De bas étage : les secrets du tournage

Le film était présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2021.

Pour écrire De bas étage, Yassine Qnia s'est inspiré d’une situation dans laquelle l'un de ses ami s’est retrouvé. Il vivait chez sa mère et entretenait une relation amoureuse de longue date. Un jour, la fille avec qui il était en couple est tombée enceinte. Ils ont fait le choix de garder l’enfant, mais ils n’avaient pas les moyens de s’installer en toute indépendance. Le réalisateur explique : "Ils sont allés vivre chez sa mère en attendant, mais la situation a duré plus longtemps que prévu ce qui a un peu détérioré leur relation. Leur histoire a fait écho en moi, car je me suis retrouvé à un moment donné dans la même situation sans l’urgence d’accueillir un enfant. Et cette impuissance à m’émanciper financièrement en assurant la charge de mon propre foyer m’a poussé à raconter cette histoire."

De bas étage s’inscrit dans la continuité des courts-métrages de Yassine Qnia, dont les protagonistes se retrouvent souvent confrontés à l’échec. Le metteur en scène précise : "Que ce soit dans le cadre familial ou amical, j’ai grandi entouré de gens qui ont échoué dans ce qu’ils entreprenaient. Beaucoup d’entre eux l’ont vécu comme une honte. Pour moi, mettre en scène un personnage confronté à l’échec, c’est montrer qu’il a vécu quelque chose de fort, qui non seulement n’a rien de honteux, mais qui mérite de ne pas être oublié. C’est ma façon de rendre hommage à ces personnes."

Yassine Qnia tenait à ce que Mehdi soit un perceur de coffres chevronné. Une caractéristique qui entre en adéquation avec l’image qu'il se faisait du personnage : "La technicité et le sang-froid avec lequel il s’applique montrent bien qu’il pouvait prétendre à mieux que ce que la vie lui a offert. En même temps, ce choix qu’il a fait pour améliorer son quotidien se révèle être un cul-de-sac : la raréfaction des liquidités, ainsi que les systèmes de sécurité de plus en plus perfectionnés, ont eu, au fur et à mesure, raison de son activité."

"De bas étage est le premier titre qui m’est venu et je l’ai conservé. J’aimais bien l’idée de prendre à contre-pied cette expression banale et dénigrante, qui désigne ce qui est de qualité médiocre ou d’un rang inférieur, en racontant l’histoire d’un homme fier aux aspirations nobles."

Avec De bas étage, Yassine Qnia travaille pour la première fois avec des comédiens professionnels. Il explique au sujet des deux acteurs principaux : "Soufiane Guerrab me touchait beaucoup. J’ai regardé des interviews de lui et j’ai perçu dans son visage une gravité qui m’intéressait. Je souhaitais qu’il soit sans fard dans mon film. Je lui ai demandé d’abandonner la tchatche, d’être le plus sobre et posé possible dans son jeu. Quant à Souheila Yacoub, c’est son regard qui m’a accroché. J’ai senti dans ses yeux une mélancolie et un vécu que je ne trouvais pas chez d’autres actrices. Son personnage est celui d’une fille fatiguée et je l’ai tout de suite imaginée dans le rôle de Sarah."