"Les Chatouilles" tient plus du poil à gratter que des gli-glis amuseurs. Le sujet est lourd et explicite, l'inceste subi a été vécu par A.Bescond, puis porté tout au long de sa jeune vie, et raconté ici avec une authenticité désarmante. Néanmoins, la co-réalisatrice, accompagné de E.Métayer, joue des ruptures de ton comme pour mieux faire respirer son film (ou respirer tout court, juste pour exister ou revivre...). On passe des scènes obscènes en scènes tragi-comiques, à l'image du personnage d'Odette, électron libre et remuant, qui tourbillonne dans sa vie meurtrie avec une forte expressivité, sensible et attachante. Il y a beaucoup de bonnes idées de mise en scène (les séances psy délocalisées, les scènes de danse comme exutoire, la scène de rencontre finale comme rédemption...) et une énergie évidente. Tout sonne vrai et juste, aussi bien dans le récit des actes, comme dans le déni ambiant. La composition de A.Bescond est courageuse, vivante comme vibrante. A ses côtés, K.Viard est sidérante, C.Cornillac d'une jolie tendresse, et chapeau-bas pour le mauvais rôle interprété par P.Deladonchamps. Quelques défauts dans certaines transitions surtout quand elles tournent à l'avantage de la comédie (les scène de psy sont très légères), montrent parfois les limites d'un film qui veut jouer sur plusieurs tableaux. Pour autant, elles correspondent tant à la personnalité impulsive du personnage principal, évitant soigneusement le pathos au profit d'un message clair et réaliste, faisant que ces mineurs défauts semblent anodins face à ce beau et malheureux message de vie .