Malheureusement pour lui, ‘The deep house’ obéit intégralement à la notion de “fausse bonne idée”. Celle de Bustillo et Maury était limpide : tourner un film de maison hantée...mais sous l’eau, la demeure maudite ayant été immergée suite à la création d’un barrage. Sur le papier, l’idée est assez dingue pour qu’on ait au minimum envie de savoir ce qu’elle peut donner à l’écran et on imagine sans peine la prouesse technique qu’un tel tournage a exigé de ses auteurs. Ce qui surprend le plus, c’est que tous les codes habituels de ce genre de film ont pu être conservés, sans qu’on ait l’impression que Bustillo et Maury les aient insérés au forceps dans le script. Certes, vu les risques inhérents à un tournage aussi aventureux, les acteurs ont été remplacés par des plongeurs professionnels la majeure partie du temps mais ce n’est finalement pas tellement important car James Jagger (oui, le petit-fils de) et Camille Rowe ne sont pas de grands acteurs et que Bustillo et Maury, s’ils savent sortir des images impressionnantes, n’ont jamais été fichus d’écrire un personnage qui tienne la route (ni un script vraiment solide, d’ailleurs). C’est là une des limites de ‘The deep house’ mais aussi de toute la filmographie des deux réalisateurs français. L’autre écueil du film s’avère autrement plus problématique : si tous les poncifs du genre trouvent leur place dans cet environnement inédit, ils ne fonctionnent plus de la même façon que sur le plancher des vaches : en fait, ils ne fonctionnent plus du tout. Dans les premières minutes, on est pourtant fasciné par ce qu’on observe à l’écran, comme si on re-découvrait, littéralement, le film de maison hanté. Le manque de visibilité en eaux troubles, les réserves d’oxygène limitées (gimmick auquel le scénario a le bon goût de recourir avec parcimonie) et l’impossibilité physique de fuir rapidement le danger semblent même pouvoir épicer la séance...mais une fois qu’on s’est habitué à ces particularités, c’est curieusement l’effet inverse qui se produit.. On a l’impression que les plongeurs tournent en rond dans le manoir - en fait, c’est exactement ce qu’ils font - mais surtout, qu’ils le font au ralenti, ce qui est logique quand on connaît la vitesse de nage maximale d’un être humain. De même, les jump-scares deviennent de simples stand-up scares car par trente mètres de fond, même les entités surnaturelles ne lancent pas d’assaut soudain : elles flottent mollement en direction de leurs proies. Ce manque de punch est regrettable car elles ruinent toute la raison d’être d’un film d’épouvante. On avait sincèrement envie d’être surpris par le projet et dans une certaine mesure, on l’a été, au moins pendant un temps...mais au final, il ne restera de l’expérience ‘Deep house’ que la conviction qu’elle ne méritait d’être tentée que pour être définitivement considérée comme non porteuse et mise à l’écart.