En voilà une oeuvre forte intéressante où Philippe Fourastié retrace les faits de la bande à Bonnot (composée d'idéalistes et criminels du début du XXème siècle).
Tourné dans le contexte de Mai 1968, La Bande à Bonnot met en scène cette troupe d'idéaliste/anarchiste souhaitant la révolte mais tombant dans la criminalité. Centré autour de Jules Bonnot, mais surtout de Raymond Callemin dit Raymond la science, il semble que Philippe Fourastié s'intéresse bien plus à l'idéologie de ces gens-là plutôt qu'à leurs actes criminels, montrant leur vision du monde et selon eux l'importance d'une révolution, bien qu'il soit régulièrement caché dû à la traque de la police.
Alors, l'oeuvre n'est pas exempte de tout reproche, bien au contraire même, notamment dans la mise en scène de Fourastié qui manque clairement d'idées et d'inspirations, se contentant de filmer, parfois mollement et sans ampleur, les faits et discussions de cette bande. Idem du point de vue idéologique où il n'apporte guère de réflexion si ce n'est une certaine idéalisation de cette bande qui va se retrouver à tomber dans la criminalité, mais sans réelle nuance, ce qui est dommage car les personnages, tout comme la traque, restent assez intéressants tandis que le sujet est passionnant mais difficile à traiter.
Néanmoins, La Bande à Bonnot reste intéressant et ce à plusieurs points de vue, notamment vis-à-vis du contexte de l'époque qui est plutôt bien retranscrit, tant dans la façon de vivre que dans la minutieuse et belle reconstitution. Le film vaut aussi pour ses acteurs qui arrivent à transcender les personnages, notamment Jacques Brel en anarchiste haut en couleur et prêt à tout pour défendre ses idées et surtout Bruno Cremer en Jules Bonnot, plus posé que ce dernier mais aussi quelques seconds rôles comme Annie Girardot.
Si La Bande à Bonnot ne marque pas forcément les esprits comme il aurait pu le faire, notamment dû à une mise en scène qui n'est pas à la hauteur, il n'en reste pas moins intéressant, que ce soit vis-à-vis du contexte de l'époque ou de ses acteurs.
Les faits divers et affaires judiciaires ont toujours été un pain béni pour le cinéma. Ici un mécanicien aux idées anarchistes rencontre une bande de bons à rien étroits d'esprit et profite de l'occasion pour mettre à exécution ses projets de hold up. Le résultat est plus sanglant que prévu, la faute à la bêtise crasse de ces pieds nickelés qui dans leur euphorie n'hésitent pas à tirer sur la foule et sur la maréchaussée sans aucun état d'âme. La suite appartient à l'Histoire. La reconstitution de la belle époque est très crédible, Bruno Cremer est parfait dans sa froideur coutumière, Jacques Brel se donne à fond et brille dans son interprétation de "Raymond la science" et la superbe Annie Girardot est à mon goût pas assez magnifiée et sous utilisée. Le spectateur est emballé par le rythme général du film et par le jeu d'acteurs cité plus haut, mais l'ensemble aurait tout de même mérité d'être plus flamboyant, plus détaillé, notamment pour les arrestations et les procès, vites bâclés; Tout ceci emballé dans une petite heure trente c'est un peu juste. Un bon remake serait le bienvenu.
Philippe Fourastié retrace l'épopée criminelle de la bande à Bonnot, laquelle prend forme lorsque se rencontrent l'anar pragmatique Jules Bonnot et le théoricien libertaire Raymond la Science; Bruno Cremer, en malfaiteur sans fantaisie, semblable d'une certaine façon au criminel de droit commun, et Jacques Brel, en intello fantasque qui professe qu'un braquage sans meurtre ne ferait de lui et de ses complices que des voleurs, sont évidemment les personnages centraux de cette évocation historique romancée et inégale. La forme est séduisante, certes, avec ses décors et costumes du début du siècle, ces superbes et exotiques voitures d'époque ou même ces spartiates compartiments de train. Le soin apporté à la reconstitution est à mettre au crédit du film. Je suis moins convaincu par le fond. D'une part, l'anarchisme, tel qu'il est (peu) débattu ici, reste une notion assez vague et ses adeptes font surtout figures d'illuminés utopiques. A l'image, d'autre part, d'un film sans doute trop condensé, réducteur dans le développement de l'intrigue policière autant que dans l'ébauche de personnages un peu caricaturaux, voire superficiels. Leur histoire manque de complexité, tout comme leur postulat et leurs actes. La part d'Histoire que représente la bande à Bonnot se dilue dans le divertissement.
Bon film qui essaie de retracer de manière très résumé, et en partie romancé (cela veut dire inexact) le parcours de la bande à Bonnot. Dans un premier temps, on peut penser que ce film tend à glorifier cette bande mais surtout l'anarchisme du début du 19ème. Mais au fur et à mesure du film, les exactions sanglantes s'enchainent, et la capital sympathie s'étiole puis disparait. Dans les faits, Bonnot était un sale type assassin ainsi que ses complices voire surtout ses complices, mais pas au point décrit par ce film. Néanmoins, le film est bien écrit, le montage bien, et les acteurs parfaits, une petite mention spéciale au grand Jacques dans un rôle qui semble lui coller à la peau. La reconstitution des décors des années 1910 donne encore plus de charme à ce film. A voir pour un bon divertissement, un peu d'histoire et le décor 1910.
« Et me parlez plus de votre révolution, faut être complètement fou pour tuer un flic. Salut ! »
Phlippe Fourastié n’a pas énormément tourné, sinon comme assistant-réalisateur, mais on peut dire qu’il n’a pas eu beaucoup de chances avec les conditions de tournage : la série qu’il a réalisée pour l’ORTF sur la vie de Mandrin a dû être délocalisée en raison de mouvements sociaux dans le monde agricole et ce La Bande à Bonnot a connu des difficultés en raison de l’éclatement de mai ‘68. Un comble pour un film qui traite de l’histoire de l’une des plus grande bande anarchiste du début du XXème siècle !
Si l’oeuvre est assez lente, elle est agréable à suivre, grâce à l’interprétation de Jacques Brel, dont c’est la deuxième apparition comme acteur et qui signe une fois encore la musique, de Bruno Cremer, qui avait déjà croisé Fourastié sur deux films de Schoenderffer, d’Annie Girardot, plutôt discrète, de Jean-Pierre Kalfon, mystérieux, de François Dyrek et Michel Vitold. La réalisation est classique, sans innovation révolutionnaire, mais reste propre.
Ce film a peu soulevé les foules malgré un thème alors d’actualité, l’éloge libertaire et les limites de l’action violente mises en miroir à la violence répressive d’un Etat colonialiste qui asservit encore les ouvriers et les femmes. Il semble également tombé dans l’oubli alors qu’il offre par ailleurs une reconstitution historique assez impressionnante, non au niveau de l’histoire en elle-même, qui prend quelques libertés avec les faits, mais comme témoignage d’une époque, d’un climat et de décors.
Enfin, la froideur apparente du récit est avant tout le refus du parti pris de la part du réalisateur qui semble refuser d’absoudre les crimes commis par des anarchistes, au nom de l’anarchie et qui refuse tout autant de glorifier l’appareil policier qui en viendra à bout.
Un film à voir pour l’objet et la réflexion, ainsi que pour le plaisir de voir une des rares apparitions de Brel à l’écran.
Comme l'ont déjà dit d'autres spectateurs, c'est un film post-68 très dans l'esprit du temps; je l'ai vu en Italie en '69, ça m'a foudroyé. Ensuite je suis devenue historienne et j'ai vu le film plusieurs fois en DVD et il y a un "derapage" historique assez grave: Jules Bonnot a une histoire d'ouvrier professionnel très importante... comme la plupart des membres de la bande. Mais l'atmosphère est vivante et en plus j'ai vu pour la première fois Bruno Cremer - que j'adore - à l'ecran en Bonnot. Inoubliable