En pleine Guerre Froide, les cinéastes suédois radicaux se sentaient concernés par les luttes anti-impérialistes et socialistes qui pouvaient naître à travers le monde et plus particulièrement en Afrique. C’est avec leurs films, récemment retrouvés dans les archives de la télévision suédoise, que le réalisateur Göran Hugo Olsson créa une narration visuelle des guerres d’indépendance au Mozambique et en Angola.
Les archives suédoises sont d’une étonnante richesse. Il n’était donc pas évident d'utiliser à bon escient toutes les informations proposées. Göran Hugo Olsson s’en souvient très bien : "J‘avais à ma disposition dix heures d‘archives exceptionnelles, trente heures intéressantes, et une cinquantaine d‘heures seulement envisageables. Quant aux choix qu‘il a fallu faire, eh bien, c‘est le lot de tous les cinéastes : affronter des problèmes de montage !"
Certaines archives du film ne sont volontairement pas contextualisées. L’objectif du réalisateur était ici de "faire confiance au public, à qui il n’est pas nécessaire de tout expliquer". Il insiste : "Particulièrement aujourd’hui : il suffit d’un clic sur Wikipédia pour connaître les faits. Si vous commencez à tout expliquer dans votre film, le film est mort : il est nécessaire d’avoir confiance dans le spectateur."
Concerning Violence a été diffusé dans plus de vingt pays et a généré de nombreuses discussions. Le site américain Indiewire, qui est consacré au cinéma indépendant, l’a d’ailleurs élu meilleur documentaire de l’année 2014.
Frantz Fanon, qui a écrit les textes du reportage, a très vite compris que la décolonisation est un processus qui doit se produire dans les deux sens : le colonisé et le colon ont tous deux besoin d‘être décolonisés. De nombreuses personnes restent aujourd’hui admiratives quant à ses prédictions qui se sont très souvent vérifiées.
Pour Göran Hugo Olsson, réalisateur du reportage, l’un des objectifs les plus compliqués était de garder intacte la force du livre avec des moyens spécifiquement cinématographiques. Il précise : "J’ai d’abord été tenté d’utiliser des images contemporaines, et j’ai même songé à faire un film d’animation. Mais j’ai réalisé très vite qu’utiliser des archives permettrait de donner une dimension plus universelle au film."
Le réalisateur de Concerning Violence avoue avoir été influencé par de grands noms et de grands films du septième art. Parmi eux, La Société du spectacle de Guy Debord, de nombreux films de Jean-Luc Godard, L’heure des brasiers de Fernando Solanas mais aussi le clip de Sign o’ The times de Prince, et celui de Under my skin de Neneh Cherry.
Göran Hugo Olsson prépare actuellement un film sur les musiques actuelles africaines, à savoir le hip hop sénégalais et la house sud-africaine. Il serait également volontaire pour un remake contemporain de La Société du spectacle (1973).