Avis sur Le Serment de Pamfir

Avec « R.M.N. », « Le Serment de Pamfir » fait partie des quelques films qu'il faut absolument voir en salle. Il aura une vie sur les petits écrans, bien sûr, mais ce film est tellement majestueux visuellement, et tellement riche sur le plan sonore, qu'il serait dommage de le découvrir chez soi. Au-delà du soutien que l'on apporte au cinéma ukrainien en allant voir ce film, qui pourrait être considéré comme un acte de résistance, c'est d'abord du grand cinéma que l'on va voir, celui d'un jeune réalisateur imprégné de la culture de son pays, et amoureux du cinéma, dont il veut explorer les avenues visuelles, les cadres, les mouvements de caméra, à travers de somptueux plans séquences... Acteurs investis intensément dans leurs personnages, auxquels nous nous attachons, et dont le sort nous émeut et nous impressionne... Un très grand film.

Pamfir est un colosse qui a quitté son village en Ukraine, dans les Carpates, à la frontière de la Roumanie, pour aller s’employer en Pologne. La région vit de la contrebande ; mais, après un événement dramatique qui l’a brouillé avec son père, Pamfir a fait le serment de tourner le dos à cette vie-là.
Pamfir fait la surprise à sa femme, Olena, et à son fils, Nazar, de revenir au village au moment du carnaval qui s’y déroule chaque année. Mais par la faute de Nazar, qui cherchant par tous les moyens à retenir ce père absent, met le feu à l’église de la paroisse, Pamfir se voit obliger de prolonger son séjour et, pour racheter la dette qu’il a contractée auprès de M. Oreste, le parrain du village, de renouer avec un commerce qu’il réprouve.

Deux semaines après "R.M.N." sort en salles un film qui semble avoir été tourné sur l’autre versant de la même compagne qui fait la frontière entre la Roumanie et l’Ukraine. De part et d’autre de ces monts froids et embrumés vivent les mêmes communautés attachées à leurs traditions, dures à la tâche, impitoyables avec qui veut dévier de l’ordre établi. Il en a déjà cuit aux Roumains modernistes et libéraux, héros de "R.M.N." qui ont essayé d’accueillir des travailleurs immigrés sri lankais. Le même sort attend Pamfir, dans un récit qui convoque la tragédie grecque et les contes folkloriques de la Bucovine.

Comme avec "R.M.N.", on est happé par un récit haletant, mené sabre au clair, dont on pressent par avance l’issue tragique. On est fasciné par l’extraordinaire virtuosité de chaque plan, au point parfois de friser l’overdose et de souhaiter secrètement que le réalisateur et son cadreur s’abstiennent de vouloir à tout prix nous démontrer leur talent.

Manque peut-être à ce Serment, si on continue de le comparer à "R.M.N.", une scène maîtresse comme celle qui réunissait tous les habitants du village de "R.M.N." pour décider du sort de ces émigrés. Dans "Le Serment", il s’agira peut-être de celle où Pamfir combat à mains nus la douzaine de sicaires aux ordres de M. Oreste dans un combat perdu d’avance ou bien de celle où, avec trois acolytes, il traverse les bois en petites foulées pour tromper la surveillance des gardes-frontières.

Mais les deux films ont le même défaut. Leur scénario se termine sans qu’on en comprenne clairement l’issue, comme si quelques plans avaient été coupés qui en auraient rendu le dénouement plus intelligible. Dommage…

Pour son premier long métrage, réalisé avant la tentative d’invasion de son pays par la Russie, le réalisateur ukrainien Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk n’a pas fait dans la demi-mesure : il a choisi, au contraire, de mélanger le drame shakespearien et la tragédie grecque avec les mythes ukrainiens, s’inspirant du cinéma d’Emir Kusturica et de plusieurs réalisateurs américains. Le résultat dégage un grande puissance mais s’avère parfois d’une lourdeur difficile à digérer. Il peut être intéressant de comparer "Pamfir" à deux films dont les thèmes présentent des similitudes avec lui et qui sont sortis à peu près en même temps que lui : le film roumain "R.M.N". dont l’action se déroule en Roumanie, juste de l’autre côté de la frontière, et qui voit un homme revenir dans son village après un long séjour à l’étranger ; le film tunisien "Harka" dans lequel un homme est contraint, pour des raisons économiques, de prendre le risque de pratiquer la contrebande d’essence. Ukraine, Roumanie, Tunisie, des pays où les habitants vivent pour beaucoup dans la précarité, au point, très souvent, de devoir, pour survivre, s’exiler ou accepter de prendre le risque de sortir de la légalité. Des trois, "Pamfir" n’est pas le plus sobre en matière de mise en scène mais il a pour utilité de donner un éclairage intéressant sur la vie, avant l’agression russe de ce début d’année, dans une région d’Ukraine dont on parle peu.

Magnifique film. De l'action, de la tension, des sentiments. L'intrigue est foisonnante. On est surpris souvent. Chaque personnage a une épaisseur et évolue sans que ce soit explicite. La caméra est fluide. Les actions s'enchaînent avec naturel. Excellent moment sur le coup! Avec des vrais moment de grand cinéma. Puis, le film persiste dans notre mémoire, comme un classique, comme une tragédie antique! C'est fort, âpre mais on en conserve comme un goût de joie, parce que la fin est malgré tout heureuse! Un délice d'excellente qualité !

Premier long métrage de l'ukrainien D. Sukholytkyy, réalisé avant l'offensive russe de 2022, le film ( présenté cette année à Cannes, à la quinzaine des réalisateurs) fait l'objet d'un soutien de la critique professionnelle qui suscite la curiosité.

Au final, c'est, à mes yeux, une déception même si " le serment de Pamfir" se laisse voir sans effort, mais sans toutefois susciter un engouement exceptionnel.


Son intérêt commence à naître à la fin d'une première partie ( 45 minutes ) qui se caractérise par son manque de rythme et par une sorte d'engourdissement à véritablement aborder son sujet.

Portrait d'un pays où d'une communauté villageoise ( on ignorera si le point de vue concerne uniquement cette région frontalière avec la Roumanie, ou l'Ukraine toute entière) gangrenée par la corruption, l'absence de morale et de dignité, la violence et ou même la mort rôde pour celui qui ne veut pas en croquer.

C'est aussi, un hommage à la transmission de père à fils de valeurs de dignité et de droiture qui, si l'on en croit l'exemple de Pamfir, sont introuvables sur son territoire de naissance.

" le serment..." vaut pour sa seconde partie, de loin la plus accomplie dans ce film déséquilibré, qui comporte les deux scènes les plus marquantes ( celle de la bagarre à un contre une quinzaine, ainsi que celle du piège à ours) et où, enfin, le réalisateur traite de front son sujet.

On retiendra la présence charismatique de O. Yatsentyuk qui écrase le reste de la distribution par son interprétation remarquable dans ce film qui ne mérite pas les excès de louange dont il fait l'objet.

Les feux de l'actualité permettront peut-être à ce film, réalisé sans beaucoup de moyens, d'obtenir une audience d'un public curieux, mais qui risque fort de sortir de la projection sans doute plus dubitatif que convaincu.

« Pamfir » m’a transporté dans une poésie brutale et émouvante à la fois. Je me suis laissée emportée par le récit du réalisateur qui nous conte son origine par une merveille de cinéma.
Merci.

Excellent scénario, excellents comédiens, premiers et seconds rôles superbement construits, et une mise en scène à se damner ! Que demander de plus ?!? Dès la bande-annonce, on pressent que quelque chose se joue du côté de la mise en scène, dans ce film ukrainien sorti de nulle part. Et c'est bien le cas : le premier plan le démontre immédiatement. Grâce au numérique et à un sacré paquet de répétitions sans aucun doute, le spectateur suit les discussions endiablées de deux frères sur la pertinence de poursuivre leurs trafics de contrebande à la frontière roumaine. La caméra, hyper mobile, passe partout, les suit dedans, dehors, jusqu'à l'arrivée de leur mère. Ce n'est là qu'un premier petit exemple de ce qui va suivre : des plans d'une sophistication sans limite, mais jamais gratuite, toujours au service du récit, des comédiens, des dialogues. Tout y passe : d'amples plans de forêts embrumées où l'on craint les loups et les ours, tout en courant sacs de cigarettes sur le dos ; scènes d'intérieur jouant des transparences et reflets des vitres et des miroirs ; vaste cadre attrapant le moindre détail d'une préparation de carnaval dans une grange colorée ; et la folie du carnaval lui-même en d'impressionnants panoramiques et travellings captant les dizaines de figurants. Le scénario, parfaitement rythmé, avance bon train et ne laisse aucune place à l'ennui. La performance remarquable du comédien principal est épaulé par des seconds rôles tous plus bons les uns que les autres, le frère Viktor si attachant, le fils qui veut bien faire, la mère et l'épouse, le père taiseux, les deux neveux jumeaux qu'on retrouve sans arrêt, etc. etc. On est embarqué dans ce récit à leurs côtés, de la première à la dernière scène. Aucun déchet. Le seul petit bémol est peut-être que l'histoire reste une chronique familiale matinée de polar noir, et ne trouve pas la part métaphysique d'autres grands films. Mais un grand film, c'est sûr, c'en est un.

Il est assez logique que l'intérêt pour le cinéma ukrainien soit des plus vifs, ces derniers mois, avec une exposition dans les festivals à la clé et, pour plusieurs œuvres marquantes, la possibilité d'être distribuées dans le réseau des salles. Pour autant, puisque le tournage de certains films est antérieur à l'invasion du pays par la Russie, toutes les thématiques traitées ne concernent pas le conflit qui occupe les premières pages des journaux. Ainsi, l'action de Pamfir, réalisé par Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, se déroule à l'ouest de l'Ukraine, à proximité de la frontière roumaine et les sujets y sont aussi bien la corruption que la religion ou l'exil à l'ouest pour gagner sa vie. Le film brasse plusieurs genres avec une certaine maîtrise : thriller, chronique familiale, comédie, avec en sus l'atmosphère masquée d'un carnaval rural. D'une certaine manière, Pamfir est un peu victime de la richesse de son spectre narratif, avec ses personnages hauts en couleur. Ce que l'on retient avant tout, c'est la personnalité du personnage-titre, qui revient de l'Union européenne, et qui se retrouve piégé par une situation inextricable qui l'expose à renouer avec des errements passés. Peut-être que ce premier film aurait gagné à être davantage centré sur lui et son dilemme mais cela aurait été au détriment de la puissance d'un récit qui s'exprime avec agilité sur plusieurs tonalités.

Lire la critique entière ici : https://doisjelevoir.com/2022/10/31/le-serment-de-pamfir-un-homme-pret-a-tout-les-sacrifice-pour-sa-famille/

C’est le premier long-métrage de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk après plusieurs documentaires. Il a aussi écrit le scénario. Le Serment de Pamfir a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2022. Ce drame ukrainien sort le 2 novembre 2022 en salle.

Une tragédie grecque transposée dans le contexte ukrainien
Remarqué au Festival de Cannes, ce drame va nous mener dans les contrées ukrainiennes. Un voyage qui vaut le détour.

Dès le début du Serment de Pamfir, l’ambiance est clairement marquée. On sent que ce film vient de l’Est. Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk est originaire du Tchernivtsi. Le réalisateur retranscrit donc parfaitement cette région. L’atmosphère est froide. Une sensation venant aussi bien des paysages, que de la colorimétrie. La bande originale permet de mettre tous ces aspects en avant. Le summum est sans conteste la retranscription de la fête de la Malanka. Ce passage traditionnel est fantastique à voir visuellement.

[La suite sur le site]

On remarque d'emblée les similitudes avec le tout récent "R.M.N." (2022), un père force de la nature et rustre revenant d'un pays étranger pour revenir chez les siens avant de se retrouver pris au piège d'un passé et d'une certaine réalité économique, et même la Roumanie est présente dans ce film ukrainien qui a la bonne idée d'occulter la guerre avec la Russie comme pour prouver que l'Ukraine ne se résume pas à ce seul conflit, même aujourd'hui. Le récit se passe à la frontière roumano-ukrainienne, et comme toute frontière cela ouvre à la contrebande dans une région qui de surcroît rurale et sinistrée. Un polar social teinté de tragédie grecque judicieusement mis en image grâce au carnaval traditionnel qui permet un onirisme bienvenu même si on peut regretté que le réalisateur n'ait pas plus profité du potentiel iconographique et esthétique de l'événement. Pour finir, un joli casting et des personnages bien croqués même si le parallèle entre Pamfir en "homme animal" dur et sévère mais père et mari aimant avec le monsieur Oreste est sans doute un peu simpliste. Un drame avec en filigrane le poids de la religion et la corruption qui gangrène tout un pays.
Site : Selenie

A chaque semaine son film est européen (enfin dans mes pérégrinations cinéphiles).
Cette fois ci, « Le Serment de Pamfir » un premier film Ukrainien présenté dans des conditions particulières lors du dernier festival de Cannes…le montage en a paraît-il été dantesque…
Cela ne se voit évidemment pas à l’écran, avec une image superbe et un montage au cordeau.
Au fait de quoi ça parle ?
Un village de l'ouest de l'Ukraine, la veille de son carnaval traditionnel. Pamfir rejoint les siens après des mois d'absence. Les liens qui unissent cette famille sont si forts que lorsque Nazar, son fils unique, met le feu à la salle paroissiale locale, Pamfir n'a d'autre choix que de renouer avec son passé trouble afin de réparer l'erreur de son enfant. Il se lance alors dans un trafic risqué qui l'amènera à prendre des décisions aux conséquences irréversibles.
Ce film convoque le symbolisme religieux et païen afin de nous transporter dans cette région peu connu enclavée entre la Pologne et la Roumanie, dont les hommes partent gagner leur vie en Pologne (un peu comme dans R.M.N) et la contrebande sous toutes ces formes constitue un gagne-pain pour certains et un péché pour d’autres.
Un film qui semble encore une fois présenter de vastes régions des confins de l’Europe comme bloquées dans les années 50 et dans des schémas patriarcaux d’un autre temps.
A réfléchir.
Un film fascinant

Beau, âpre, instructif d'un monde et d'une culture qu'on croirait moyenâgeux, mais qui existe à deux heures d'avion, Pamfir est un film simple et tragique, avec le "fatum" en ligne de mire. Pas de digressions, pas de chichis: un sujet, un destin. La photo est magnifique, l'interprétation sans failles. Il faut y aller pour ce qu'il nous apprend sur une société qui a dû être la nôtre il n'y a pas si longtemps, où les principes, les promesses, et les sentiments ne faisaient pas forcément bon ménage avec l'instinct de survie. Pamfir se regarde comme ces films d'après guerre avec des personnages qui n'ont pas d'autre objectif que de lutter et de s'en sortir. Mais la guerre de Pamfir est économique et il est saisissant de voir à quel point elle ressemble à "la vraie" guerre… Trop classe.

Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk signe un film d’une incoyable force formelle et narrative. Cette histoire de contrebande, entre polar et drame familial qui convoque les codes de la tragédie grecque, nous immerge dans une réalité sociale et politique à la fois crasseuse et oppressante, ménageant suspense haletant et émotion sensible.
Magnifique pour le fond et la forme, un film à voir absolument !

Le serment de Pamfir est un film ukrainien magnifique où Pamfir tente de gagner sa vie pour survivre au coût de la vie et à la mafia locale. Images magnifiques, réalisation incroyable. Du grand cinéma.

Film singulier, avec beaucoup de force et de brutalité, dans un univers impitoyable……………
On essaie de pénétrer ces coutumes locales du fin fond de l’Ukraine qui nous désarçonnent mais le cinéaste a beaucoup de force et nous « scotche » souvent !!!

Partir travailler à l’étranger pour ne pas subir les combines et l’exploitation de la pègre locale, voilà le lot de la famille de Pamfir
Il y a quelque chose de délirant, « fantastique », étonnant……