Umami : les secrets du tournage

"Umami" est un terme japonais qui pourrait être traduit par "goût délicieux". Il s'agit de la cinquième saveur, après le sucré, le salé, l’acide et l’amer. C'est lors d'une conversation avec des amis dans un restaurant au Japon que le réalisateur a découvert l'existence de l'umami : "quand je leur ai demandé de définir cette saveur, ils ont été incapables de se mettre d’accord. En dehors de son aspect purement gustatif, j’ai compris que la notion d’umami relevait de la métaphysique. Je ne sais pas pourquoi — parce qu’à dire vrai, il n’y avait rien de visuel là-dedans —, l’idée m’est soudain venue de faire un film autour de cette « saveur », plutôt immatérielle par essence, mais quand même suffisamment « identifiable » puisque des millions de gens se la partagent avec délice depuis la nuit des temps."

Avec Umami, Slony Sow a voulu mettre en scène une quête, celui du "sens de la vie", qui, comme l'umami, 

existe, tout en étant ineffable : "Assez vite, j’ai imaginé que mon homme d’âge mûr pourrait être un grand chef, un grand cuisinier qui aurait toute sa vie « couru » après des saveurs nouvelles sans avoir jamais été vraiment satisfait et qui partirait au Japon pour chercher ce qui pourrait enfin combler son insatiabilité et l’apaiser ... Mon histoire était devenue concrète... C’était parti !"

Slony Sow avait déjà dirigé Gérard Depardieu dans son court-métrage Grenouille d’hiver en 2011. Il avait pu prendre contact avec le comédien par le biais du producteur Jean-Maurice Belayche : "Il est comme ça, Gérard. Il fonctionne à l’instinct ou au coup de foudre ! Il a lu le scénario, a eu un p’tit sourire en coin et il m’a dit : « OK, mais j’te préviens, j’ai juste deux jours ! Va falloir que tu t’cales entre mes engagements »... Ça a été compliqué à monter mais Grenouille d’hiver a tourné dans 350 festivals — dont Cannes — et il a obtenu 27 récompenses. Avec Gérard, on ne s’est plus perdus de vue..." 

Umami a été écrit pour lui : "Il n’y a pas une réplique de Gabriel Carvin qu’il ne m’ait pas inspirée. C’est assez facile d’écrire pour lui quand on le connait. Il a une telle richesse, une telle truculence, un tel imaginaire, un tel goût pour les mots qu’il nourrit l’écriture. Les phrases viennent naturellement."

Les scènes de cuisine en France ont été tournées dans les cuisines du restaurant de l’Abbaye de Frontevraud. Pour le réalisme des scènes, le réalisateur a fait appel à des cuisiniers de métier : "Rien n’a été truqué. Ils ont travaillé et ils ont oublié les caméras. C’est assez marrant parce qu’ils ont joué les commis de cuisine, alors que dans la vie, ils sont tous, ou presque, chefs cuisinier. L’un d’entre eux est même étoilé."

Le tournage, qui devait durer neuf semaines, s’est étalé sur un an. Le tournage au Japon a débuté le 2 février 2020. Début mars, le tournage en France se préparait, jusqu'à ce que le confinement soit annoncé le 17, censé être le premier jour des prises de vues. Le réalisateur est alors retourné au Japon pour monter ce qu'il avait déjà tourné. Il est revenu dans l'Hexagone en mai, avant de tourner en juin et juillet. "Mais il nous manquait encore toute la dernière partie du film, celle où les Japonais viennent en France. Terrorisés par la perspective d’une troisième offensive du virus, les agents des acteurs trainaient des pieds. J’ai dû attendre jusqu’en octobre. On a finalement tourné une semaine, in extremis avant que la France ne referme à nouveau ses frontières", se souvient Slony Sow.