“Cinq jours cet automne-là !”
Cédric Jimenez, l’un des réalisateurs français les plus intéressants du moment (avis perso), mais aussi l'un des plus critiqués depuis la claque de “Bac Nord”, va une fois encore s’imposer grâce à une autre reconstitution historique, partie prenante dans sa filmographie. Après le Marseille des années 70 pour “La French” en 2014 et la Seconde Guerre mondiale pour “HhHH” en 2017 - nous voici plongés - cette fois dans une Histoire récente - au cœur des investigations policières au sortir des attentats du 13 novembre 2015. À l’instar du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, tout un chacun se rappelle où il était et ce qu’il faisait lors de cette funeste soirée de novembre, lorsque l’impensable se produisit. S'ensuivent, des jours durant - relayés par les chaînes d’info en continu - un cafouillage d’images, de reportages, de témoignages, de langues de bois et de solennité politique, jusqu’à la saturation et l'écœurement. Avec “Novembre”, le traumatisme ne sera pas ravivé à grand renfort de fusillades, d'effets spéciaux pyrotechniques et de scènes sanguinolentes, pourtant le film se suit comme un thriller haletant. Cédric Jimenez se focalise sur les jours qui suivent l’hécatombe au travers de la traque aux terroristes survivants. Du 13 au 18 novembre 2015, dès les premiers coups de téléphone tout azimut dans les différents bureaux des forces de l’ordre et au sein des alcôves étatiques, après la première explosion au Stade de France, jusqu’à l’assaut final à l’encontre de deux instigateurs des attentats, c’est cinq jours en immersion totale avec l’antiterrorisme français que le récit de “Novembre” va s'efforcer de nous narrer. Les écoutes téléphoniques, les appels de potentiels témoins, les regroupements de renseignements, les dossiers de suspects à éplucher et les auditions, nous montrent le colossal et essentiel travail de bureaucratie pour mener à bien une enquête aux ramifications internationales. “Novembre” n’en reste pas moins un polar d’investigation au suspense incroyable, avec des scènes de filatures et de choufs impressionnantes, sans oublier les assauts répétés du RAID. À ce titre, l’épilogue est d’une rare intensité ! Cinéma-vérité oblige, Cédric Jimenez dresse un état des lieux critique des entités qui doivent protéger les citoyens (les contre-ordres, les pressions internes et les heurts entre les différents services sont passés au crible). Mais la véritable dénonciation viendra d’un prologue musclé à Athène, qui est là pour nous rappeler les errances et les hésitations des autorités (les services secrets intérieurs et extérieurs), qui savaient qu’une attaque sur le sol français était imminente, restait à savoir où et quand elle aurait lieu ? Une fois de plus, avec “Novembre”, Cédric Jimenez n’a pas choisi la facilité. Reste à savoir, si les bisounours de la bien-pensance qui avaient mis au pilori “Bac Nord” en le traitant de film fasciste, auront, une fois encore, l'outrecuidance de trouver à redire sur le côté factuel de ce récit empreint d’un devoir de mémoire ?