Avis aux âmes sensibles (dont je fais partie) : ce film recèle une violence difficilement supportable. Non pas une violence physique, ni même (quoique les propos visent au coeur) verbale. Pas de coups, pas d'insultes. Ici la violence est potentielle, elle est possible, elle peut venir d'un coup, tant les deux protagonistes de ce couple en fin de parcours sont eux-mêmes à bout, tendus à l'extrême, au bord du craquage. L'intelligence formidable de la réalisation consiste entre autres à cadrer l'action dans cet espace ténu, situé entre la cohérence et le chaos, dans lequel évoluent les personnages, qui peinent à conserver devant leurs deux filles une apparence de famille relativement unie, le sourire, la "normalité", alors qu'ils se devinent chacun au bord du gouffre, et semblent parfois n'avoir qu'une envie : y faire plonger l'ennemi.
L'homme est assez massif, potentiellement dangereux, même pour les adultes : la scène du dîner entre amis, incroyable, a un parfum de carnage.
Une scène de trêve - bouleversante - dans cet enfer : la chorégraphie des jumelles devant leurs parents.
Rien n'est à mettre à l'écart dans ce film merveilleusement joué par tous - de Marthe Keller à Bérénice Bejo, en passant par les deux gamines - à tel point qu'une cérémonie comme les césars pourra sans doute difficilement négliger cette "performance". C'est accessoire mais ça m'a paru tellement évident sur le coup...
A noter d'ailleurs la diction absolument parfaite de Bérénice Bejo et de Cédric Khan, qui parviennent à rester techniquement irréprochables, compréhensible, audibles, même au plus fort de leurs querelles.