Alors, Matt, on cachetonne ? Paul, tu es fatigué ou quoi ? Pardon, c’est sorti tout seul. Et j’ai aussi envie de hurler : « Trahison ! » et « Foutage de gueule ! » Bon, en gros, cette « licence » est épuisée. Celui qui nous a divertis pour la dernière fois, c’est « The Bourne Ultimatum », sorti en 2007. C’est celui dans lequel Jason va de Moscou à Londres puis à Madrid et à Tanger avant d’aller crapahuter à New York (j’ai dû oublier Berlin et Paris). Celui-là avait encore la patate. La scène de poursuite/bagarre sur les toits de Tanger était plutôt réussie. Et voilà que Jason, au lieu de se la couler douce sur la Riviera albanaise (moi, c’est ce que je ferais) vient à nouveau se frotter aux orties de la CIA en se souvenant de choses plus anciennes, plus douloureuses, plus énervantes... En fait, Matt donne vraiment l’impression de n’avoir plus envie. Il devait avoir des factures à régler, parce qu’on ne retrouve plus notre Jason d’amour, celui que nous étions prêts à cacher dans nos caves, à consoler et à soigner... Le regard de Jason a perdu de son éclat. Sa batterie cérébrale est à plat. Les producteurs savaient quand même que cet épisode (de trop) avait besoin de fraîcheur, et du coup ils sont allés chercher Tommy Lee Jones, le perdreau (inexpressif) de l’année. On l’aime bien, mais là il fait tâche. Non, la vraie source de fraîcheur, venue de Suède, est l’adorable Alicia Vikander, qu’on avait aimée en robotte dans « Ex Machina ». C’est une actrice de type « petit chou à la crème » ou « petit chaton » qui recèle une légère dangerosité, mais aussi une grande fragilité, et je ne pense pas qu’elle puisse vraiment tirer avec un gros pistolet sans se blesser. La mise en scène n’a pas évolué : elle est toujours aussi saccadée et épuisante pour les yeux, comme s’il était encore possible en 2016 de masquer les faiblesses des scènes d’action en les découpant chop chop comme du persil. Paul Greengrass est capable de mieux faire. Je lui délivre donc un blâme pour ce navet.