Avec Les Ailes du désir, Paris Texas est sans doute le métrage le plus connu de Wim Wenders. Un métrage très agréable, malheureusement handicapé par sa lenteur. Je reste d’avis que lorsqu’on veut faire un film fort, touchant, ça ne peut s’exprimer que par le naturel du jeu, des dialogues, et c’est toujours bien plus rapides, souvent intenses, parfois violents que ce que l’on nous montre dans Paris Texas. C’est surtout vrai de la dernière partie d’ailleurs, qui ressemble à un épilogue trop étendu, et qui aurait réellement pu être plus tenu.
Cela mis à part, Paris Texas livre une histoire simple mais touchante, où un homme retrouve son fils puis sa femme laissait quatre ans plus tôt. Il y a de l’émotion, de l’humour parfois, et même si le rythme est mou, Paris Texas sait accrocher son spectateur. C’est un road-movie (pour une bonne partie) très humain, qui manque peut-être un poil de gravité, mais qui parle au cœur. Il y a aussi ce petit grain de fantaisie, d’onirisme qui, par certains aspects m’a fait penser à Arizona Dream. Après les parties du film sont un peu inégal, et la première reste la meilleure, j’ai même pensé mettre un 5 si tout le film avait eu la qualité de cette partie.
Le casting est au top. Rien à dire, Harry Dean Stanton livre une prestation mémorable, et s’affirme remarquablement au fur et à mesure du métrage. Face à lui Dean Stockwell trouve sûrement son meilleur rôle au cinéma, et on regrette presque de ne plus le voir dans la dernière partie. Nastassja Kinski apparait peu pour sa part, uniquement dans la dernière demi-heure en gros, tenant un rôle un peu faible. Pour le coup je crois qu’elle est un peu sous-exploitée, d’autant qu’elle est lumineuse. A souligner aussi les interprétations très justes d’Hunter Carson et d’Aurore Clément. Bon casting, pour ne pas dire très bon, et des personnages très solides, qui prennent du relief au fur et à mesure que l’histoire avance.
Formellement Paris Texas est exceptionnel. La photographie est magnifique avec un travail sur les couleurs qui impressionne dès l’ouverture. Wenders s’impose vraiment ici comme un maître de la lumière. A cela s’ajoute de très beaux décors, notamment dans la première partie qui est magnifique, mais les deux suivantes valent le détour aussi ! Et puis Wenders nous donne une très belle mise en scène, à la fois très sobre et très recherchée. Paris Texas est une œuvre d’artiste, à l’évidence, inspiré et ce n’est pas pour déplaire ! A souligner aussi une bande son bien dans le ton du film. Peut-être un poil lente compte tenu du film qui n’est déjà pas très dynamique, mais enfin, dans son genre c’est un morceau mémorable !
Paris Texas est donc un film qui m’a réellement convaincu, mais qui avec un quart d’heure en moins aurait été parfait je pense. C’est simple, mais fait avec beaucoup de subtilité, de finesse, un réel sens esthétique, et puis un casting en or. 4.5