Être une charmante femme d’une cinquantaine d’années, professeure de lettres respectée et reconnue enseignant en khâgne, mère d’une fille de 18 ans brillante et « sans histoire », avoir un couple d’amis dévoué, voilà des raisons qui devraient réjouir Nathalie Pêcheux. Divorcée depuis plusieurs années, elle commence à souffrir de la solitude que lui impose sa situation de célibataire. Sophie, sa meilleure amie, et son époux, lui présentent lors d’un dîner Sébastien, avec qui le courant passe immédiatement. Le bonheur de Nathalie pourrait être entier, si une jalousie maladive envers sa fille tout d’abord, puis s’étendant à l’ensemble de son entourage ne serait pas venu tout gâcher…
En effet, peu à peu, Nathalie va basculer et devenir narquoise, vicieuse, voire carrément immorale, et va enchainer les bassesses et infamies envers ses proches, jusqu’à se mettre tous ces derniers à dos.
La jalousie de Nathalie semble incontrôlée, elle dira d’ailleurs plusieurs fois à son médecin traitant se sentir « perdre le contrôle d’elle-même », sans pouvoir rien y faire. Comme si elle avait accumulé tant de rancœur durant des années, qui « sort » comme un « trop-plein » avec spontanéité. Ce qui donne, tout le long du film, des répliques cinglantes et percutantes entre Nathalie et les membres de son entourage.
Puis, ce que l’on pense être une comédie, va peu à peu tirer vers le drame psychologique.
Nathalie perd pied, est dépressive et va même se retrouver en arrêt-maladie. Lorsque sa fille Mathilde, qui doit passer une audition afin de rentrer à l’opéra de Paris, est allergique et fait un œdème de Quincke suite au repas préparé par Nathalie la veille (plus distraite de par sa dépression que désireuse d’anéantir l’avenir de sa fille), tout le monde croit que cet incident est volontaire. Jean-Pierre, l’ex-mari de Nathalie, va donc recueillir sa fille chez lui et l’on va notamment découvrir qu’Isabelle, la nouvelle compagne de Jean-Pierre, va se révéler être d’un grand soutien envers Mathilde, et ne va pas chercher à blâmer Nathalie ni à l’enfoncer davantage, prenant plusieurs fois sa défense, notamment après l’épisode du voyage annulé.
Au fond, ne serait-ce pas elle la plus humaine de tous, alors qu’on semble vouloir la dépeindre (surtout Nathalie d’ailleurs), comme une ravissante idiote ?
Si pendant un temps l’idée de juger Nathalie est tentante, qui pourrait se permettre de la blâmer ? Le sentiment de jalousie n’est-il pas ressenti par chacun de nous un jour ou l’autre ? On a tous un jour, avouons-le, envié un ami, un proche, un collègue, en pensant que la vie des autres est forcément meilleure que la nôtre, alors même que nous ne savons rien de ce qui se passe derrière les portes closes de leurs demeures et que nous ne sommes pas dans leur propre chair…
Si on regrette que le long-métrage ne pousse pas le bouchon du « politiquement incorrect » encore assez loin, et qu’il n’aille pas réellement au bout des choses concernant le profond mal-être de Nathalie (en ce qui concerne les causes et approfondir l’épilogue, notamment), « Jalouse » se révèle être tout de même une comédie dramatique grinçante, caustique. Mais l’empathie envers Nathalie a, pour ma part, été assez difficile à ressentir.
Voir ma critique complète du film sur mon blog: reves-animes.com