Légère déception pour la Villa, dernier film de Robert Guédiguian, pourtant largement porté par la critique. Entre nostalgie et résignation, le film évoque une fratrie interprétée par les acteurs fétiches du réalisateur, Ariane Ascaride, Jean-Pierre Daroussin et Gérard Meylan, tous trois au talent incontestable venu veiller leur père, victime d’une attaque cérébrale et qui passe ses journées assis dans son fauteuil face à l’immensité de l’océan, au-delà de la calanque de Méjean. C’est l’occasion pour chacun d’entre eux, de se remémorer une enfance aujourd’hui lointaine, vécue dans ce petit coin de paradis jadis si animé, et recréé à coup de superbes flashbacks…. aujourd’hui habité par quelques familles plutôt aisées qui y reviennent pour les vacances. Armand (Gérard Meylan) le fils ainé, est resté vivre auprès de son père, essayant d’entretenir une utopie généreuse , un restaurant aux menus simples et accessibles aux plus modestes…Angèle ( Ariane Ascaride) n’était pas revenue depuis vingt ans, comédienne connue et reconnue elle tentait d’oublier le drame de la disparition de sa fille Blanche, qui échappant à la surveillance de son grand père s’était noyée…Joseph ( Jean-Claude Daroussin) a oublié ses rêves de jeune militant maoïste, s’est embourgeoisé, sans que l’on sache vraiment ce qu’il fait, et est accompagné d’une trop jeune femme Bérangère ( impeccable Anaïs Demoustier) dont on sent qu’elle s’en éloigne petit à petit…un couple de sympathiques voisins, Martin ( Jacques Boudet) et Suzanne ( Geneviève Mnich) voit leur avenir s’assombrir après l’augmentation brutale de leur loyer par les nouveaux propriétaires, enfants du précédent décédé, et sensibles à la spéculation immobilière qui touche ce lieu…Leur fils Yvan ( Yann Trégouet) est un médecin qui a réussi en créant plusieurs laboratoires, et est prêt à aider ses vieux parents…Pour compléter le tableau Benjamin (Robinson Stévenin, un peu trop illuminé) jeune pêcheur qui maintient la tradition de pêche côtière….Ce huis clos aurait pu suffire…chacun pouvait régler ses comptes avec délicatesse et tendresse gentiment bourrue, entre déprime et colère, à l’ombre de la fin de vie du père … dans une opposition entre une génération de l’après guerre aux idéaux de fraternité et de liberté , et ces jeunes, très à l’aise dans cet univers actuel , prêt à tirer parti du potentiel touristique du lieu ou à créer des entreprises un peu partout…Pourquoi ajouter cette historie d’amour inutile et peu crédible entre ce jeune pêcheur et Angèle…Pourquoi introduire ces jeunes migrants rescapés d’un bateau échoué…A ma connaissance, Marseille ne s’est jamais trouvée sur ces routes migratoires…pour redonner corps à l’esprit de solidarité de la fratrie ??? Et cette altercation entre Joseph et ce militaire faisant l’amalgame entre migrant et terrorisme, est-elle bien utile ??? Cela finit par donner au film une impression de longueur et de lenteur…Vouloir traiter au travers de cette fratrie, les origines, l’amour et l’usure des sentiments, l’incertitude de l’avenir, le « c’était mieux avant », l’immigration, le terrorisme….c’est un peu « à trop embrasser mal étreint »…