Avis sur Ham on Rye

Ham on Rye est un film qui, dans le genre très balisé du coming of age, arrive à jouer avec les images et les clichés habituels. On ne sait jamais exactement ce que l'on regarde, le film commence vraiment comme un film tout à fait classique avec un bal de fin d'année. Des filles se préparent, veulent arriver en retard, se laisser désirer, elles sont un peu stressées, les garçons aussi... Les parents sont fiers toussa toussa... Et là le réalisateur arrive à faire comprendre qu'on regarde pas un film banal, un peu naturaliste, sur des ados à leur bal de promo : ils y vont à pieds. Ici pas de limousines, pas de cavalier qui vient les chercher, les garçons marchent avec les garçons, les filles avec les filles.

Et c'est toute la force du film, jouer avec cette imagerie, avec ces lieux communs pour finalement proposer un film un brin surréaliste, voire carrément absurde (le bal se déroule dans un genre de sandwicherie, je pose ça là vous en faites ce que vous voulez), tout en parvenant à toucher juste. Parce que oui tout le cérémonial est grotesque, mais la timidité, l'appréhension, la peur de rater sa vie, tout ça c'est bien réel et c'est universel.

Tout comme le fond du film finalement, à savoir que certains jeunes adultes arrivent à s'extirper de leur ville de banlieue où il n'y a rien à faire et que d'autres restent là, seuls, loin de leurs anciens amis qui eux s'amusent ailleurs et qui les oublient peu à peu pendant qu'eux continuent à se faire chier.

L'étrangeté distillée durant toute la première partie, permet de maintenir un certain mystère sur ce qui va vraiment ce passer, sur ce que l'on est réellement en train de regarder et ça fait de Ham on Rye l'un des films les plus bizarres sur le passage à l'âge adulte, mais aussi l'un des plus juste dans son traitement des peurs et des sentiments de ces ados ne rêvant qu'à devenir grands.

Ham on Rye, le film WTF de l'année ? Pour beaucoup, cela sera le cas, laissant volontiers leur place aux experts exégètes qui auront leur propre lecture des intentions cachées du film, si personnelles et fines que le réalisateur, Tyler Taormina, lui-même, n'y avait peut-être pas pensé. Autour de l'adolescence et des rites de passage, tellement d’œuvres cinématographiques se sont construites qu'il est presque rafraichissant, et en tous cas intrigant, de découvrir les premières minutes de Ham on Rye, même si l'on suspecte déjà le film d'avoir un penchant certain pour l'opacité. Tout va presque bien jusqu'à une longue scène de bal qui va faire complètement basculer le métrage vers un no man's land émotionnel, un vide narratif volontaire, lourd d'un symbolisme où chacun imaginera ce qu'il voudra, sur la routine de la vie d'adulte, l'amertume de l'échec, le couple, le patriarcat, tout cela dans un style contemplatif qui traque l'ennui au fil de scènes joliment composées mais anesthésiantes. Le fait est que nul personnage n'émerge si ce n'est une jeune fille que l'on voit de temps à autre et qui aurait pu être un fil conducteur un peu plus précis dans le marécage du (non) récit. Le plus gênant est que Ham on Rye, sous couvert de relative modestie, est une chose assez prétentieuse qui a l'outrecuidance d'aspirer au statut de culte, ce qu'il atteindra sans doute pour certains, alors qu'il ne sera que cucul, et avant tout soporifique, pour beaucoup d'autres.

"Ham on Rye" s'intéresse aux destins croisés de plusieurs adolescents qui s'apprêtent à passer la journée la «plus importante de leur vie». Tous ces jeunes gens se mettent sur leur 31 pour un rituel étrange avant un jugement qui décidera de leur avenir. "Ham on Rye" est un film vraiment étrange, mais une fois passée la curiosité des premières minutes, il ne se passe plus grand-chose. En fait, c'est un film qui raconte rien d'intéressant pour ne pas dire rien tout court. C’est juste une énième histoire sur le passage à l’âge adulte. J'ai bien aimé l'ambiance des premières minutes, le fait qu'on ne puisse pas vraiment savoir à quelle époque se déroule l'histoire, le décor et les costumes décalés, mais l'histoire est vraiment insuffisante. Je pense que c'est un film qui manque un peu d'humour. L'ensemble fait trop sérieux et donc un peu prétentieux. Un manque de recul qui rend le film également grotesque par moment avec ces scènes à rallonge où il ne se passe rien. C'est finalement un film à l'esthétisme soigné, mais qui manque de consistance, ce qui le rend vite ennuyeux et poussif.

Tous les adolescents d'une banlieue américaine anonyme se préparent pour une soirée importante. Il ne s'agit pas du bal de fin d'année, organisé à grands frais au lycée, mais d'un rendez-vous dans un diner sans âme, "Monty's", dont les jeunes dévorent la spécialité, le "ham on rye" (jambon sur seigle). Après la soirée, la descente est brutale.

Le coming-of-age movie est un genre cinématographique à part entière qui prend pour sujet la sortie de l'enfance, ses rites initiatiques et le passage, plus ou moins traumatisant, à l'âge adulte. Il se noue souvent autour de la prom ou prom night, le bal de promo organisé avant le départ des jeunes lycéens à l'université loin du cocon familial. Les films qui lui sont consacrés sont légion : "Carrie", "Grease", "Footloose", "American Pie", "Twilight"...

Je n'ai rien compris à ce premier film indé américain, qui a pourtant écumé les festivals. Ses premières minutes ont fait naître une curiosité vite déçue. Elles montrent les préparatifs de la soirée et introduisent plusieurs personnages, laissant escompter que se nouent une ou plusieurs histoires autour de cet événement et de ses participants. Mais rien ne se passe ; aucun personnage n'émerge, sinon la jeune Haley qui semble être la seule à ne pas partager la liesse générale.

Pendant toute la première moitié du film, on attend quelque chose qui ne vient pas. L'histoire prendra-t-elle un tour tragique façon "Virgin Suicides" de Sofia Coppola qu'évoquent les robes virginales de trois jeunes filles en fleur ? un meurtre sera-t-il commis comme dans "Twin Peaks" de David Lynch auquel ces banlieues anonymes font penser ? je-ne-sais-quel tabou sexuel sera-t-il violé comme dans les films malaisants de Larry Clarke ? l'histoire versera-t-elle dans le gore comme dans "Carrie" ? Non. Rien de tout cela. L'histoire ne va nulle part.

Au milieu du film, coupé en deux, la fête qu'on avait tant attendue est un non événement, un trou noir. On se dit qu'on s'est assoupi ou bien qu'il s'agit d'une ellipse dont la signification s'éclairera durant la seconde moitié du film ? Là encore, cette attente est déçue. Cette seconde moitié, aussi cataleptique que la première, maintient sans s'en écarter le refus de toute narration. On retrouve la même bande de jeunes à présent désenchantés (se sont-ils drogués ? sont-ils en pleine descente ?). On pourrait se demander s'il s'agit d'une métaphore de la vie d'adulte, une vie qu'on a attendue avec impatience mais qui s'avère désespérément triste. Mais l'ennui nous a depuis longtemps à ce point submergés qu'on refuse de faire cet effort pour sauver ce film du marasme dans lequel il nous a entraînés.

“Ham on Rye” est une étrange parenthèse sur le passage à l’âge adulte. On passe d’un jeune à l’autre et assistons à quelques bribes de leurs conversations sur le sexe ou l’ennui. Un semblant de scénario nous prépare à une fête que nous ne verrons pas. Oeuvre contemplative qui s’enferme dans ses beaux cadrages en pensant nous envoûter, “Ham on Rye” est plutôt un curieux objet sans profondeur..
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Dans une petite ville américaine des adolescents convergent au "dinner" du coin pour un rite initiatique qui devrait les faire grandir. Ennui total devant cette œuvre où il ne se passe rien, où la génération Z semble plongée dans une apathie généralisée et où la mise en scène est si évanescente qu'elle s'évapore au fur et à mesure que le film "avance". On reconnaîtra les ombres tutélaires de David Lynch en moins troublant et de Hal Hartley en plus chiant.

Nullissime ! On s'ennuie ferme devant ce quasi-documentaire où il ne se passe RIEN... A fuir absolument !

Tous les adolescents de la ville natale de Haley se parent de leurs plus beaux atours pour, comme il est de coutume de dire, "le plus important jour de leur vie". Enthousiastes, ils traversent la ville en ordre dispersé, en route vers un destin inconnu. Haley, en revanche, marche d’un pas plus réticent, sceptique sur le bien-fondé de cette tradition éculée au rite de passage étrange qui les attend au bout du chemin. Arrivés à l’épicerie du quartier, une curieuse cérémonie va décider du sort de leur génération, amenant certains adolescents à échapper à leur banlieue et condamnant les autres à y rester...

C’est une réalisation de l’Américain Tyler Taormina. Le scénario a été écrit par Eric Berger (II).

Grâce à son côté atypique, j’ai trouvé Ham on Rye pas mal.



On est là devant un récit qui plonge dans la spiritualité. Comme beaucoup de petite bourgade Américaine, il y a un aspect traditionnel qui consiste à ce que chaque génération se réunit une fois l'high school” terminé. Dans cette ville, cela va se transformer en une sorte de rituel. Après la célébration, presque naturellement, va se détacher deux groupes, l’un restant et l’autre se délivrant de ce lieu. Pour ceux appréciant les films ou séries Américaines, ils savent que cet appel à quitter la petite commune est fort et cela représente presque un accomplissement de ne pas croupir là.

C’est surtout par l’atmosphère qu’il crée que ce film va attirer. Le grain d’image bien particulier nous plonge dans une époque intemporelle. On ne pourrait situer cela même si tout ce qui s’y rattache ressemble aux années 90 ou 2000. L’ambiance autour de ce rituel est presque envoutante. La bande originale un peu mystique permet de créer comme un petit cocon durant les 1h25 de film.



Tout cela va donner un ressenti bien particulier. Il faut vraiment voir de façon spirituelle Ham on Rye en s’imprégnant de cela. Dans sa globalité, j’ai réussi à comprendre le message mais dans le déroulé ce n’est pas forcément limpide. On peut cependant penser que cela fait partie du charme de ce film. Une ode à l’adolescence qui se vit avec le cœur et non la tête. Je pense qu’un second visionnage avec du recul doit aider à l’analyse.

J’ai aimé l’esprit de camaraderie qui règne. On sent une complicité naturelle entre les différents acteurs. Chacun fait partie d’un tout unique. Ils vivent les personnages et ça se voit. Par contre, aucun ne va véritablement se dégager du lot. C’est une prestation collective sans fulgurance individuelle.

Sensé raconter le quotidien de teenagers américains, on découvre dans ce film la vacuité et l’ennui que ces jeunes nous font partager.
Ce premier long-métrage de ce réalisateur n’est vraiment pas une réussite. Considéré comme une comédie, il ne parvient pas à produire le moindre sourire. Le scénario est insipide et franchement ennuyeux.

Bernard CORIC

J'avoue ne pas être dur d'avoir réellement tout compris mais j'ai vraiment apprécié ce film.

J'y suis allé en ne lisant que le synopsis en diagonale et les premières minutes m'ont fait un peu peur, peur de voir un film qui se concentre sur trois adolescentes qui mettent des robes. ce maquillent ect
Heureusement le film n'est pas concentré sur elles trois, d'ailleurs il y a un peu trop de personnages et je dois dire que je ne les confondais.
La première moitié du film est un doux rêve qui montre des ado qui font une sorte de balle dansant de fin d'année puis on passe à la seconde où pour ma part le film m'a un peu laissé sur le bort de la route.
Dans la partie une les musiques dont pas top top, je les préfère grandementdans la seconde où elles accentuent le côté magique et mystérieux des événements pourtant banale

Il y a au milieu du film une musique au combien ridicule avec un effet digne de dessin animé.

J'ai saisi le propos que cherche a nous transmettre le film et j'ai pu me reconnaître dans certains personnages aussi bien masculin que féminin car ce qu'ils vivaient me parlait et résonnait en moi.

Le problème principal est sans doute le revers de son attention louable : déployer un grand mystère porté par des acteurs mutiques, mais en perdant toute substance et profondeur pour chacun d'eux et rester sur une ligne ésotérique. Après une première partie assez bluffante avec une certaine étrangeté qui s'appuie sur une base assez ferme (celui du teen movie) et une superbe bande son, la deuxième partie se traîne indéfiniment avec des pantins dépressifs donc on se fout éperdument. On ne peut nier un geste de cinéma, ce qui en soi est déjà rafraîchissant et bienvenu, mais on peut aussi déplorer sa vacuité.

On sort de la salle vraiment mitigé, d'un côté les plans sont très beaux et ça rajoute un énorme charme au film et de l'autre, passé les 20 premières minutes du film, où le charme décalé du film fait effet sur le spectateur, on tombe petit à petit dans une histoire qui manque cruellement de fond et de matière pour en faire le bon film auquel le réalisateur aurait pu prétendre...

Nous sommes le distributeur du film et c’est en lisant la plus ancienne des critiques spectateurs de cette page et une autre tout aussi négative, que nous avons eu envie de voir « Ham On Rye ». Non que les critiques négatives nous incitent en général à voir un film. Mais cette fois, si. Peut-être parce que les défauts qui y sont soulignés correspondent à ce que nous aimons le plus dans le cinéma. Peut-être parce qu’ils semblaient mettre en évidence que, contrairement à ce que nous pouvions croire avant de voir le film, son appartenance au genre codifié du « coming-of-age movie » n’était qu’une fausse impression. Or le cinéma de genre ne nous attire pas vraiment. Nous aimons le non-dit, les films où ce qui se passe n'est pas dans l'histoire mais autre-part. Nous préférons le mystère, la dissonance à un récit bien huilé qui nous ennuie en général vite.

Et nous avons été saisis à la découverte de ce film. Dont nous n'avons pas tout compris alors, loin de là ! Mais qu'importe. Puisqu'il ne s'agit pas d'un cinéma qui se veut compréhensible d'une seule manière (que ce soit de façon évidente ou opaque) ; mais d'un cinéma qui laisse une place au rêve, à l'imagination du spectateur. De tous les arts, la musique est celui qui nous touche le plus souvent au plus profond. La musique n’a pas besoin d’explication, simplement d’être juste. C’est cette approche qui nous intéresse dans toute forme d’art. Et ce n’est pas par hasard si les réalisateurs que nous distribuons s’y intéressent autant. Guy Maddin déclarant même que ce qu’il souhaite, c’est de trouver un équivalent cinématographique à la musique. Tyler Taormina a été compositeur et musicien avant de devenir cinéaste et sa relation à la musique l’a énormément influencé. il dit d'ailleurs, dans l’interview que nous avons faite pour le DVD, qu'une large part de son inspiration cinématographique vient de son ressenti à l'écoute de musiques. Ce qui compte, c'est l'émotion, qui prend le pas sur la logique.

Quant aux reproches liés au fait qu’on se sente perdu… Tyler Toarmina crie haut et fort dans cette même interview : « J’adore me sentir perdu ! ». Alors que faire ? Si « Ham On Rye » est un film très facile d'accès du moment qu'on y trouve la porte émotionnelle, nous comprenons bien que l’ennui soit terrible pour celui qui n'y entre pas naturellement. Car il n’y a alors rien à quoi se raccrocher. Nous nous attendions évidemment, en sortant un tel film, à ce qu'il ne fasse pas l'unanimité. Ce qui nous surprend, c'est l'avalance de mauvaises critiques sur allociné, tellement en contradiction avec ce que nous avons vécu pendant tout le travail de distribution. Qui, évidemment, ne plaisait pas à tous non plus. Mais qui soulevait souvent l'enthousiasme.

Et pour finir, disons que pour nous Tyler Taormina a fait un film qui se prend au sérieux dans la mesure où il cherche à explorer quelque chose de profond d'une façon nouvelle et très personnelle. Mais cela est fait sans prétention, avec un bonheur de créer qui se sent tellement dans le film. Notamment par la présence, exceptionnelle, de tous les acteurs du film, la plupart se retrouvant pour la première fois devant une caméra. Et si nous devions exprimer simplement ce que nous ressentons à chaque fois que nous voyons ce film, nous dirions : « Aussi jouissif que les meilleurs morceaux de Pulp ».