Grâce à moult rediffusions à la TV « The Wizard of Oz » est le film vu par le plus grand nombre de spectateurs à ce jour. A l’origine une série de quatorze romans de L. Frank Baum sur l’univers d’Oz qui, à partir de 1900, réinventa les contes pour enfant (comme le fit également J.K. Rowlings avec Harry Potter près d’un siècle plus tard). En effets, pas d’elfes, ni gobelins, ni animaux surnaturels, mais à la place un lion peureux, un corbeaux qui ne vole pas, un homme de fer qui rouille, un épouvantail sans cervelle, entourent une enfant pré adolescente au pays d’Oz. Il a bien sur la méchante sorcière et se terribles singes volants, mais aussi la gentille à la voix douce remplie de bons conseils. Le succès impressionnant de « Blanche neige et les sept nains », premier long métrage animé, décida la MGM de créer à l’écran le monde d’Oz. Porter à l’écran cet univers ne nécessita pas moins de quatorze scénaristes, cinq réalisateurs et deux producteurs. Mais il fallait trouver l’actrice pour incarner Dorothy. La MGM voulait Shirley Temple qui avait certes l’âge du rôle (12 ans), mais devant le peu d’enthousiasme du producteur Mervyn LeRoy face au pauvre talent musical de la petite, le coproducteur responsable de toute la partie « musicale », l’immense Arthur Freed, opposa son véto catégorique. Le choix se porta sur deux candidates : la très couteuse Deanna Durbin (elle figurait déjà dans le top cinq des artistes les mieux payées du monde) et un star montante : Judy Garland, qui dès le départ avait la préférence de Mervyn LeRoy. La réalisation débuta avec Richard Thorpe qui, voulant faire dessin animé, affubla d’une perruque blonde et un maquillage outrancier (avec des joues bien rouges) Judy Garland, ainsi que d’autres acteurs. Dès les premiers rushes le divorce fut total. Tout en restant dans l’univers de l’enfant, Mervyn LeRoy voulait justement s’échapper d’un monde Disneyen pour créer un vrai film. En attendant de trouver un remplaçant, George Cukor corrigea la mise en place, les costumes, le maquillage et le jeu des actrices, principalement celui de l’héroïne. Ce premier travail est la base entière du « Magicien d’Oz » que Fleming ne remit que très peu en cause (jusqu’à une seule friction avec Judy Garland). Les scènes musicales sont incontestablement les points fort du film. Malheureusement pour la gloire de Fleming, elles sont totalement conçues par Arthur Freed, tournées en test par Norman Taurog pour approbation du maître et réalisées en final par Mervyn LeRoy, excepté pour « Over the Rainbow » réalisé par le génial King Vidor (un des grands d’Hollywood, catégorie à laquelle n’appartient pas Fleming), ainsi que la partie noir et blanc en Arkansas, envol de la maison compris. En fait tout ce qui fait de ce film un chef d’œuvre échappa pour l’essentiel à la paternité de Fleming. Ce dernier prétendit s’être battu pour réintégrer « Over the Rainbow » dans le montage final, alors que totalement impliqué dans « Gone with the Wind » il ne participa ni à la réalisation d’ « Over the Rainbow », ni au montage de « The Wizard of Oz ». C’est Arthur Freed qui l’imposa à Mervyn Le Roy en échange d’une séquence chorégraphiée par Bubsy Berkley (un autre génie) : « Scarecrow’s Dance”. “The Wizard of OZ” est tellement intégré dans la culture américaine (les références dans les livres, les films et les chansons se comptent par centaines) qu’il semble impensable que lors de sa sortie, le film rencontra un succès mitigé : encensé par la critique, mais parvenant difficilement à rembourser son budget très important pour l’époque. Heureusement, en Suède, en Grande Bretagne, en Australie et en Nouvelle Zélande, le film connu un succès immense. Ce qui sera le cas en France lors de sa sortie sept ans plus tard, après son interdiction sous l’occupation. Le film respectant le roman, montre une adolescente entourée d’une équipe de gens très différents, et au fur et à mesure du déroulé de l’histoire, encense le droit à la différence, s’opposant ainsi diamétralement à la devise nazie (un seul peuple, un seul empire, un seul leader).