Il est des films qui ne fonctionnent que si le spectateur est happé par l'intrigue et/ou l'ambiance dés les premières secondes. *Loving* fait partie de ces films. J'y suis allé avec beaucoup d'appréhension, sachant qu'une histoire d'amour sur fond de ségrégation dans les Etats-Unis des années 60, c'est pas le sujet qui me botte le plus. Néanmoins, ce film est différent. Disons qu'il arrive à quelque chose que peu de films d'amour arrivent à atteindre. Il nous propose le portrait d'un couple qui s'aime, sans jamais nous expliquer pourquoi. Ils s'aiment, et c'est tout ce qui compte. Malgré leurs différences, malgré la foudre qui s'abat sur eux, malgré les épreuves, ils s'aiment, et c'est le plus important.
D'ailleurs, le personnage de Joel Edgerton cristallise l'état d'esprit de pas mal des spectateurs : il se fou de toute cette agitation politico-médiatique. Tout ce qu'il veut, c'est vivre paisiblement avec la femme qu'il aime. Il n'est pas rempli de principes, de contradictions, d'envies, il veut juste une vie paisible avec sa famille.
De fait, *Loving* ne s'embourbe jamais dans la résolution de l'intrigue politique, toute la séquence du procès se déroule d'ailleurs hors-champ. Ce qui intéresse Jeff Nichols par dessus tout, c'est l'amour que se portent les deux personnages principaux. Le titre représente d'ailleurs parfaitement le sujet : aimer.
C'est donc une oeuvre très sobre en terme de mise en scène. Cela dit, la lumière est magnifique et lui confère une ambiance crépusculaire douce-amère qui fonctionne extrêmement bien et nous plonge dans l'histoire du début à la fin. De plus, Joel Edgerton est magistral de retenue et de justesse de même que Ruth Negga est bouleversante de fragilité. Par dessus tout, la bande-originale est sublime proposant des mélodies ambiguës, à mi chemin entre la mélancolie et l'espoir.
En clair, une très grosse surprise que je conseille vivement. Un **beau** film.