Une équipe de rêve : les secrets du tournage

Avant Mike Brett et Steve Jamison, de nombreuses chaînes télévisées ou journalistes du monde entier ont souhaité interviewer les membres de l'équipe de football ou réaliser un reportage centré sur leur "raclée" aux éliminatoires du Mondial 2002, mais tous ont essuyé un refus de la part de l'équipe. Séduite par l'approche que leur proposait le duo de réalisateur, en l'occurrence, celle de brosser le portrait d'une équipe affaiblie mais pas vaincue, elle a fini par accepter de se prêter à l'exercice du documentaire.

Il aura fallu deux séjours de six et huit semaines dans les samoa américaines aux réalisateurs pour boucler le tournage du documentaire.

Les samoans ne participeront malheureusement pas à la Coupe du Monde 2014, mais lors des éliminatoires, leur équipe a su s'imposer face aux îles Fiji avec un score de 2-1; une victoire qui met un terme à plusieurs années de défaites dont une qui restera dans les annales.

Cette formidable histoire de joueurs de foot humiliés, mais en quête de revanche a été diffusée en avant-première au prestigieux festival du film de Tribeca, en Avril 2014, peu de temps avant sa sortie sur les écrans anglais.

Pour les réalisateurs, il n'était pas question de réaliser seulement un documentaire sur le football s'adressant uniquement aux passionnés de ce sport mais bien de raconter une histoire universelle qui puisse émouvoir n'importe quel spectateur, sur la capacité que l'être humain peut avoir à se surpasser et à accomplir l'impossible dès lors qu'il y croit. En cela, le film peut être perçu comme un feel good movie.

Les deux metteurs en scène souhaitaient également plonger le spectateur dans la culture Samoan et l'imprégner du folklore du Pacifique Sud afin qu'il se souvienne durablement de la philosophie des autochtones qui est : "Nous célébrons les petits exploits. Il faut apprécier les petites choses. Ce sont elles qui rendent la vie si belle."

L'entraineur Thomas Rongen a joué un rôle déterminant dans l'évolution de l'état d'esprit de l'équipe quand il leur a annoncé qu'il avait perdu sa fille de 18 ans dans un accident de voiture. Il a alors fait comprendre à ses joueurs, qui étaient terrorisés à l'idée de perdre à nouveau un match sur un score-fleuve, qu'ils devaient : "vivre l’instant présent, voir ceci comme une opportunité plutôt qu’un obstacle, un grand défi, parce que franchement, dans la vie, il y a bien pire que perdre un match."

Pour ce meneur d'homme hors normes, le fait de vivre sur cette île l'a grandement soulagé après cette perte douloureuse. En effet, il a pu nouer des liens d'amitiés très forts avec chacun des habitants comme il a pu en témoigner : "Il y a une grande corrélation entre l’enfant que j’ai perdue et les 23 que j’ai gagnés ici. La dernière fois que j’ai pleuré, c’était à son enterrement. Depuis, je n’avais plus jamais pleuré, donc je pense que le fait d’avoir pleuré plusieurs fois ici… Je ne suis pas guéri, mais avec l’aide de cette île je suis devenu une meilleure personne."

Afin de se libérer de sa frustration d'avoir encaissé 31 buts contre l'Australie, le gardien Nicky Salapu a passé plusieurs de ses soirées à jouer au jeu vidéo Fifa sur sa console, où il prenait les Samoa Américaines contre l’Australie en posant à côté de lui la deuxième manette pour pouvoir marquer autant de buts qu’il souhaitait. On se soulage comme on peut !

Le défenseur Johnny Saelua appartient aux Fa'afafine qui s'avèrent être l'appellation donnée aux transgenres de l'île Samoa. Le plus souvent, il s'agit de "garçons nés dans des familles avec trop d’enfants mâles, qui sont choisis par les parents pour aider aux tâches ménagères. Aidant à une tâche considérée comme exclusivement féminines, ils sont élevés comme des filles et mélangent ainsi leur identité."

Avant de mettre en scène ce documentaire, Mike Brett et Steve Jamison ont notamment réalisé des spots publicitaires avec de grands footballeurs pour des marques importantes. Mais ils commençaient à être légèrement frustrés de na pas pouvoir élaborer un projet vraiment original. Le fait de vivre dans le Pacifique Sud pendant plusieurs semaines au contact direct avec une équipe de football a pu raviver leur passion pour ce sport.