Rigolade et émotion
Pour son 2ème film, - après le très original Roxane - Mélanie Auffret a décidé de rester dans la France profonde. Cette fois son action se déroule dans un petit village breton oublié du monde. Entre ses obligations de maire et son rôle d'institutrice au sein du petit village de Kerguen, les journées d’Alice sont déjà bien remplies. L’arrivée dans sa classe d’Emile, un sexagénaire au caractère explosif, enfin décidé à apprendre à lire et à écrire, va rendre son quotidien ingérable. Surtout qu’Alice, qui n'avait rien vu venir, va devoir aussi sauver son village et son école… 90 minutes tendres et réjouissantes qui ont obtenu le très convoité Prix du Jury à l’Alpe d’Huez.
Beaucoup de sujets de société regroupés dans cette comédie tendre et lumineuse : la désertification, la pénurie de services publics, la perte de lien social, la fermeture des commerces proximité et l’illettrisme… Rien que ça. Souvent, j’écris ici, qui trop embrasse mal étreint. Eh bien, cette fois, le pari est tenu avec bonheur et talent. Ce film s’appuie sur des personnages positifs, et souligne aussi l’importance de faire les choses ensemble. Le message est clair : rappeler sans cesse le côté capital du lien humain, de l’attention que l’on porte aux autres et de la bienveillance. De plus, notre réalisatrice a eu l’excellente idée de planter ses caméras à Le Juch, un petit village breton sur le fil qui se bat tous les jours pour maintenir sa cohésion sociale et son attractivité. Ce film est un succès, car, ici, rien de convenu ni de bien-pensant, mais de la tendresse, de l’émotion et beaucoup de rires.
En haut de l’affiche le duo Michel Blanc / Julia Piaton, - pour son 1er grand rôle -, font des merveilles et nous font croire à l’incroyable. Mais, ils sont magnifiquement entourés par une pléiade de comédiens et de comédiennes très inspirés. L’inusable Marie-Pierre Casey, qui, à 85 ans, a gardé tout son pouvoir comique, Lionel Abelanski, India Hair, Marie Bunel, Bruno Raffaelli, Grégoire Bonnet, et une dizaine d’enfants épatants de justesse et de drôlerie. Une preuve supplémentaire que l’on peut réussir une comédie bienveillante sur de graves sujets de société, sans tomber dans la facilité, le gnangnan ou la mièvrerie. Une comédie coup de cœur.