Avis sur They'll Love Me When I'm Dead

Orson Welles fut un cinéaste de génie. Mais comme tous les artistes, une ombre rôdait. Une malédiction planait. Derrière son monument Citizen Kane se cache, en réalité, une impossibilité de se détacher. Être un artiste. Il ne souhaitait que ça. Figure du cinéma indépendant, renouvelant considérablement son approche cinématographique, Orson Welles est un créateur : The Other side of the Wind conclut cette vision des choses ; une sorte de dernier chapitre à la vie de Welles. Malheureusement, ce chemin fut semé d’embûche. Comme pour toute malédiction, des soucis familiaux, financiers se sont dressés sur son chemin. Une décennie. Avant que le projet s'arrête net. A cause de la révolution iranienne de 1979. Rien que ça. S'ensuit un combat juridique perdu d'avance. Welles s'isola. Hollywood le trouvait ringard. Son caractère affaiblissait les relations qu'il tissait avec ses comédiens et sa petite équipe de tournage. Ce miasme est admirablement raconté dans The'll love me when i'm dead ; un titre finalement prémonitoire. Alors je ne saurais vous conseillez ce documentaire et cela pour une raison évidente : ce support divise en fonction du sujet proposé. En effet, si vous n'appréciez guère l'oeuvre de Welles ou que vous ne désirez pas en connaître davantage alors passez-votre chemin. En revanche, pour les autres, plongez-vous les yeux fermés : avec une mise en scène excellente, des archives inédites, des témoignages croustillants et révélateurs sur la face sombre du cinéaste, Morgan Neville permet à Netflix de se consolider dans la production documentaire ; ainsi, à défaut de ses films (de qualité inégale), Netflix poursuit son chemin - sans fausse note - sur les histoires vraies. Une très belle surprise.