Le chef-d'œuvre espagnol de l'année ! Las niñas est le nouveau film de la réalisatrice Pilar Palomero qui aborde l'année 1992 en Espagne, représentée par deux événements fondamentaux qui ont marqué l'histoire de l'Espagne, l'Exposition universelle de Séville et les Jeux Olympiques de Barcelone. En effet, ces deux événements sont traités en filigrane de l'histoire de Celia, une jeune fille de 11 ans qui vit avec sa mère à Saragosse et qui étudie dans un collège pour filles dirigé par des bonnes sœurs. Brisa, une nouvelle camarade arrivant tout droit de Barcelone, l'entraîne vers une nouvelle étape de sa vie : l'adolescence où elle va découvrir par elle-même l'alcool, les fêtes, la musique, la danse, etc., un monde très différent de celui inculqué par les bonnes sœurs ou par sa mère... Pilar Palomero aborde le fait d'être "orpheline" pour Celia, qui voit l'ensemble de ses copines qui ont des parents qui s'aiment alors qu'elle vie seule avec sa mère. Les bonnes sœurs apprennent également que la "normalité" est d'avoir deux parents. Ainsi, Celia et ses deux amies, Cristina et Brisa, vont découvrir les mensonges et la vérité quant à l'inexistence de son père, une censure de sa propre famille en particulier de sa mère conjuguée à une censure religieuse.
Le film est un grand succès, il a notamment divers récompenses dont 4 Goyas (meilleur film, meilleure nouvelle réalisatrice, meilleur scénario original et meilleure photographie), le meilleur film au Festival de Malaga, 3 Ferroz (meilleur film, meilleure réalisatrice, meilleur scénario) et 1 Forqué (meilleur film), etc., et en effet ce film est un véritable bijou du septième art espagnol. Pilar Palomero aborde le thème de l'enfance, où l'on aperçoit des ressemblances ou influences envers les films de l'enfance traités en Espagne précédemment par Carlos Saura - La prima Angélica, Cría Cuervos - ainsi que par Víctor Erice - El espíritu de la colmena - et ce thème est magnifiquement bien représenté dans l'Espagne de 1992. Par ailleurs, Andrea Fandos est la nouvelle Ana Torrent, sa spontanéité face à la caméra et son regard profond lui donne une sensibilité et un mystère rare à l'écran. Natalia de Molina interprète le rôle d'Adela, la mère de Celia, et son interprétation est à soulignée où elle joue très bien l'ambivalence entre vérité et mensonge, que dire à sa fille à propos de l'absence de son père. De plus, le film est doté d'une bande musicale très intéressante en reprenant les grands classiques espagnols de l'année 1992 dont le groupe rock espagnol Héroes del Silencio et leur titre "Héroes de la Leyenda". D'un point de vue cinématographique, Las niñas impressionne de part son histoire, l'interprétation des acteurs, la réalisation de Palomero, le cadrage en 4/3 ainsi que par la musique. Bref, un véritable chef-d'œuvre du cinéma espagnol qu'il ne faut surtout pas louper en cette année 2021. Mention spéciale à la dernière séquence du film où
l'ensemble des filles se mettent à chanter et l'on aperçoit alors Celia qui reste silencieuse au départ puis s'affirme et se met à chanter en rejoignant ses amies comme si elle avait enfin compris la vérité et les mensonges autour de son père
. En bref, un bijou espagnol qui rejoint directement la case des classiques du cinéma de l'enfance aux côtés de l'Esprit de la ruche, Cría Cuervos, La cousine Angélique, les 400 coups, Allemagne année zéro, Cinema Paradiso, Ou est la maison de mon ami, Fanny et Alexandre, Kes, Marcelino pain et vin (que l'on voit d'ailleurs lors d'une scène où les filles sont au cinéma et regardent ce grand classique espagnol), etc.