Gaspar Noé pose son regard sur une simple soirée, loin des ruelles sombres et des messes enflammées. Une école abandonnée, inspirée d'un fait réel, où le tragique s'est préparé. Climax est une oeuvre qu'il faut digérer, car avec ce film, le cinéaste atteint un stade où il ne cherche plus qu'à faire ressentir, au plus profond de nous-mêmes. Si Enter The Void le faisait avec un grandiose superbe, et si Love remuait en nous un sentiment amoureux quelque peu douloureux, Climax est tout aussi bouleversant. Gaspar Noé est l'un de ses derniers auteurs à provoquer, pour de bonnes ou mauvaises raisons, à choquer, à vouloir partager son amour pour le cinéma et à proposer des expériences uniques et perturbantes.
Je ne suis pas objectif avec Gaspar. J'ai découvert son Oeuvre avec Irréversible et j'ai poursuivi avec le reste de sa filmographie. J'attendais son prochain film depuis maintenant trois ans, et voilà Climax, l'aboutissement de sa carrière. S'il n'est pas son film que je préfère, il reste celui qui semble le plus abouti. Le plus complet, le plus représentatif de ce qu'il essaie de faire retranscrire. Montagnes russes, folie ambiante, sexualité sans barrières où les corps se confondent, Climax est sans réelle limite. Sans être pour autant traumatisant comme l'a été Irréversible ou Enter the Void pour certains, celui-là ne se freine en aucun moment. La nudité n'est pas le propos, la violence ne l'est pas non plus, seuls les excès sont mis en avant dans ce chaos se concrétisant à chaque instant.
Le chaos se réalise notamment par le naturel des comédiens. L'on sent qu'une simple idée a été donnée, ils font le reste. Gaspar Noé emmène son film dans de hauts retranchements, débutant par un premier acte calme mais dynamique, puis suivant par un second hypnotisant et famélique où les sens s'affolent et finissant par un dernier monstrueux et anarchique. Climax fait danser nos émotions et souhaite juste nous faire vivre un sentiment de cinéma. Transcendant, palpitant et saisissant, le film propage une atmosphère droguée qui s'installe jusqu'aux sièges de nos salles par l'intermédiaire de l'excellent choix musical, de la caméra toujours aussi immersive et des simples instants de vie filmés. Climax c'est l'apothéose d'un propos de réalisation et l'accomplissement d'une carrière.
Toutefois, je reconnais son aspect outrancier. A défaut de parler véritablement de quelque chose, Gaspar Noé parle de lui-même. Climax est tout aussi référencé que ses précédents films et cela peut agacer. La surexposition de ses connaissances et de ses goûts peuvent conférer au film une exaspération regrettable chez le spectateur. Il en est de même avec la violence, où Gaspar se contente d'une gratuité tantôt brillamment amenée tantôt malsaine. Les cartons philosophiques encadrant le film arrivent également à faire pousser un léger soupir, tout comme le style à rebours, déjà trop surexploité.
Mais comme j'ai essayé de le dire, j'aime son style et sa vision. Il faut aller voir Climax en salle pour profiter de conditions bénéfiques et pour faire vivre le cinéma français. Climax est fort, beau, exaltant, inspirant et dérangeant, du cinéma comme l'on en voit rarement et qui ravive une flamme dévastatrice dans nos cœurs, celle d'un amour incommensurable pour cet art si riche et parfait.