Tout comme "Sorry We Missed You", le dernier film de Ken Loach, son jumeau britannique, "Gloria Mundi", le dernier film de Guédiguian, est un film très pessimiste. Tout comme Ken Loach, Guédiguian nous montre un monde économique de plus en plus inhumain, dans lequel il n'y a plus de lutte des classes mais une lutte, individualiste, à l'intérieur d'une des classes, celle des gens qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Des gens qui sont arrivés au point d'oublier toute solidarité, voire d'enfoncer leurs congénères pour essayer de s'en sortir. Dans les deux films, c'est au travers des répercussions du néo-libéralisme sur une famille que se fait l'analyse de leurs réalisateurs. Une famille beaucoup plus nombreuse chez Guédiguian que chez Loach, mais, dans les deux films, cette famille a du mal à résister, à rester soudée. Dans les deux films, le phénomène de l'auto-entreprenariat style Uber est fustigé, avec cette fausse impression donnée à des travailleurs d'une liberté retrouvée. Dans "Gloria Mundi", on a même droit à un événement qui montre le degré de pessimisme de son réalisateur : le personnage interprété par Ariane Ascaride refuse avec force de faire grève aux côtés de ses collègues immigrés. Une première dans sa carrière ! Par ailleurs, Guédiguian nous fait de nouveau visiter Marseille, mais ce n'est plus le quartier de l'Estaque qui est mis en valeur, mais un mélange de vieux quartiers populaires et du quartier de la Joliette, devenu un quartier d'affaires sous le nom d'Euroméditerranée. On retrouve toute la "famille" de Guédiguian dans "Gloria Mundi" : le dramaturge Serge Valletti, qui en est à sa 3ème participation à l'écriture d'un scénario avec le réalisateur, le Directeur de la photographie Pierre Milon, le monteur Bernard Sasia et, bien sûr, toute la troupe de comédien.ne.s : Ariane Ascaride (Prix d'interprétation à Venise pour son interprétation dans ce film), Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin, Lola Naymark et Grégoire Leprince-Ringuet.