J'étais presque conquis d'avance : bande-annonce prometteuse, le talentueux Paul Dano passant pour la première fois derrière la caméra, un sujet sensible, l'ambiance si particulière des 60's... Et dans un premier temps, mes bonnes dispositions se sont plutôt confirmées. L'apprenti réalisateur sait trouver le ton juste, prenant le temps de nous présenter chacun des personnages, les situations faisant apparaître rapidement ce cadre de vie avec sensibilité. Malheureusement, Dano essaie tellement d'être sobre, subtil, élégant que cela devient vite un problème. À partir du moment où
le père disparaît (provisoirement) du récit
, l'intérêt diminue fortement. J'ai beau comprendre où « Wildlife » veut en venir, cela devient franchement statique, n'évoluant quasiment plus niveau scénario et très peu dans l'évolution des protagonistes. Le comportement de la mère,
changeant presque du tout au tout dès le départ de son mari
, n'est pas très crédible. J'ai eu beaucoup de mal à y croire de façon générale, les aspects qui auraient pu être intéressants restant trop secondaires (la relation entre Joe et Ruth, principalement). C'est lent, vraiment, vraiment lent, donnant presque l'impression que l'acteur de « Little Miss Sunshine » a raconté tout ce qu'il souhaitait dans la première moitié, se contentant ensuite de ressasser un mal-être, une mélancolie certes bien décrits, mais sans réels enjeux. Après, tout n'est pas à jeter non plus, malgré l'état quasi-léthargique dans lequel j'étais plongé. Dano soigne ses plans, sait utiliser la lumière, et même si cela n'apporte pas grand-chose à l'intrigue, les années 60 restent notamment l'occasion d'un très joli travail sur les robes de l'héroïne. De plus, sommes-nous gré au scénario de nous offrir un personnage secondaire
loin des odieuses caricatures habituelles pour incarner l'élément perturbateur (principal) dans la vie du couple
. Enfin, côté interprétation, bien que son rôle ne m'ait pas trop plu, Carey Mulligan livre une jolie prestation, tout comme le jeune Ed Oxenbould, mais la vraie surprise vient surtout de Jake Gyllenhaal dans un registre inhabituel où il excelle de sobriété, de retenue. Il n'y a malheureusement guère que dans les dernières minutes où j'ai retrouvé un peu d'intérêt pour chacun, ce dénouement aussi
amer qu'apaisé
étant très bien vu. N'empêche, « Wildlife » a été loin de me raconter la belle histoire à laquelle j'aspirais, l'émotion recherchée étant quasiment absente de bout en bout. Pour ses débuts, Paul Dano n'a pas fait dans la facilité. Mais au final, je me suis souvent ennuyé. Et ça, je ne peux pas vraiment le pardonner. Déception...