Sans un bruit 2 : les secrets du tournage

Si Sans un bruit se déroulait dans un petit nombre de lieux (principalement la ferme), sa suite se déroule à l’échelle d’un monde entier en état de siège. John Krasinski a eu dès le départ la vision d’un road movie qui se déplace vers l’extérieur pour explorer la ville des Abbott, un centre industriel de la Rust Belt qui rappelle l’âge d’or de la sidérurgie. Le cinéaste explique :

"Notre histoire est parfois si chaotique et insensée que je voulais pouvoir l’ouvrir, la refermer, puis l’ouvrir de nouveau, un peu comme le diaphragme des anciens appareils photo. On se rend donc dans des endroits étroits, puis dans de vastes espaces, puis on revient dans des lieux confinés. Il y a quelque chose de vraiment beau dans cette dynamique car elle permet d’explorer une métaphore plus large de notre pays, qui est sorti d’une ère industrielle prospère pour aller vers le déclin. Et sans doute ne devrions-nous pas laisser cette petite flamme s’éteindre complètement. C’est ce que vit cette famille : elle évolue dans une dure réalité moderne, où tout autour d’elle lui rappelle la prospérité qu’a connue notre pays autrefois."

Sorti en 2018, Sans un bruit a été un carton monumental au box-office, puisque le film a rapporté pas loin de 336 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget estimé à 17 millions. Une suite a donc très rapidement été lancée.

Dans Sans un bruit 2, John Krasinski a réfléchi à la façon dont les créatures pourraient apprendre des humains et, ce faisant, devenir encore plus puissantes. Il confie : "Nous avons tous grandi en voyant des films où des créatures extraterrestres intelligentes ont la volonté consciente de prendre le contrôle de notre planète. Mais je n’en ai pas vu beaucoup où une forme de vie extraterrestre est plutôt un parasite qui se trouve être suffisamment évolué pour anéantir les êtres humains. Dans le premier film, les créatures courent partout et attaquent tout ce qui fait du bruit. Mais comme toute forme de vie, elles évoluent, elles apprennent. Ces aliens ont compris que plus ils sont silencieux, plus ils sont efficaces pour traquer les humains. Ils font beaucoup moins de bruit maintenant, ce qui les rend encore plus dangereux."

Cillian Murphy joue l'un des nouveaux personnages. Si l'acteur est surtout connu pour son rôle central dans la série à succès Peaky Blinders, il a déjà participé à un film apocalyptique avec le culte 28 jours plus tard sorti en 2003. Il explique au sujet de son personnage : "Emmett s’est cloîtré dans son chagrin. Alors que les Abbott ont essayé de trouver des solutions et de tirer le meilleur parti des choses, il a à peine réussi à s’en sortir tout seul. Ce n’est que lorsqu’il rencontre les Abbott dans l’aciérie qu’il sort de son isolement et qu’il réalise qu’il va devoir prendre une décision concernant l’avenir."

Sans un bruit 2 commence quelques secondes après la fin du premier film, lorsque les Abbott, encore sous le choc de la mort du père, sont contraints de se déplacer et faire face à de nouveaux dangers.

Jess Gonchor avait déjà une idée de l'endroit où il pourrait recréer la texture et l’étendue des paysages industriels abandonnés que John Krasinski avait en tête. Ayant fait ses études à l’université de Buffalo, le chef décorateur savait que Lackawanna, située à proximité, possédait de nombreux bâtiments autrefois imposants mais aujourd’hui délabrés, vestiges de l’époque où la ville abritait l’une des plus grandes exploitations sidérurgiques du monde : l’usine de Bethlehem Steel. Le cinéaste précise :

"J’étais à la recherche d’un sentiment qui ne peut naître que dans une authentique ville de l’acier, et Bethlehem Steel employait à une époque 22 000 personnes. L’usine était si colossale qu’ils avaient leur propre service de pompiers, leur propre hôpital et leur propre police. Une ville entière a été littéralement construite autour des besoins des personnels de l’aciérie. Bien sûr, l’usine n’est plus en service depuis près de 40 ans, mais son état de délabrement actuel était incroyablement cinématographique."

Pour faire ressortir le plus possible de couleurs vivante dans le monde élargi des Abbott, John Krasinski et la directrice de la photographie Polly Morgan ont utilisé la pellicule celluloïd 35 mm. Elle explique : "Comme dans le premier film, John voulait utiliser beaucoup de couleurs chaudes et saturées. Et parce que la famille a quitté son ‘cocon’ pour s’aventurer dans le monde, nous nous sommes aussi concentrés sur l’éclairage naturel, sur la froideur du clair de lune et la chaleur du feu. Quand il fait jour, vous êtes exposé. Ce sentiment de vulnérabilité est encore exacerbé parce que vous savez que les créatures peuvent surgir de n’importe où, ce qui est encore plus effrayant que quelque chose qui se cache dans les ombres et l’obscurité. De plus, toutes les scènes de jour du film aident à installer l’ambiance des scènes plus sombres."

A l'origine, il était question que Brian Tyree Henry (le gangster qui veut se lancer en politique dans Les Veuves et Alfred Miles dans la série Atlanta) incarne l'un des personnages principaux du film, mais il a été remplacé par le très prolifique Djimon Hounsou pour incompatibilité d'emplois du temps.

John Krasinski voulait des plans longs, sinueux et fluides, sans aucune coupure qui puisse soulager la tension, afin de garder le public sur le qui-vive et dans l’incertitude quant à ce qui va se passer à la fin de chaque plan. La réalisation de ces plans longue durée a nécessité beaucoup de planification, mais ils plongent davantage le public dans une sensation de danger permanent. Polly Morgan précise :

"Pour ce film, John voulait non seulement que la caméra soit constamment en mouvement, mais aussi qu’elle donne une impression de fluidité et de grâce. Ainsi, contrairement au premier film, qui s’appuyait essentiellement sur des Steadicams et différentes perches, nous avons choisi d’utiliser ici beaucoup de grues, et même une voiture électrique. Une grande partie du sentiment d’alerte permanente naît du fait que la caméra se déplace en même temps que le ou les acteurs."

Suite à la situation sanitaire engendrée par la pandémie de coronavirus, la sortie de Sans un bruit 2, prévue pour mars 2020, a été décalée à mai puis juin 2021.