Un long métrage d'autofiction réalisé sans budget et filmé au moyen d'une simple caméra de reportage. Avec ceci de particulier que le réalisateur devient acteur invisible derrière l'objectif et donne la réplique à ses comédiens. Tout l'enjeu était de tourner en trichant le moins possible, d'élaborer une fiction en direct, pris «sur le vif» par un témoin impliqué.
Mathias Renou : "Pas facile pour les acteurs de devoir dialoguer face caméra avec une présence invisible. D'autant que pour eux le regard-caméra est habituellement proscrit. Mais ils s'y sont fait très vite, trouvant ça au fond tout naturel. C'était le but et ça m'a conforté dans mes choix..."
Mathias Renou : "C'était encore plus évident avec mon père jouant son propre rôle, rodé à ce cache-cache complice depuis mes premiers courts métrages. Mais c'est très spontané entre nous. D'ailleurs la comédie n'est pas son métier mais une seconde nature. C'est ce qui m'interesse chez lui : le comédien qui s'ignore, capable d'en faire des tonnes sans surjouer. Et quand il surjoue c'est encore plus drôle et émouvant."
« Sauver le père ». L'amour filial est un thème universel. Mais il ne s'agit pas ici de faire l'éloge du patriarcat ni de verser dans le sentimentalisme. Encore moins de porter un jugement de génération. Ce film ne pouvait se concevoir sans une certaine dose d'humour fédérateur se jouant du pathos et s'adressant à tous les publics. L'aspect réellement autobiographique ne peut échapper au spectateur, au moins quant à la naturelle complicité qui unit les deux protagonistes, père et fils à l'écran comme dans la vie.
Et la mère dans tout ça ? Son rôle est incarné par deux comédiennes : Marie Rivière (Eric Rohmer, François Ozon), Alix Schmidt (Lars Blumers, Luc Murat). Ces deux visages ne sont pas de trop pour faire la part du vrai et du faux dans le roman familial. Au fond et en contrepoint, c'est tout aussi bien l'image de la mère en ses différentes facettes qui éclaire le film.