Quand "Henry" (Adam Driver) rencontre "Ann" (Marion Cotillard), cela ne fait pas les affaires
de l'accompagnateur de cette dernière, puisque le fameux "love at first sight" des comédies romantiques les lie d'emblée, ramenant le musicien au rang d'ami fidèle.
Le (très mérité) Prix de la Mise en scène du Cannes 2021 n'a cependant rien d'une rom com'. Et l'on n'est pas chez un héritier du duo Demy/Legrand (il y a des dialogues parlés), ni dans un "musical" standard, non plus. La jeune femme passe son temps à défuncter sur scène - en diva (adulée), enchaînant les grands rôles (tous tragiques) pour soprano du répertoire, de Desdémone à Madame Butterfly, ou Carmen. Son (bientôt) époux perfectionnant pour sa part, de représentation en représentation, un personnage qui lui ressemble comme un frère, avec un humour provocateur, de plus en plus acide - le public US, si puritain, le suivant de moins en moins sur ce terrain glissant. Très vite, l'enfant paraît : "Annette",
si singulière...
Et le drame, aussi.
Un film étonnant (forme et fond). Un film, techniquement éblouissant, foisonnant côté thématiques abordées. Adam Driver, flirtant avec la posture d'une "Barbe Bleue" (façon "metoo") - Leos Carax, dans le long générique de fin, ne remercie-t-il pas d'ailleurs Béla Bartók, dont l'unique opéra fut "Le Château de Barbe Bleue" ?.. y est emballant ; Mademoiselle Cotillard, passant de la chanson à beuglant de son "rôle à Oscar", au théâtre lyrique ici, un (grand) brin peu crédible en diva, au physique, pour sa part (et toujours aussi ampoulée dans son jeu).