Les Têtes givrées : les secrets du tournage

Au départ, Stéphane Cazes voulait mélanger plusieurs envies : faire un feel good movie, parler du réchauffement climatique, filmer la nature, faire un film sur le métier d’enseignant et tourner avec des adolescents : "Avec la co-scénariste Isabelle Fontaine, nous cherchions une manière cinématographique de traiter le réchauffement climatique, qui est lent et semble parfois invisible."

"Nous avons alors découvert des images extraordinaires des glaciers, qui m’ont fasciné. J’ai tout de suite eu une envie folle de filmer cette nature, somptueuse et qui est en train de disparaître. Nous cherchions une intrigue avec Isabelle et à partir de là, la réalité a dépassé la fiction lorsqu’on a appris qu’on bâchait des glaciers pour protéger des grottes de glaces ou des pistes de ski !"

"En Italie, sur le glacier de Presena, c’est carrément sur une surface qui fait la taille de Paris ! J’ai trouvé cela fou et après avoir contacté les glaciologues Christian Vincent et Luc Moreau, nous nous sommes lancés dans l’écriture. Au même moment, Greta Thunberg et le mouvement pour le climat sont arrivés dans l’espace médiatique et nous ont donné le sentiment d’être en phase avec l’actualité."

Certains personnages ont été inspirés à Stéphane Cazes par des élèves qu'il a rencontrés lors de ses ateliers, comme par exemple cette jeune fille qui passait ses journées de cours à dormir la tête sur sa table, à ne parler à personne et à basculer dans la violence à chaque fois qu’on lui parlait.

"Avec Isabelle, on s’est aussi beaucoup documenté sur Internet. Et je suis tombé des nues quand j’ai appris que Michael Jordan avait été viré de son club de basket quand il était ado ou que Steven Spielberg avait échoué deux fois au concours d’entrée de l’université de cinéma !", confie le cinéaste.

"J’ai réalisé que les gens qui atteignent leurs rêves, dans la majorité des cas, ne sont pas les meilleurs, mais ceux qui savent se relever à chaque échec et qui persévèrent. Le facteur numéro un n’est donc pas la réussite scolaire, l’intelligence, la beauté, ou encore le fait d’avoir de l’argent, mais le courage !"

"Il faut oser prendre des risques, se planter et recommencer, encore et encore. C’est ce qu’Alain (Clovis Cornillac) va essayer d’inculquer aux élèves du film."

Stéphane Cazes a revu Le Cercle des poètes disparus. Le réalisateur voulait faire d’Alain un homme tout aussi surprenant, mais moins parfait, que le professeur Keating joué par Robin Williams. "En lui ajoutant des zones d’ombres et une part de mystère, on comprend rapidement que cet ancien entraîneur olympique enseigne à des élèves de SEGPA pour une raison cachée, et qu’il a vécu un drame", précise-t-il.

Lors du tournage, Stéphane Cazes et son équipe ont fait attention à tous les niveaux, aidés par l’entreprise Secoya, en mangeant local, bio et zéro déchet : "On a favorisé des costumes de marques françaises et/ou éthiques, les lampes à basse consommation, le maquillage bio, la déco était recyclée..."

"On a privilégié les vélos et voitures électriques pour se rendre sur le plateau. Et pour l’empreinte carbone restante, Bonne Pioche Cinéma a versé une compensation carbone à Mountain Riders, une association d’éducation à la transition écologique et particulièrement à leur projet Montagne Zéro déchets."

"A travers la création d’outils pédagogiques, la diffusion de campagnes de sensibilisation et l’organisation d’opérations de ramassage des déchets, ils incitent petits et grands à passer à l’action pour nettoyer et préserver nos montagnes des déchets", se rappelle le metteur en scène.

Les Têtes givrées a été tourné dans la région de Chamonix. Il était très important pour Stéphane Cazes que les glaciers que l'on voit dans le film soient situés en France, comme il l'explique : "Pour trouver les lieux de tournage, on a fait appel au glaciologue Luc Moreau qui s’est beaucoup impliqué dans ce film."

"C’est un spécialiste des glaciers alpins, mais aussi d’Islande et du Groenland. Ce que j’aime chez lui, c’est que, malgré le recul des glaciers et le fait que son métier puisse, à terme, disparaître, il continue à nous faire rêver avec sa passion des glaciers, ses photos magnifiques, ses aventures aux quatre coins du monde..."