06

    292 abonnés 1 595 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 17 janvier 2014
    Encore plus maîtrisé sur le plan formel que le "Heimat" de 1982, le film perd un peu en intensité romanesque et feuilletonnesque mais reste d'un haut niveau.
    Plume231
    Plume231

    3 463 abonnés 4 639 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 14 novembre 2014
    En regardant ce quatrième volet de l'oeuvre de toute une vie d'Edgar Reitz, je n'étais pas en terrain inconnu car j'avais précédemment dévoré les trois précédents volets, soit près de cinquante heures de film, racontant sous un angle intimiste 81 ans d'Histoire de l'Allemagne, qui passent une traînée de poudre. Rien que d'entendre les premières notes de la BO de Nikos Mamangakis suffisent à me donner un frisson de satisfaction intense (dommage qu'on ne l'entend pas ici d'ailleurs !!!).
    Là, peut-être parce que la période historique évoquée, qui fait un sacré bond en arrière puisque l'histoire se déroule entre 1842 et 1844, me paraît moins bouleversée, moins intense, moins passionnante aussi, même si d'après ce que raconte le film assez agitée, que celles abordées dans les trois premiers "Heimat", et aussi parce que la première partie est un peu confuse dans la présentation des personnages, peut-être parce que le scénario n'a "que" trois heures et quarante-cinq minutes en tout pour le faire, j'ai moins adhéré.
    Mais l'interprétation composée d'acteurs inconnus, si on excepte Marita Breuer, qui jouait déjà l'"âme" du premier volet, une des descendantes du personnage qu'elle incarne ici, et le réalisateur Werner Herzog qui fait une petite apparition, est excellente, les personnages sont attachants surtout le protagoniste Jakob, la photographie en noir et blanc avec quelques belles touches de couleur est superbe, la cadre est hyper-soigneusement reconstitué. Et on a le droit à quelques scènes magnifiques à l'instar de la lecture de la lettre, très émouvante, à la fin.
    Ses qualités suffisent, peut-être pas à me conquérir surtout par rapport au premier et au second Heimat que j'ai adorés (j'ai bien aimé le troisième aussi mais un chouïa moins !!!), à ne pas m'avoir fait regretter un retour en arrière à Schabbach et à connaître d'autres membres de la famille Simon.
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 26 novembre 2013
    Un film formellement assez magnifique avec un noir et blanc souvent sublime, mais une histoire qui manque clairement de rythme et de profondeur. L’ensemble est quand même un peu aride mais j’ai tendance à penser que la suite sera mieux…
    Léa H.
    Léa H.

    30 abonnés 225 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 16 janvier 2014
    A la manière de ses images ultra-léchées, "Heimat" est un film terriblement lisse, à la limite de l'artifice. Certes, les décors et les costumes sont très réalistes, tout comme le cadre historique, mais ce souci permanent du beau vire rapidement au maniérisme et nous met à distance : Une belle image n'est pas forcément une image juste. Rien à voir avec la puissance d'incarnation d'un Bela Tarr, par exemple. Force est de constater qu'ici les personnages peinent à s'incarner et que le récit n'a pas l'ampleur qu'on voudrait lui donner : L'ensemble demeure très scolaire - la voix off envahissante et didactique, l'interprétation poussive et maladroite, le parcours balisé de son héros... Tout cela souffre d'être très littéral, sans chair, sans trouble ni mystère. Evidemment, quelques séquences parviennent à décoller (ce survol aérien des blés pour retrouver les deux jeunes filles, le convoi qui passe à l'horizon, l'errance sur la barque...), mais l'ensemble n'est guère convaincant. On se lasse vite de cette (longue) chronique empesée sur papier glacé.
    lionelb30
    lionelb30

    382 abonnés 2 490 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 3 novembre 2013
    Hormis quelques trop rares jolies scenes , on a beaucoup de mal a s'attacher aux personnages et le cote historique n'est vraiment pas flagrant. Sans grand interet au final.
    Flore A.
    Flore A.

    33 abonnés 518 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 1 novembre 2013
    Cette fresque magnifique sur la vie d'une famille paysanne allemande du 19 ème est très bien mise en scène et interprétée : un grand souffle de romantisme, l'âpreté des conditions de vie de l'époque, les inégalités, des rêves de liberté et d'ailleurs, ... Une réussite.
    alexdelaforest
    alexdelaforest

    36 abonnés 205 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 6 septembre 2014
    Je me suis ennuyé et esthétique numérique noir et blanc m'a déplu. Peut-être qu'avec la deuxième partie cela prend son sens? J'aurais préféré un seul film au lieu de deux à ralonge.
    mem94mem
    mem94mem

    94 abonnés 557 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 octobre 2013
    Magnifique du début à la fin. Noir et Blanc somptueux, plans séquences extraordinaires. Musique récurrente addictive. Cette seule première partie me fait regretter de ne rien savoir de la langue de Goethe. Certains moments sont empreints d'un grâce absolue, cette beauté en mouvement qui fascine ... J'ai hâte de voir la partie II!
    leobis
    leobis

    46 abonnés 244 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 octobre 2013
    Superbe reconstitution de cette Allemagne du milieu du 19 ème siècle où les gens dans la misère rêvaient du nouveau monde. Dés le début du film l'on est emporté par cette épopée familiale, dont le héros en quête de liberté et de connaissances nous donne une belle leçon de courage et de volonté.
    Le noir et blanc magnifique accentue cette atmosphère de recherche de la "lumière".
    betty63
    betty63

    13 abonnés 428 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 31 août 2014
    Loin d'être ennuyeuses ces 4h de film sont prenantes et le noir et blanc ajoutent la dimension d'un temps d'avant, d'un temps qu'il faut oublié par la misère qu'il offrait aux habitants. Les petites touches de couleurs donnent de la vivacité bien qu'elles ne soient pas forcément là où on les supposerait. L'histoire d'un être spolié par son frère sur toute la longueur le rend attachant et on n'a envie que de lui souhaiter le meilleur mais quand le meilleur arrive, ne le fuira-t-il pas ?
    ferdinand
    ferdinand

    12 abonnés 452 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 9 décembre 2013
    Cette première partie est tellement décevante qu'elle découragerait presque d'aller voir la seconde, ce qui serait une erreur!
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