Black Mask est un petit film de super-héros asiatique, avec pas mal de défauts et au final, quelques qualités qui le sauve un peu.
D’abord il bénéficie d’une interprétation correcte. Sans être exceptionnelle, celle-ci se débrouille pas mal, emmenée par Jet Li dans le rôle titre. Il livre une prestation nerveuse, athlétique, et donne à son personnage un beau relief, même si au final ce Black Mask est assez caricatural. A ses cotés je relève un Lau Ching-Wan qui est probablement le meilleur acteur du métrage. Il arrive vraiment à prendre de la place aux cotés de Jet Li, et s’avère très charismatique. Il est gratifié de quelques scènes sympathiques par ailleurs. Coté féminin des actrices qui n’ont pas grand-chose à faire, mais qui le font avec entrain. Karen Mok est dotée d’un rôle un peu comique et léger, même si parfois elle pousse jusqu’à la caricature elle s’en sort bien, de même que Françoise Yip, et toutes deux ne manquent pas de charme.
Le scénario est un peu limité. En fait il n’est pas complètement efficient. L’idée de départ débouche au final sur un bête film d’action, les histoires connexes sont superficielles, le film étant très court (1 heure 20 c’est peu pour le genre) beaucoup d’éléments sont survolés et les transitions manquent de soin. Heureusement c’est dynamique, il y a des passages réussis, et une bonne gradation jusqu’à une fin en feux d’artifices solide.
Sur la forme, Black Mask est inégal. La mise en scène est assez étrange en fait, et rappelle beaucoup de films asiatiques (et parfois occidentaux aussi d’ailleurs) qui pour renchérir la nervosité et le dynamisme de l’ensemble se permettent des montages hasardeux. Du coup ce n’est pas mal filmé, les combats sont plutôt efficaces même s’il n’y a aucun génie, mais il y a des ruptures sèches qui peuvent déranger. La photographie est franchement pas terrible, mais bon c’est peut-être du à mon support. Néanmoins il n’y a pas de recherches particulières. C’est encore plus vrai des décors qui eux sont vraiment très médiocres, l’essentiel du film se déroulant dans des entrepôts ou des extérieurs sans aucun charme. A noter que Black Mask se permet une belle percée dans le gore, et en fait c’est là que le film parvient à tirer un peu son épingle du jeu. Doté de belles séquences martiales qui raviront les amateurs du genre, le film propose souvent des passages grandiloquents avec du sang qui gicle, des membres coupés et autres joyeusetés. Black Mask est certes souvent drôle, mais entremêle une violence brute qui le déconseille aux personnes sensibles. Les fx pour leur part sont franchement très archaïques. Niveau musique enfin, c’est le néant.
En fait Black Mask n’a pas beaucoup d’atouts, mais il a un réel mérite : il est généreux. Il offre beaucoup d’action, une touche d’humour un peu raz des pâquerettes, des séquences gores réjouissantes. On regrettera peut-être un manque de sensualité. Pas mauvais en soi, c’est un petit produit de série qui reste tout de même pas très enthousiasmant, d’autant qu’il y a bien meilleur dans le genre, et bien mieux dans la filmographie de Jet Li. A voir éventuellement, mais pas indispensable loin de là.