Ma : les secrets du tournage

L'idée du scénario de Ma est venue à Scott Landes lorsqu'il s’est rappelé d'un souvenir de lycée. Le scénariste a grandi dans le Maryland et, un soir, quand il avait 15 ans, s'est rendu à une fête dans une maison qu'il ne connaissait pas. Il se rappelle : "Je suis passé par-derrière et suis rentré entre deux parpaings dans une pièce nue, sans porte et au sol poussiéreux. Il y avait Eminem à fond et des ados du lycée qui buvaient et fumaient. Mais c’est ce qui a suivi qui m’est revenu : ma copine parlait avec un homme, c’était le propriétaire de la maison, il avait acheté tout cet alcool pour nous et je ne le connaissais pas. La vision de cet adulte en train de traîner avec des jeunes ados de 14-15 ans était gênante."

Avec Ma, Tate Taylor retrouve Octavia Spencer. Le metteur en scène avait en effet fait tourner la comédienne dans Pretty Ugly People, La Couleur des sentiments et Get on Up. Il confie au sujet de cette relation de plus de 25 ans : "Octavia est ma meilleure amie, nous nous sommes rencontrés sur le tournage du film Le Droit de tuer ? (Joël Schumacher, 1996) qui se tournait dans le Mississipi. Nous avons décidé ensemble de partir à L.A. pour essayer d’y percer et avons partagé le même appartement pendant 6 ans. On s’est même remboursé mutuellement les mêmes 500 dollars qu’on s’était prêtés sans arrêt pendant 10 ans."

Tate Taylor a conçu son film dans l’esprit des thrillers qu’il regardait enfant et dont le public est resté fan, comme Carrie au bal du diable, Halloween la nuit des masques ou encore Misery. Il explique : "Ces films jouent tous sur les mêmes ressorts : "Pourquoi font-ils ça ?" ou "Je connais cette victime" ou encore "J’imagine très bien comment ça pourrait arriver en bas de chez moi !". Si un personnage dans un film ressemble d’une manière ou d’une autre à quelqu’un que vous n’aimez pas dans la vraie vie, c’est amusant de le voir se faire égorger à l’écran. C’est mal, mais c’est savoureux ! »"

Si Ma est censé se passer dans l’Ohio, il a été en fait tourné à Natchez dans le Mississipi, un site historique de 15 000 habitants sur les bords du fleuve où Tate Taylor possède une maison. C’est la quatrième fois qu’il tourne dans le Mississipi, qu’il qualifie d’État fait pour le travail et l’emploi.

Ma est produit par Blumhouse, une société qui est principalement spécialisée dans la production de films d'horreur extrêmement lucratifs, comme la saga Insidious et Get Out pour ne citer qu'eux.

Tate Taylor et le chef décorateur Marc Fisichella ne voulaient pas créer un univers macabre avec Ma. Ils ont ainsi trouvé beaucoup plus intéressant de donner forme à une atmosphère à la quotidienneté rassurante pour que la terreur psychologique puisse s’y développer en contraste. Spécialement pour la cave de Sue Ann où elle invite ses nouveaux jeunes amis à venir faire la fête. Fisichella explique :

"Rien ne devait être spécialement accueillant dans ce sous-sol. Il est plein des affaires successives que les gens qui y ont habité avant Sue Ann y ont laissé. Il n’a jamais été débarrassé. Les ados débarquent dans un lieu très mystérieux, avec tout un bric-à-brac de textures et de formes différentes, ainsi qu’une multitude de zones sombres. C’est Sue Ann qui le nettoie pour en faire un lieu de fête à part entière, parce qu’elle veut qu’ils viennent plus souvent. C’est seulement à partir de là que ce sous-sol prend vraiment son identité."

L’équipe a passé cinq jours dans la maison de Maggie et Erica en la filmant de manière à ce qu’elle paraisse la plus ennuyante possible, dans le but de justifier l’envie irrépressible de Maggie de s’échapper et aller faire la fête ailleurs. C’est une maison banale et totalement insipide au début de l’histoire. De manière très étrange, cela constituait un pendant parfait au chaos de la cave de Ma dont le désordre en paraissait d’autant plus important.

Sue Ann a deux personnalités distinctes, une qu’elle offre au public et une autre qui reste privée. Octavia Spencer a tenu à accentuer ces deux facettes dans ses scènes. La directrice de la photographie Christina Voros développe : "Nous ne voulions pas alterner naturalisme et performance de jeu. Au lieu de ça nous sommes entrés dans la tête de Sue Ann pour les moments plus intimes qui sont plus travaillés en opposition à ceux où elle est en représentation et n’offre qu’une façade, qui eux sont plus instinctifs".