Le jeune norvégien Jarand Herdal, habitué à diriger des clips musicaux, réalise et écrit ici son premier long-métrage. La programmation de Netflix en matière de film d'horreur est sans doute la plus prolifique mais aussi celle qui accumule le plus de ratés. Et "Kadaver", malgré toutes ses bonnes intentions, en fait malheureusement partie. L'idée de départ est pourtant prometteuse, avec son cadre post-apocalyptique sombre, et son synopsis original et intriguant. Alors que la famine se propage dans un pays en ruines, une famille dans le besoin se voit passer la soirée dans un hôtel de luxe afin de déguster un bon repas et d'assister à une pièce de théâtre expérimentale. Une fois les plats avalés, les spectateurs sont amenés à porter un masque pour se différencier de la fiction et peuvent suivre les acteurs selon leurs envies. Jusque là, l'amateur de film de genre que je suis se régale, flairant le massacre à plein nez, et ce, même si la crédulité des personnages est consternante. Mais il y a une singularité qui attise ma curiosité, une esthétique picturale interessante et ce concept de théâtre macabre dans la fiction, qui me pousse à croire que "Kadaver" a plus d'un tour dans son sac. Bourré de références, on pense alors à "Hostel", "Eyes Wide Shut" ou encore "Shining", et même si ce sont des modèles difficiles à égaler, on s'attend néanmoins à un peu plus d'inventivité. Car malheureusement, une fois le pot aux roses dévoilé, et il n'est pas si étonnant que ça, on a l'impression de tourner en rond en attendant un rebondissement qui ne vient jamais. "Kadaver" s'avère alors bien creux et fortement décevant, hormis quelques moments de pression bien venus... La mise en scène en devient même banale, tout comme le scénario qui laisse peu de marge aux acteurs dont le jeu nous parait limité, voire mauvais par moment (et il y avait de quoi faire avec la subtilité acteur/spectateur). Mais surtout, il reste beaucoup de zones d'ombre, du pourquoi de cette catastrophe nucléaire aux motivations profondes des personnages. Ce survival utilise donc toutes ses bonnes cartes d'entrée de jeu et se contente d'un déroulé des plus ordinaires, suivi d'un dénouement prévisible. Vraiment dommage !