Deux Rémi, deux : les secrets du tournage

Deux Rémi, Deux était à l'origine envisagé comme un moyen-métrage de 45 minutes. Le projet a pu être finalisé grâce à une campagne de financement participatif fructueuse, lui permettant finalement d'atteindre la catégorie long-métrage avec une longueur totale de 66 minutes.

Le point de départ de Deux Rémi, deux est le livre Le Double de Dostoïevski, que Pierre Léon souhaitait adapter avec Renaud Legrand. Le duo s'est toutefois détaché du livre et de l'écriture initiale, plus sombre, en faisant le choix de la comédie : "Finalement, il reste peu de choses du roman : le point de départ, le monologue de Rémi chez sa mère, quelques détails" raconte le réalisateur.

Pascal Cervo est déjà passé devant la caméra de Pierre Léon, mais pour un documentaire, Biette (2011), centré sur le réalisateur français disparu en 2003. Deux Rémi, Deux marque donc la première collaboration de l'acteur et du cinéaste pour un long-métrage de fiction. Le film a d'ailleurs été écrit spécialement pour lui, le réalisateur étant un vrai fan du travail de l'acteur.

Alors que cette année est sorti Legend de Brian Helgeland, avec Tom Hardy dans le rôle des frères Kray, Deux Rémi, deux ne joue pas sur la technique mais plutôt le montage pour créer l'illusion de jumeaux. L'emploi de la scène obligée montrant l'acteur en double dans le même plan est ainsi limité. Quelques classiques sur le sujet ont toutefois intéressé le réalisateur, parmi lesquels La Voleuse avec Bette Davis, Les Frères Karamazov de Ivan Pyriev ou La Double Énigme de Robert Siodmak.

Pierre Léon a modifié sa manière de travailler pour Deux Rémi, deux. Plutôt habitué à négliger le scénario dans ses précédents films, le cinéaste a cette fois travaillé en duo avec Renaud Legrand, également costumier et décorateur sur le film. "J’avoue avoir un peu changé d’avis et rendu au scénario sa place légitime après l’avoir longtemps sous-estimé. Écrire à deux permet, par le dialogue permanent, d’éprouver ce que vous inventez. Et le film peut plus aisément lâcher la main de son scénario-frère et se perdre sur les chemins", conclut-il de cette expérience.

Lumière et couleurs illustrent dans Deux Rémi, deux le dédoublement de personnalité auquel doit faire face le héros. "Ce choix d’une opposition entre le bleu et l’orange, le jour et la nuit permet de préserver le film d’une unité qui lui serait fatale, et qui n’apporterait que de la confusion", explique Pierre Léon. "Le motif du double devait tout contaminer, jusqu’à la lumière. L’unité du film n’est pas à chercher dans la couleur et la lumière, au contraire, la lumière et la couleur défont en quelque sorte le film".

Pour Pierre Léon, la voix est plus importante que le dialogue ou le sens des mots. C'est pourquoi certains passages en anglais ne sont pas sous-titrés dans le film ; en plus de supprimer le sens du texte qui n'apporte pas d'informations supplémentaires à l'intrigue, il veut avant tout donner les mots à entendre.