Mr Eggers tartine tout ce qu'il peut d'effets formels grotesques et éculés pour tenter (sans doute ?) d'apporter désespérément par la forme ce qu'il est bien incapable de porter par le fond, d'une vacuité et d'un ennui consternants.
Tout y passe :
– Le noir et blanc et le cadrage 4/3 comme pour tenter d'imposer par là l'atmosphère claustrophobique que semble vouloir avoir le film (le mec a pas compris que filmer de cette façon sans se préoccuper de ce qu'on filme n'est pas vraiment l'idée du siècle pour réussir une telle ambiance, il a juste oublié que de tous temps des œuvres angoissantes et anxiogènes ont vu le jour en usant simplement des standards techniques de leur époque, fallait ptêt se poser la question du coup de "comment ils y arrivent, eux ?" .... (petit indice : en ayant un propos qui porte la chose peut-être ?....))
– Les grosses sonorités lugubres poussées jusqu'à la caricature, même (enfin, "surtout" !) quand il ne se passe rien (en même temps il ne se passe à peu près jamais rien durant 1h50....).
– Acteurs qui surjouent (à coup d'une gouaille forcée confinant au ridicule, à coup de " 'tis", "yer", "ain't" appuyés au point qu'on les verrait bien nous gratifier d'un coin d'œil à chaque fin de phrase façon "t'as vu, je le fais bien, hein ?" ...) des personnages pseudo-crasseux qui ne restent que des coquilles vides, ébauches fantoches d'archétypes stéréotypés jusqu'à l'extremité des hardes, juste bons à servir de marionnettes aux caprices incontrolés du réalisateur.
– Évènements complètement creux et incohérents mis bout à bout comme un gosse de maternel enfilerait des perles avec le seul objectif d'arriver à compléter la longueur de la ficelle (ou les près de 2h de bobines dans le cas du film, en mode remplissage laborieux et sans intérêt), épaulé par un montage qui tente des "effets" (si on veut...) en jouant de mini cut / ellipses tout juste bons à cacher maladroitement l'absence de lien particulier entre chaque scène. En fait, pour tout dire, chaque scène pourrait être déplacée, supprimée, dupliquée à un autre endroit de la pellicule, ça ne changerait rien.
– Des passages pseudo-fantastiques où la pauvreté de l'imaginaire n'a d'égal que la volonté outrancièrement téléphonée de se la jouer "ambigu, ah ah, surnaturel ou hallucinations ? ah ah, c'est original, hein ? hein ? vous avez vu ?" ....)
– Une tentative d'user avec des gros sabots d'une imagerie Lovecraftienne en n'ayant manifestement rien compris à l'oeuvre de l'auteur de Providence.
The Lighthouse constitue un tel amoncellement grossier et vide des poncifs les plus bateaux du genre qu'on en vient à se demander si Eggers a cherché à susciter l'angoisse ou en fait le rire chez le spectateur, tellement cela confine à la caricature ; bien qu'au final ce ne sera ni l'un ni l'autre, seulement 1h50 de bâillements affligés.