Alors que la pluie n'est plus tombée depuis trois mois, la situation à Rome est sur le point d'atteindre un point de non-retour. L'approvisionnement public en eau va s'épuiser, les cafards ont infesté la ville et les hôpitaux sont surchargés de patients. Dans ce commentaire social et politique, Paolo Virzì fait clairement référence à la gestion de crise pendant la pandémie. Cependant, le propos se perd et la crise de l'eau devient vite uniquement un contexte. Le problème est qu'il y a trop de personnages. C'est un film choral, mais quand même... Il y a un chauffeur de taxi qui commence à imaginer des passagers, un homme qui s'évade de prison bien malgré lui, une femme qui flirte par téléphone pendant que son mari essaie de faire parler de lui sur internet, une famille en plein scandale à cause de leur utilisation de l'eau dans leur hôtel, etc. Il y a trop de choses et pas assez d'histoires intéressantes. Si le réalisateur s'était focalisé sur deux ou trois, ça aurait fait l'affaire, mais là, c'est confus, peu concluant et même insignifiant à la longue. Bref, ce n'est pas une grande réussite.
A partir de combien de personnages un film choral dépasse t-il la limite acceptable ? Difficile à dire, mais manifestement, dans Siccità, Paolo Virzi et ses scénaristes (dont l'excellent écrivain Paolo Giordano) ont imaginé trop large. Dans cette dystopie romaine, marquée par les sujets impactants de notre temps, du chaos climatique aux épidémies, en passant par la lutte des classes, l'incurie politicienne, les migrants ou les ravages des réseaux sociaux et du vedettariat instantané, le trop plein n'est pas loin, caractérisé par des dialogues qui n'évitent pas la démagogie. En dépit de ses défauts, le film ne manque toutefois pas de moments touchants, avec une interprétation brillante (Valerio Mastandrea, Claudia Pandolfi et Silvio Orlando en tête, Monica Bellucci se contentant de jouer son propre rôle, sans grande conviction, hélas). Outre une vision très noire de notre époque et de son proche futur, le film tente, avec plus ou moins de réussite, de montrer en quoi les interactions humaines deviennent de plus en plus arides, en temps de sécheresse endémique et de crise sociale majeure. Inutile de se référer à Magnolia, la parabole de Paul Thomas Anderson, Siccità ne plane pas au même niveau mais cela reste du cinéma d'une honnête facture, sans doute plus divertissant que réellement capable de nous faire réfléchir, au devenir de notre planète bleue ce qui restreint la portée d'un film aux ambitions démesurées.
Si c’est vraiment la fin du monde qui nous attend, c’est trop terrifiant (des cafards ? au secours ?). Étonnant : ce film m’a donné soif. Monica Bellucci dit « si c’est la fin du monde, autant mourir saoule » ou un truc comme ça. Les riches sont méchants.