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4,0
Publiée le 18 janvier 2022
Dans le film d'Emmanuel Carrère, il y a trois films : le premier dresse un tableau des travailleurs précaires du nettoyage, le second est le récit d'une imposture (sujet de prédilection du réalisateur écrivain), le troisième est une belle galerie de portraits.
Le premier de ces films n'est pas très original. On a vu mille fois, chez Ken Loach et ailleurs, les ravages du travail précaire. L'originalité est ici de s'intéresser particulièrement au travail sur les ferrys, incroyablement dur.
Le second ne m'a pas réellement convaincu. Je trouve que le personnage joué par Juliette Binoche ne fait sentir que superficiellement les affres que traverse l'écrivaine infiltrée, dont on ne comprend pas forcément tous les choix.
C'est finalement le troisième film, qui fait la part belle à une galerie d'acteurs et d'actrices non professionnels, qui pour moi donne toute sa valeur à Ouistreham. Le spectateur n'oubliera pas de sitôt l'énergie brute de la formidable Hélène Lambert (Christèle), la bonhommie de Didier Dupin (Cédric), l'éclatante vitalité d'Emily Madeleine (Justine), la fraîcheur irrésistible de Léa Carne (Marilou) et tranquille sérénité d'Evelyne Porée (Nadège).
L'énergie de ces personnages finit par arracher quelques larmes, reléguant la prestation de Juliette Binoche au second plan et enjambant l'inconsistance de la mise en scène d'Emmanuel Carrère. Un beau film.
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4,0
Publiée le 18 janvier 2022
Une fiction pour ce qui aurait pu être produit sous forme de documentaire. Les deux genres s’emmêlent et pour cause. Le récit c’est celui d’une écrivaine (dans la vraie vie, il s’agit d’une célèbre journaliste mais ici c’est une fiction et ce n’est donc pas elle) qui, pour servir son travail d’écriture, s'immerge dans le monde de la précarité, des petits boulots en contrat durée déterminée avec des embauches à la petite semaine et la flexibilité qui va bien sur tous les plans (horaire, législation, famille, velléités revendicatives étouffées…) pour espérer enfin un contrat à durée indéterminée sorte de sésame pour une vie sinon meilleure au moins plus stable. Et comme cette tête d’affiche prend des notes sur le vif au fur et à mesure des rencontres à Pôle Emploi, à un quelconque Forum de l’emploi, dans les entreprises qui embauchent (l’hygiène, lire le ménage qui ne risque pas d’être délocalisé), cette matière sociale brute alimente le fil conducteur de ce scénario de fiction à la manière d’un véritable documentaire. Et pour que ce soit encore moins de la fiction, plusieurs figurantes, presque déjà actrices, parions que certaines vont le devenir, jouent ( ?) leur propre rôle.
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4,0
Publiée le 28 janvier 2022
"Ouistreham" est un sujet casse-gueule. Casse-gueule car il s'agit d'une adaptation d'un récit journalistique sur les conditions d'exercice de femmes de ménage où le réalisateur a choisi pour comédienne principale, la moins sociale des actrices, à savoir Juliette Binoche. Tout était réuni pour produire le pire des mélodrames sociaux. Or, contre toute attente, Binoche s'invite dans ce rôle complexe aux côtés de véritables femmes de ménage. On la découvre en train d'astiquer des toilettes, changer les draps sur des couchettes, et s'amouracher vaguement d'un chômeur de longue durée. Le contraste entre le parcours hors les sphères normales de l'existence de l'actrice et celui de ces véritables agents de nettoyage fonctionne merveilleusement bien, à l'instar en réalité de l'expérience réelle du livre de Florence Aubenas.
On imagine que la rencontre entre ces comédiennes d'un jour et la talentueuse Binoche n'a pas été des plus simples. Or, la mise en scène s'inspire véritablement de ces oppositions pour nourrir un récit dense et passionnant. Le film rend un hommage non dissimulé aux ouvriers de l'invisible que la crise inflationniste du moment ré-invite sur la scène publique. Le long-métrage demeure résolument politique, à un moment où les entreprises recrutent avec peine et les salaires ne sont plus en adéquation avec le coût de la vie. La caméra est d'une formidable humanité. Elle trahit tous les traits, toutes les beautés d'âme de ces personnes indispensables à notre quotidien. Elle révèle sur l'écran la complexité de la société française qui oppose les gens de peu aux cadres et bourgeois des villes.
Voilà donc une belle surprise sur les écrans français. On peut regretter que Cannes n'ait pas valorisé ce film à sa juste valeur. En tous les cas, "Ouistreham" séduira le plus grand nombre d'entre nous, rassemblant les spectateurs sur la nécessité de considérer tous les acteurs invisibles qui contribuent jour après jour au bien-être général.
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3,5
Publiée le 13 janvier 2022
"Ouistreham" sélectionné l'an dernier au festival de Cannes (Quinzaine des réalisateurs) est un drame social qui sonne juste. En effet adapté du récit "Le Quai de Ouistreham" de Florence Aubenas , ce film doit beaucoup à ses acteurs non professionnel et surtout Juliette Binoche dans cette histoire qui raconte d'une manière réaliste le quotidien de la France des oubliées dans une société qui les traite avec injustice et dans un modèle économique et sociale complément dépassé, une bonne surprise
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4,0
Publiée le 17 janvier 2022
Les femmes de ménage héroïnes contemporaines, quoi de plus normal ? Avec subtilité, Emmanuel Carrere évite le piège du cinéma vérité qui reste de la fiction, quoiqu'on puisse en dire. C'est un genre finalement assez dictatique et qui vieillit souvent mal. Ici, Carrere crée du suspens autour de l'identité de Juliette Binoche, tout en offrant un témoignage sur des gens que la société ne regarde pas ou peu. Le film est chaleureux, empathique, réaliste, évite le manichéisme. Les actrices et acteurs non professionnels sont d'un naturel confondant, et Juliette Binoche trouve un de ses meilleurs rôles.
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4,0
Publiée le 2 février 2022
Ouistreham fait parti de ces films réalistes et engagés qui sont d'utilité publique ! La mise en scène me semble parfois un peu maladroite mais ce qui prime avec cette œuvre c'est le message, le fond qui je l'espère permet des réelles prises de conscience !
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4,0
Publiée le 28 janvier 2022
A cause de Juliette BINOCHE j'y allais à reculons. Mais la bande annonce était "tentante" et j'ai bien fait. C'est un film fort, prenant, bien filmé, sans exagération dans le "pathos". Bref, à voir sans hésiter.
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3,5
Publiée le 21 février 2022
De Emmanuel Carrère (2022). Un film ambigu entre l'étude sociale forte et particulièrement documentée et un certain malaise ! Le thème extremment prégnant et social sur les petits bouleaux, les premières lignes, les femmes de l'ombre comme des invisibles que l'on ne voit ou que l'on ne veut pas voir. De ce point de vue , le film est presque une plongée dans le réel dur et difficile.Une virée dans le réel des petits boulots, des métiers de l'ombre, des sous traitantes et du moins social qui mine le monde du travail . Pour autant le malaise vient de la confrontation cachée entre deux mondes à l'opposé à savoir ces salariés de l'ombre à la précarité maximale et le monde bien installé plutôt bourgeois de l'édition incarnée par Juliette Binoche certes convaincante et excellente de vérité embuée de contradiction. Tout au long du film , on attend la chute et quand elle arrive, on hésite entre trahison et artifice! On n'y croit sans y croire ! Au delà de l'aspect très documentaire et documenté, on reste un peu mal à l'aise même à la conclusion du film. Quand à toutes les autres comédiennes , elles sont excellentes de justesse notamment Hélène Lambert, Léa Carne et Evelyne Porée.
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3,0
Publiée le 13 janvier 2022
Cette adaptation du roman de Florence Aubenas offre une mise en lumière, une nouvelle fois, de Juliette Binoche, en toute simplicité et humilité. Ses partenaires de travail pénible sont épatantes : Christèle (Helene Lambert) et Marilou (Léa Carne), des collègues qui deviennent beaucoup plus. Sans m’appesantir sur les moyens mis en oeuvre pour s’immerger dans le sujet qu'elle veut connaître de l'intérieur pour le décrire, façon caméléon, ni sur la précision terriblement crue et sans détour des conditions de travail si difficiles de ces catégories d'emploi, c'est un sentiment d'inachevé et d’ambigüité qui me reste en tête au final. Et aussi une question sans réponse : pourquoi accepter cet ultime voyage pour un face à face intense, tout en refusant une dernière mise en situation à vocation d' apaisement ..? !!**
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3,5
Publiée le 9 août 2022
Dans le cadre des « Immanquables de l’été », j’ai vu « Ouistreham » de Emmanuel Carrère sorti en salle en 2021. Ce film est l’adaptation d’un livre de la journaliste Florence Aubenas qui avait raconté sa propre expérience de femme de ménage dans « Le Quai d'Ouistreham » paru en 2010. Marianne Winckler (Juliette Binoche), écrivaine reconnue, la cinquantaine, va volontairement s'immerger durant un an dans le monde du travail intérimaire, en travaillant incognito comme femme de ménage dans différents sites puis à bord des ferries assurant la liaison entre Ouistreham et Portsmouth où il faut faire une chambre en 4 minutes et laver les toilettes et passer la serpillère dans des espaces collectifs, et ce pendant l’escale qui dure 1 h 30, le ferry faisant 3 rotations par jour avec donc des horaires de travail impossibles. Marianne est au cœur même de la misère sociale mais va découvrir l’entraide et la solidarité qui unissent ces travailleuses de l’ombre, ignorées des voyageurs. Elle se liera plus particulièrement avec Chrystèle, mère de 3 enfants, qui lui offrira un cadeau très symbolique lors de son anniversaire. Mais que deviendra la relation entre toutes ces femmes lorsque la vérité éclatera ? Un film qui en plus de montrer - j’allais dire une nouvelle fois - la pénibilité et la précarité de ces emplois mais sans approcher les films de Dardenne ou de Ken Loach, aborde la problématique de cette relation biaisée qui ne peut que tourner à la trahison même si Juliette Binoche s’avère très convaincante. Une journaliste parisienne a-t-elle le droit de « jouer à la femme de ménage » … même si on peut dit-elle « mentir sans tricher » ? A noter que la compagnie Brittany Ferries a refusé les autorisations de tournage des scènes à l’intérieur du Ferry en raison de l'image « dégradée » donnée à leur entreprise…
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173 abonnés
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4,0
Publiée le 15 janvier 2022
L'adaptation du livre de Florence Aubenas est parfaitement mise à l'écran par Emmanuel Carrère. Comme à son habitude, Juliette Binoche interprète son rôle à la perfection et donne à voir la dureté de la vie des "invisibles" qui payent le prix d'un monde qu'elles concourent pourtant à faire fonctionner. Les acteurs amateurs donnent un ton très réaliste au film, à mi-chemin entre film et documentaire, à l'instar du "Nomadland" de Chloé Zhao. La particularité du film est d'insister sur une question induite par la démarche immersive de Florence Aubenas, celle de l'appropriation culturelle. La problématique ne concerne pas que les questions de genre et de race, elle touche aussi le discours social : peut-on comprendre et parler des "invisibles" sans en être une soi-même. Certes, Emmanuel Carrère est suffisamment intelligent pour laisser la question ouverte mais le fait de terminer le film sur l'amertume de Christelle peut donner au spectateur à penser qu'une transgression existe alors que la démarche est totalement justifiée. Un film à voir.
Ce n'est pas un film de cinéma. Ce n'est pas un documentaire. C'est mal filmé. Il ne suffit pas d'une bonne histoire pour faire un bon fim, il faut un bon réalisateur. Ici ce n'est pas le cas. Le côté difficile des horaires n'est pas bien montré: ici la vie est lente alors qu'on arrête pas de dire que c'est dur. On ne voit pas la différence entre les passagers des ferrys et les femmes de ménage. On ne ressent rien. N'allez pas voir ce film ! essayez le livre c'est surement mieux.
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3,5
Publiée le 16 janvier 2022
Ai vu "Ouistreham" mis en scène par l'écrivain-réalisateur Emmanuel Carrère d'après le livre "Le quai de Ouistreham" de la journaliste-romancière Florence Aubenas. Nul autre qu'Emmanuel Carrère pour mettre en image l'histoire de cette journaliste qui veut connaitre la crise économique et ses conséquences au plus près et qui se fait embaucher en tant que femme de ménage dans des entreprises et sur un ferry pendant plusieurs mois en Normandie. Je n'ai pas lu le roman-documentaire qui sert de base au scénario mais je connais très bien le travail d'Emmanuel Carrère qui "affectionne" également l'immersion dans des milieux divers et variés pour mieux écrire sur le monde, la position de l'écrivain et sur ses tourments personnels. Je ne m'attendais pas à un film autant cinématographique et la surprise fut excellente. De vraies idées de mise en scène, un montage, un cadrage très précis, une fluidité de mouvement de caméra. L'autre point très positif est l'interprétation de Juliette Binoche absolument renversante et de ses partenaires tous amateurs mais d'une grande vérité bouleversante d'énergie et de puissance de jeu. Dès le premier plan l'on comprend que la journaliste qui veut connaitre la vie des victimes du capitalisme et de la précarité au quotidien entre de plein pieds dans le monde de l'humiliation, de l'infantilisation, de l'inhumanité, de la rudesse de parole, de l'indifférence des institutions, des dirigeants, des gouvernants... En cela le film est très fort sans jamais être caricatural ou didactique. L'ambivalence que vit la journaliste alias femme de ménage est très bien dépeinte à petites touches imperceptibles et subtiles... Quand Marianne doit expliquer à sa copine la définition du mot "Azimuté" tout à coup elle se rend compte que c'est la journaliste qui parle et non plus la femme de ménage... malaise, idem quand dans un moment de joie collective, Marianne se met à pleurer la mort de son père... ces scènes sont très belles et ingénieuses. La musique répétitive et entêtante de Matthieu Lamboley, comme le travail de ces femmes, accompagne à merveille les images de cette normandie grise, froide et nocturne. Tout aurait été parfait si Emmanuel Carrère ne s'était pas pris les pieds dans son scénario aux trois quart du film. spoiler: Sur le ferry en partance pour l'Angleterre, Marianne qui est avec des collègues, est reconnue par un couple parisien amis de la journaliste. La scène est ridicule et d'ailleurs pas très bien interprétée, avec dialogues plats, manque d'inspiration... personne n'y croit sur l'écran et dans la salle ... à partir de ce moment le film qui penchait beaucoup vers Ken Loach et ses films fiction-documentaires bascule dangereusement dans une "Leloucherie-fictionnelle-surréaliste" manquant de finesse. La fin est totalement ratée et c'est dommage, car Emmanuel Carrère était tout près de signer un grand film. Mais n'est pas Stéphane Brizé ou Laurent Cantet qui veut. On retiendra donc une Juliette Binoche dans un rôle à la mesure de son immense talent et cela faisait trop longtemps que l'actrice n'avais pas été aussi bien employée ainsi qu'une myriade de comédiens amateurs époustouflants mentions spéciales à Hélène Lambert qui interprète une Christèle à fleur de peau et au très touchant Didier Pupin, Cédric dragueur très attachant et maladroit. Attachant et maladroit tout comme le film qu'il faut tout de même aller voir ne serai-ce que pour le sujet.
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4,5
Publiée le 22 janvier 2023
Une histoire poignante, portée par une des plus grandes actrices du cinéma français mais aussi par des néo-acteurs amateurs dirigés magnifiquement . Juliette Binoche y est éblouissante de sobriété, de justesse, de sensibilité...Un film poignant sur la réalité sociale dans notre pays, celle que l'on ne veut ou peut pas voir si on n' y est pas confrontée. Un film magnifique et utile que je conseille à tous...