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    Nomadland
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    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    579 abonnés 2 749 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 9 juin 2021
    Nomadland est tout ce que The Rider (2018) n’était pas et parvenait à ne pas être. Car là où la précarité frappait le jeune Brady de manière progressive, d’abord en rendant son environnement asphyxiant et monotone, puis en déplaçant la lutte extérieure vers l’intérieur, au sein même de son corps, pour une déploration mélancolique d’un âge d’or à jamais révolu, elle tend ici à suinter de chaque image comme s’il fallait à tout prix assommer le spectateur sous un déluge de misère. La caméra de Chloé Zhao ne recouvre pas la spontanéité qu’elle revêtait dans son précédent long métrage, son geste artistique perd en simplicité pour devenir opportuniste et filmer en gros plans des visages et des histoires larmoyants dont la seule utilité est d’enrichir une énumération des malheurs vécus par des marginaux contraints de vivre à l’écart. Il y avait pourtant une belle idée, celle d’un lieu de solidarité vagabond, en constant mouvement, qui inscrit les amitiés dans un temps long voire absolu comme l’homme projette sur les étoiles sa soif d’infini et d’espérance. L’ensemble demeure trop théorique et conventionnel pour convaincre, les séquences courtes se suivent tels les colis Amazon sur les tapis automatiques. Il manque à Nomadland l’essentiel, à savoir la recherche de l’impromptu et du hasard. Tout semble guidé par une fatalité représentée avec complaisance, à l’origine d’un manichéisme stérile qui élude les questionnements véritables.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    2 807 abonnés 3 956 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 10 juin 2021
    Il y a de belles images, bien soignées, ça pourrait faire de belles cartes postales ? Mais après ?

    Parce qu'en vrai voir un film sur des déclassés aux États-Unis, tentant de se persuader qu'ils ne sont pas des sans abris vivant dans une précarité immense, ça m'intéresse, mais ce qu'en fait Chloé Zhao ne me parle juste pas.
    C'est un film gentil, lisse, où il ne se passe pas grand chose, où les conversations inconséquentes s'étalent sur quasiment deux heures. Je ne suis pas certain de comprendre le projet. Parce qu'en fait à la fin du film si j'ai appris des choses sur le passé du personnage de Frances McDormand, je ne sais rien d'elle, de quelle femme elle est, j'ai eu cette désagréable impression de voir un avatar totalement creux qui fait ce qu'on lui dit de faire : là tu es triste, là tu t'amuses... Mais que tout ça était désincarné...

    Je ne suis pas du tout investi émotionnellement dans le film, aucune situation ne dure assez longtemps pour qu'on ressente quelque chose, pour que quelque chose se développe...
    Elle rencontre des gens, on sent qu'ils passent du temps ensemble (Zhao abuse de l'ellipse on ne sait jamais réellement quand on est (ni où d'ailleurs), combien de temps se sont écoulés, il faut le deviner), mais le film semble se refuser d'explorer un peu ses personnages.

    Je veux dire qu'on a une vieille dame qui veut lui donner des conseils : il te faut une roue de secours, il faut repeindre ton camion... et on sent bien que McDormand n'en veut pas, que ça la saoule, mais le film n'en fait rien, il ne va pas plus loin... Alors que c'est quelque chose de très vrai comme situation et d'universel d'avoir quelqu'un de plus âgé qui te dit comment tu devrais faire les choses quand bien même on n'en a juste pas envie et qu'on veut juste faire à notre façon.

    C'est dommage... ça aurait donné de la consistance à ce monde, à ces personnages... En fait c'est comme si rien n'avait la moindre conséquence, jamais... peu importe qui elle rencontre, peu importe ce qu'elle fait, ce qu'elle dit, le film montre toujours et encore la même chose : des couchers de soleil... parfois on a une petite mélodie mélancolique qui vient accompagner le tout...

    Mais clairement il n'y a rien de nouveau qui nous est offert là. J'ai déjà vu ça, je connais tout ça... on se tape quand même pas mal de lieux communs, de banalités... le personnage qui est au bord de la mer et qui est tout content en écartant les bras... mais pitié, faut arrêter de faire ça, c'est plus possible (ou alors faut le faire autrement).

    Bref ce film me semble être un beau projet, mais qui tourne en rond, qui n'arrive pas à exploiter ses personnages, ses situations et surtout qui n'ose pas contrarier, troubler, c'est juste plat. J'ai vu ce film, je l'aurai oublié demain... Je ne dirais cependant que c'est mauvais, c'est juste que ça n'a aucun intérêt... C'est un film sage et poli, je suis sûr qu'il tient la porte et qu'il dit bonjour... par contre éveiller une émotion chez le spectateur, c'est une autre paire de manche...

    Parce qu'en fait le pire c'est que le film n'ose rien critiquer... La fille travaille chez Amazon pour la période de Noël et elle est toute contente, à aucun moment le film ne fait sentir une lassitude face à ce travail non qualifié totalement rébarbatif... jamais il ne montre les conditions de travail, non on a McDormand qui est tout sourire et qui salue tout le monde. Et je ne parle pas de montrer Amazon en monstre, mais juste de s'intéresser à ce que c'est que de travailler pour Amazon et de ne pas faire comme si c'était le paradis sur terre...

    C'est là le plus gros échec, en refusant de parler du travail, il échoue à être un film social qui dirait quelque chose sur son époque...

    Mais il reste les zolies cartes postales...
    Stig H.
    Stig H.

    14 abonnés 27 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 27 avril 2021
    Nomadland est un film qui exploite sans vergogne le terrible quotidien de travailleurs américains misérables pour mettre en valeur une histoire nombriliste et soporifique dont l'absence de mise en scène est à peine masquée par la répétition indigeste des gros plans de Frances McDormand. Les symboles bien lourds égrenés dans le scénario et tous les ressorts narratifs de l'histoire sont tellement prévisibles qu'on a l'impression d'un concours de clichés. Enfin, ces "nomades" pauvres qui courent après les contrats de travail, État après État, comédiens non professionnels qui auraient pu être le cœur vibrant d'un film réellement émouvant sont juste exploités par la réalisatrice pour faire de la figuration et servir son regard opportuniste, bourgeois et politiquement correct : le triptyque parfait pour gagner aux Oscars en ce moment. Après une heure de ce naufrage, on hésite entre sommeil et nausée. A fuir !
    Vultureeye
    Vultureeye

    10 abonnés 44 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 10 juillet 2021
    Un suplice. Rien ne se passe. Des scènes s’enchainent avec des ellipses insupportables. Road movie sans route. Cadre serré permanent sur Frances McDormand étouffant.
    On montre amazon et la société errante américaine mais sans faire aucune critique. Bref, contemplatif et chiant.
    Insp. Harry Callahan
    Insp. Harry Callahan

    5 abonnés 48 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 16 juin 2021
    Une sorte de documentaire sur des gens qui vivent commes des nomades (comme insiste Frances "on n'est pas des SDF mais on ne vit pas dans une maison).

    Toute l'histoire raconte pourquoi pour rien au monde ils laisseraient leurs campings pour se poser dans une maison.

    Il ne suffit pas d'avoir une idée noble.

    Pendant 1h41 on voit défiler des paysages.

    Un vide sidéral.
    Clémentine K.
    Clémentine K.

    165 abonnés 1 427 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 27 mai 2021
    La dure et émouvante fresque d'une dure réalité menée par une actrice principale brute, vraie et authentique. Ce film un peu au format documentaire fait part d'une des nombreuses injustices économiques américaines qu'on efface souvent dans notre perception de ce pays puissant, pourtant si dur avec sa classe moyenne et ouvrière.
    Shephard69
    Shephard69

    281 abonnés 2 259 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 19 mai 2021
    Sur le sujet grave des victimes de la crise financière aux Etats-Unis qui ont tout perdu et se sont retrouvés sur la route, un long-métrage sans jugement ni parti pris qui alterne avec une grande justesse et une puissante force narrative les moments durs, poignants, parfaitement ancrés dans une réalité crue, hivernale et les séquences plus positives, proche du feel good movie, faites de rencontres, d'échanges exactement à la manière du film de Sean Penn "Into the wild". Un rythme un peu lent, contemplatif, une mise en scène assez académique, sans emphase inutile mais très proche de son thème et de ses protagonistes. Des personnages à la psychologie toute en subtilités, magnifiquement écrits avec une mention spéciale évidemment pour Frances MacDormand et David Strathairn. Une belle oeuvre touchante et sensible.
    ffred
    ffred

    1 499 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 9 juin 2021
    Déjà archi-favori pour les Oscars en avril prochain, Nomadland rafle pour l'instant touts les récompenses. Et à raison. Tout est réussi. La mise en scène est d’une belle sobriété, alliée à un scénario aussi subtil que pudique. Que dire de l’interprétation. Frances McDormand (coproductrice) est une fois de plus formidable, tout en retenue. Elle s’est fortement impliquée allant jusqu’à vivre dans un camping-car et travailler à l’usine pendant plusieurs mois. En route pour une troisième statuette. On oubliera pas la musique et les images, superbes. Ce troisième film de Chloé Zhao, aussi scénariste, productrice et monteuse, à nouveau sur des laissés pour compte de l’Amérique est un film poignant et intense, assez contemplatif, d’une grande beauté et d’une poésie. Une excellente surprise. Voilà pour l'instant le plus beau film de l’année.
    Elisabeth G.
    Elisabeth G.

    164 abonnés 1 028 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 14 juin 2021
    Un trop long documentaire sans émotion, une succession de scènes sans lien, qui ne disent rien et n'ont pas d'intérêt esthétique. Un film déprimant.
    La critique complète sur https://le-blog-d-elisabeth-g.blogspot.com/
    GG1944
    GG1944

    6 abonnés 10 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 16 août 2021
    Un ennui de haut vol ce film. J’ai quitté ce spectacle soporifique et déprimant sans regret de ne pas connaître la fin.
    Un oscar injustifié pour une actrice actrice que j’avais aimé dans Missisipi Burning, Fargo, 3 Billboard.
    Les paysages ? Sur National Geographic il y a mieux.
    Le piège total.
    Pourquoi j’ai pas aimé? Aucune vraie émotion alors que le sujet devait potentiellement en donner. Et voir une personne faire ses besoins corporels dans un pot cela me fait rêver et encore moins m’apitoyer. Bref j’attendais un message qui ne venait jamais. Et quelle lenteur.
    Dois-Je Le voir ?
    Dois-Je Le voir ?

    304 abonnés 1 696 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 juin 2021
    Après l’effondrement économique de la cité ouvrière où elle vivait, Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de nomade.

    C'est Chloé Zhao, remarqué par son second long métrage The Rider (2018), qui adapte le livre "Nomadland : Surviving America in the Twenty-First Century" écrit par la journaliste Jessica Bruder. Le film a obtenu trois Oscars (Meilleur film, Meilleur réalisateur et Meilleure actrice) ainsi que quatre BAFTA Awards, deux Golden Globes et le prestigieux Lion d'Or à la Mostra de Venise.

    Avec son palmarès impressionnant, il était temps que ce drame arrive en France. J'avais peur d'être déçu avec tant d'attente, mais finalement je l'ai trouvé très bon.

    J'ai eu cependant beaucoup de mal à rentrer dedans. Sa construction n'est pas linéaire avec un fils conducteur clair, comme la grande majorité des films. Ici, on va suivre le destin de Fern, qui se laisse porter par son envie de liberté. Ne pas avoir de but clair m'a un peu perturbé. Cependant, une fois que je m'y étais fait, tout prend une autre dimension.

    On va donc se laisser porter par un sentiment de plénitude maximum. Les paysages sont tout simplement sublimes avec une impression de grandeur. La nature s'offre à nous. Certains passages sont d'ailleurs magnifiques en étant sublimé par une bande originale parfaitement adaptée.

    Ce drame brille donc par sa "simplicité". Les passages qui m'ont le plus ému sont d'ailleurs presque les plus basiques. Un paysage bien filmé, une douce musique, et notre réflexion s'enclenche. Pas besoin de grand dialogue pour vibrer.

    On se prend d'affection pour ces gens voulant vivre au rythme de la nature. Ne pas être enfermé dans une case, et se laisser porter par leurs envies. Ils le font de manière noble et c'est un bel hommage qui leur est rendu.

    Le personnage de Fern est donc une touchante symbolique. On découvre sur le tard sa poignante histoire, et ce qui laisse planer un mystère sur ses motivations profondes. Frances McDormand est encore une fois parfaite dans ce rôle.
    Jorik V
    Jorik V

    1 196 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 avril 2021
    Le voici le film primé de partout et le favori dans la course aux Oscars de cette année si particulière et il faut avouer que les louanges qui lui sont attribuées sont pleinement méritées. « Nomadland » se positionne, toutes proportions gardées, comme le « Into the Wild » de cette décennie en vantant les mérites de la vie des gens qui vivent sur la route. Mais ici, le film se pare d’un constat social fort sur les oubliés du rêve américain quand le film de Sean Penn se concentrait davantage sur la communion avec la nature. Chloë Zaho coche toutes les cases d’une œuvre réussie et marquante. On est en immersion totale avec le personnage principal magnifiquement incarné par la stupéfiante Frances McDormand, clairement favorite pour l’Oscar de la meilleure actrice. Au-dessus de tout qualificatif, elle est au-delà de toute interprétation : elle est et vit comme son personnage. Le rôle d’une vie et qui couronne une belle carrière.



    Dès les premières images on suit donc les traces de Fern, son personnage, et une année avec elle sur les routes américaines entre petits boulots de subsistance et rencontres avec d’autres nomades comme elle dans ces étendues immenses où se trouve des camps pour les gens de la route. La force du film est que toutes ces rencontres sonnent vraies. Et que les personnes croisées soient des acteurs non professionnels rajoute encore à l’authenticité du long-métrage et s’avère un choix plus que judicieux. Celles avec Swanky, déchirante, ou avec la malicieuse Linda May sonnent tellement justes qu’elles nous parviennent à nous émouvoir avec pas grand-chose. « Nomadland » est traversé de grâce et de poésie, grâce à des échanges humains simples et beaux et une atmosphère apaisante et qui convoque le mythe du road-movie américain. L’aspect contemplatif mais jamais poseur ou languissant, assortie de quelques notes de musique simple et pudiques, rend certains passages profondément envoûtants. Et jamais l’ennui nous guette, Zaho sait tempérer la longueur de ses plans toujours à la perfection. Il y a peut-être deux ou trois longueurs sur la fin mais ce n’est vraiment pas préjudiciable.



    Au-delà de la beauté évidente des images et de la manière dont la cinéaste sublime les grands espaces américains, « Nomadland » a du fond et un propos qui est développé en douceur. Le contexte de la crise économique et de ces gens obligés de vivre sur les routes pour différentes raisons est bien expliqué. Les bons comme les mauvais côtés de cette manière de (sur)vivre sont montrés naturellement et sans jugement aucun rendant le film à la fois fluide et profond. Il y a de jolis moments de vie, des moments de doute mais aussi des moments touchants d’une nostalgie indéfinissable. Tout nous parle et nous fait réfléchir en garantissant une évasion à tous les niveaux. « Nomadland » est une œuvre pure et incandescente où la magnificence de ce qu’on voit à l’écran et la magie des rapports humains et de l’entraide le dispute à la dure réalité économique d’un pays qui n’a que faire des laissés-pour-compte. Mais malgré cela, Fern et l’incarnation qu’en fait Frances McDormand donne envie de prendre la route et de vivre à ses côtés. Du grand cinéma généreux, fort et juste qui ravit les yeux et touche en plein cœur.



    Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.
    Yves G.
    Yves G.

    1 281 abonnés 3 289 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 juin 2021
    Après la mort de son mari, après la fermeture de l'usine où elle travaillait avec lui qui provoqua la désertion de leur petite ville du nord du Nevada, Fern (Frances McDormand), la soixantaine, n'a d'autre solution que de quitter sa maison et de s'installer rudimentairement dans sa camionnette. Le temps des fêtes de fin d'année, elle trouve un emploi chez Amazon avant de prendre la route. Au Dakota du Sud, elle travaille dans un parc national puis va faire la récolte des betteraves au Nebraska. Sur sa route, Ferne croise d'autres vagabonds qui, comme elle, par choix de vie ou par nécessité, refusent de se sédentariser.

    "Nomadland" arrive - enfin - sur nos écrans, précédé d'une réputation écrasante. Lion d'Or à Venise, quatre BAFTA, deux "Golden Globes" et surtout trois Oscars dont celui de la meilleur réalisation pour Chloé Zhao et celui de la meilleure actrice pour Frances McDormand (son troisième, excusez du peu, après "Fargo" et "Three Billboards"). N'en jetez plus ! la coupe est pleine !

    Tant de louanges laissent augurer un chef d'oeuvre... et risquent immanquablement de frustrer les espérances des spectateurs. Car, pour le dire d'une phrase, si "Nomadland" est certainement un bon film, ce n'est pas un grand film qui mériterait sa place au Panthéon du cinéma à côté de "Parasite", "Moonlight", "Twelve years a Slave" ou "La la Land" (ah... zut .... La la land s'est vu souffler l'Oscar du meilleur film par "Moonlight" justement).

    "Nomadland" a plusieurs défauts.
    Le premier, diront les anti-Modernes, est d'être un peu trop à la mode. Son sujet fleure bon l'anti-trumpisme qui, à tort ou à raison, a fait florès pendant quatre ans à Hollywood. Rien de tel que de filmer l'Amérique pauvre, celle des "working poor", des "white trash", des minorités discriminées pour ravir les suffrages aux Oscars.
    Les anti-féministes en rajouteront une couche : si Chloé Zhao a emporté la statuette, c'est en raison de son genre, pour que l'Académie qui n'avait jusqu'alors couronné qu'une seule femme dans cette catégorie (Kathryn Bigelow pour l'oubliable "Démineurs") se rachète une respectabilité.
    Les autres - et j'en fais partie - diront qu'ils se sont ennuyés, que ce film de cent-huit minutes, qui enfile à la queue leu leu les épisodes interchangeables et souvent répétitifs de l'odyssée de Fern, aurait pu sans préjudice en durer vingt de plus ou de moins.
    Enfin d'aucuns renâcleront aux récompenses qui pleuvent sur la tête de Frances McDormand que la caméra ne quitte pas d'une semelle et qui ne fait pas grand-chose sinon regarder le soleil se coucher sur les plaines désolées du Grand Ouest américain. Sa prestation, diront-ils, est honnête, mais ne mérite pas de la placer au-dessus de Meryl Streep, d'Ingrid Bergman ou de Bette Davis qui n'ont jamais réussi à décrocher leur troisième statuette aux Oscars

    Ces arguments sont recevables. Mais ils ne sont pas fondés.
    "Nomadland" est un film modeste, qui refuse le sensationnel. Chloé Zhao refuse la facilité qui aurait consisté à ajouter à la vie de Fern des rebondissements dramatiques (une agression une nuit dans son van ? les retrouvailles lacrymales avec un fils ou une fille perdue de vue ?). Elle utilise une base documentaire - l'enquête de Jessica Bruder sur les "Van Dwellers", ces Américains, souvent âgés qui ont quitté leur maison pour prendre la route - pour en faire une fiction élégiaque où souffle la poésie qui traversait déjà ses précédents films : "The Rider" (2017) et "Les chansons que mes frères m'ont apprises" (2015).

    "Nomadland" est un film qui m'a surpris et qui m'a interrogé.
    Les résumés que j'en avais lu me laissaient présager un livre sociologique, une illustration sinon une démonstration des ravages que la crise des subprimes puis les inégalités creusées par Trump avaient causées. Or, tel n'est pas le cas. Ou, pour être tout à fait exact, tel n'est peut-être pas le cas. Certes, Fern s'installe dans son van, nécessité faisant loi, faute d'autre alternative. Mais elle y trouve bientôt des habitudes et une liberté qu'elle chérit ("houseless but not homeless" résume-t-elle dans une formule parlante). Sur la route, en Arizona, elle croise toute une communauté de vagabonds qui ont fait le même choix qu'elle et embrassé le même mode de vie alternative. Fern pourrait y renoncer : en s'installant chez sa sœur qui lui ouvre les bras, ou chez Dave (épatant David Strathairn que l'interprétation de Frances McDormand a injustement éclipsé) qui lui ouvre son cœur. Elle n'en fait rien.

    Pour moi, "Nomadland" est moins un film sociologique qu'un film psychologique sinon métaphysique. Il interroge moins notre société que nos choix de vie individuels. C'est cette ambiguïté, cette richesse qui au bout du compte m'a plu dans ce film, contrebalançant l'ennui que sa langueur revendiquée avait fait naître.
    Christoblog
    Christoblog

    741 abonnés 1 613 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 juin 2021
    Tous les films de Chloé Zhao possèdent plusieurs qualités en commun : une extrême attention aux protagonistes, une connexion à la nature qu'elle partage avec peu de cinéastes, et une mise en scène souple et déliée.

    Le résultat est ici tout à fait convaincant, comme l'étaient ses deux premiers films. Je craignais que sa collaboration avec une actrice de la renommée de Frances McDormand nuise aux qualités quasi-documentaires de son travail, mais il n'en rien. L'actrice multi-oscarisée se fond avec un naturel stupéfiant au milieu d'un casting où les personnages jouent leur propre rôle.

    Le résultat est d'une humanité rare. Le moindre geste d'attention (offrir un briquet, toucher la main, partager un feu) prend des proportions de sainteté, alors que la descente vers le Sud des Etat-Unis se transforme en une sorte d'épiphanie des marges.

    Bien sûr le film montre la pauvreté en lisière du rêve américain, comme le faisaient ceux de Chaplin et de Ford, et certains le verront probablement principalement sous cet angle, mais il est aussi (et pour moi surtout) une formidable ode à la liberté absolue, entre grâce et dénuement, trivial et sublime.

    La mise en scène de Zhao est confondante de beauté, enchaînant travellings inspirés, montage rythmé et gros plans émouvants, le tout dans des tonalités bleutées et grisâtres.

    Nomadland mérite tous ses prix, mais il est plus qu'un gagnant, il est un passeur.
    Cinemadourg
    Cinemadourg

    676 abonnés 1 416 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 12 juin 2021
    2008 : crise économique mondiale.
    Fern, la soixantaine, perd tout et décide de survivre en parcourant les Etats-Unis à bord de sa vieille fourgonnette aménagée.
    Rapidement, elle se rend compte qu'elle est loin d'être la seule à subsister de cette manière dans une Amérique des laissés-pour-compte.
    Tourné presque comme un documentaire, "Nomadland" se révèle puissant, touchant et terriblement de notre temps.
    Frances McDormand irradie l'écran de sa force emplie de bienveillance et d'une pointe de détresse.
    Beau et triste à la fois, ce drame nous ramène à notre propre fragilité et à cette société capitaliste censée être le modèle idéal.
    Profond.
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