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    Silence
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    LeMagduCiné
    LeMagduCiné

    60 abonnés 626 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 février 2017
    Véritable testament ecclésiastique de son auteur, Silence est un chef d’œuvre traitant de la transcendance de la foi. Martin Scorsese évite la propagande religieuse grâce à un traitement psychique brillant et une image superbement travaillée. Un long métrage qui dépasse son statut de réflexion sur la religion et qui paraît nécessaire dans notre société.

    Bloqué depuis le début des années 2010 dans une filmographie à l’image clinquante (Hugo Cabret, Le Loup de Wall Street), Martin Scorsese renoue avec un cinéma viscéral et se pose en digne héritier des légendes japonaises du 7e art. Adapté du roman éponyme de Shūsaku Endō, il aura fallu presque 30 ans au cinéaste pour concrétiser son projet, au point d’être attaqué en justice pour la trop grande durée de sa pré-production. Dévoilant le combat mental de deux jésuites à la recherche de leur mentor dans un japon féodal austère, Silence s’inscrit immédiatement comme un chef d’œuvre du maître Scorsese.

    Le testament clérical de Martin Scorsese

    Nous sommes en 1956, Martin Scorsese, jeune New-Yorkais d’origine sicilienne, abandonne ses études pour se destiner à une vie religieuse et rentre dans un séminaire afin de recevoir l’ordination. Le futur génie est tellement indiscipliné qu’il en est congédié un an plus tard, mais l’expérience l’aura marqué à vie. Issu d’une famille catholique traditionaliste, le cinéaste a toujours embrassé les thématiques de la religion au sein de sa filmographie. Point de propagande théologique, seulement l’impact de la foi dans une société ou un microcosme. En témoigne ses longs métrages aussi magnifiques que controversés tels que Kundun ou La Dernière Tentation du Christ. C’est d’ailleurs lors de la projection de ce dernier que le réalisateur fait la connaissance de l’archevêque de New York Paul Moore. Celui-ci lui offrit l’ouvrage Silence, paru en 1966 au Japon et écrit par un Japonais catholique nommé Shūsaku Endō. Le livre a été plébiscité pour sa capacité à analyser les tourments psychiques d’adeptes du christianisme. Sentant que l’œuvre est idéale pour sublimer ses thématiques ecclésiastiques, Martin Scorsese se lance dans l’adaptation ambitieuse et complexe du roman. C’est seulement 28 ans plus tard que le metteur en scène réussit son pari : accoucher d’une œuvre universelle sur la foi sans faire de prosélytisme outrancier.
    labellejardinière
    labellejardinière

    72 abonnés 274 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 13 février 2017
    Scorsese ne parvient jamais à trouver le bon angle pour traiter d'un sujet qui semble pourtant lui tenir à coeur ("Ad majorem Dei Gloriam"... devise de la Compagnie de Jésus, dont nous sont si pesamment contés les malheurs dans le "Pays du Soleil Levant" du 17e siècle). Les Japonais à l'écran sont caricaturaux, les prêtres, supposément portugais, sans charisme... et tout le monde parle anglais...
    Un vrai ratage. "Silence" - on peut passer son chemin...Sans s'infliger 2 h 40 d'un pédagogisme peu inspiré !
    emma emma
    emma emma

    29 abonnés 54 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 10 février 2017
    Ah non, non et non ! Comment peut-on parler de chef d'oeuvre? Scorsese est certes capable du meilleur (au hasard: Les Affranchis) comme du moins bon (euh.. Aviator), mais là… 2H40 de creux, de vanité, un comble pour un film traitant de foi catholique, réalisé par un fervent pratiquant ! La chose qui choque d'emblée, c'est de voir des Jésuites portugais du XVII ème siècle parlant anglais, qui plus est avec des paysans japonais mal dégrossis (et vus pendant tout le film par ces gentils Jésuites comme des animaux peu évolués). Même si dans certaines scènes, ils font appel à un interprète, ils sont quand-même nombreux en 1630 dans les montagnes japonaises à maîtriser la langue de Shakespeare ! Quel exploit… Et justement, M.Scorsese, quitte à mûrir ce projet pendant près de 30 ans, pourquoi ne pas pousser le réalisme et prendre des acteurs portugais?? Moindre des choses… Alors oui, grosse production hollywoodienne oblige… Justement, les acteurs (les "stars", devrais-je écrire), parlons-en : Liam Neeson a l'air de venir tout droit du plateau de tournage d'un énième Star Wars; Adam Driver, à force de minimalisme, ne transmet plus rien (il est pourtant capable d'une intériorité si riche dans "Paterson"); Et Andrew Garfield peine à vous faire croire à quoi que ce soit, tant sa palette est restée vide de couleur (il serait en train de tourner une pub esthétisante pour un parfum de luxe, il s'y prendrait pas autrement…). Quant aux acteurs japonais, ils sont pour la plupart caricaturaux à l'extrême, à commencer par Yosuke Kubozuka (Kichijiro) qui nous fait un Judas-Sganarelle des plus bouffons (à force, ça donne un côté comique à ses scènes, que ça en est insupportable)…Il y a d'ailleurs pas mal de moments risibles, comme par exemple ce plan sur nos 2 gentils Jésuites en pleurs dans la montagne à regarder leurs villageois maltraités par les très très très méchants soldats de l'inquisiteur (Issei Ogata, le seul à tirer son épingle du jeu en insufflant pas mal de cruauté toute raffinée à son personnage pourtant là aussi très caricaturé.. Mais au moins, l'acteur prend du plaisir à être là, ça se voit, et c'est bien le seul). Pour les scènes de torture, pas d'inquiétude, elles vous passent dessus sans aucun problème (même pas mal, on n'y croit pas un seul instant). Même les décors laissent à désirer : que dire de ce plan extérieur au Portugal, en début de film, où les bateaux du port dans le fond ont l'air d'avoir été ajoutés par un stagiaire en incrustation… Bref, un beau ratage. À force d'être passé à côté de ce film pendant si longtemps, Scorsese est finalement passé à côté de son sujet-même. 2H40, c'est interminable (c'est la véritable torture du film; beaucoup de gens sont d'ailleurs partis avant la fin) tout ça pour nous expliquer que la foi, ça se porte plus au fond du coeur qu'autour du cou. En tous cas, un film grotesque, pas du tout touché par la grâce...
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 13 février 2017
    SILENCE, le nouveau Martin Scorsese débarque enfin sur nos écrans. Deux prêtres partent au Japon afin de retrouver leur mentor, ils découvriront un pays où les chrétiens sont persécutés par les inquisiteurs boudhistes.
    Le ton est donné dès le synopsis : la religion sera LA problématique du film. C'est sans doute le premier problème du film : nous sommes les spectateurs de deux hommes, particulièrement un, qui se battent pour leur foi, pour la conserver et ne pas y renoncer, quel que soit le prix à payer, et cela tombe à plat.
    On ne ressent pas assez l'enjeu, ou plutôt on y reste insensible. La raison, des éléments en soit intéressant mais sur lesquels Scorsese passe trop de temps et pour ne pas assez les développer. Le meilleur exemple de cela est le personnage de Kishijiro, un jeune japonais tiraillé entre la volonté de rester fidèle à ses principes religieux et la volonté de survivre. Ses apparitions, assez nombreuses sont toutes construites selon le même schéma ne laissant plus aucune surprise quant à leur issue et on attend juste qu'il s'en aille tellement le personnage nous ennuie.
    La mise en scène souffle le chaud et le froid, gardons le positif pour la fin. Venant d'un mec comme Scorsese, la mise en scène est parfois vraiment décevante et manque de subtilité Spoilers : spoiler: lorsque le personnage d'Andrew Garfield apostasie en marchant sur la plaque on assiste à un champ-contrechamp entre lui et la plaque représentant Jésus, le réalisateur traduit le combat intérieur de notre personnage en plaçant une voix off symbolisant la parole de Dieu. Cette scène aurait été tellement plus forte si elle était resté silencieuse, au lieu de cette grossière voix off.

    Heureusement, le film réserve tout de même quelques scènes de massacre qui arrive à maintenir notre intérêt pour une période de l'histoire méconnue que le film aurait pu mieux traiter, avec plus de profondeur qu'un simple "les boudhistes étaient méchants".
    Le film réserve tout de même une belle photographie et une belle lumière. Malgré les déceptions citées précédemment, on ne peut pas dire que le film soit mal écrit.
    Au final, SILENCE n'est pas mauvais mais reste décevant.
    Nico T.
    Nico T.

    6 abonnés 47 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 11 février 2017
    Ou l'art de nous raconter du vent ! Martin Scorcese nous a servi bon nombre de discours à propos de ce film, suscitant un intérêt tout particulier pour ce dernier et surtout chez ceux qui, comme moi, sont amoureux de ce pays qu'est le Japon. On ne tombe finalement que sur une (très) longue introspection sur la foi chrétienne de son personnage principal (qui n'est absolument pas Liam Neeson que l'on voit une trentaine de minutes à peines) pour au final aboutir à un résultat que l'on sait couru d'avance. La photo et le jeu d'acteur d'Andrew Garfield ont beau être de grande qualité, cela suffit à peine à sauver les meubles.

    Mieux vaut se tourner vers un bon documentaire pour ceux qui s'intéresseraient à cette période de l'histoire nippone. Ce sera mille fois plus instructif et nettement moins barbant que cet exercice auquel s'est livré un Scorcese voulant nous montrer à quel point il était un bon chrétien. Oui Martin, c'est bien tu aimes Jésus, mais tu n'es pas obligé de faire un film pour nous le vendre comme un concessionnaire automobile fait des pubs pour vendre son modèle préféré. On s'en fout royalement ...
    Vincent T.
    Vincent T.

    23 abonnés 134 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 février 2017
    Un grand film de Martin Scorsese très consistant dans lequel on suit la marche funèbre de deux jésuites qui réalisent un voyage dangereux dans un Japon où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés.

    A travers les péripéties douloureuses, synonymes de chemin de croix pour ces jésuites, le réalisateur offre une réflexion universelle sur la foi tout en peignant une peinture ahurissante, implacable et touchante d’un Japon ne voulant pas céder à un communautarisme religieux synonyme d’effondrement de leur civilisation. Avec une mise en scène magnifiquement pensée et une poésie du désespoir qui nous rappelle souvent Apocalypse Now (Marlon Brando étant remplacé par Liam Neeson) dans le parcours de son héros, Silence est brutal et met en perspective l’être humain en le confrontant à ses hantises les plus profondes et à ce qui le défini.

    Les paysages viennent se marier avec les thèmes du film et nous immerge parfaitement dans ce Japon du XVII siècle. La brume, la lumière et l’environnement renforce ce côté spirituel, voir mystique tout en montrant la perte de repères d’un homme confronté aux pires épreuves (douleur physique et surtout psychologique). Cette remise en question viscérale et le cheminement psychologique (croyance, humanisme, arrogance, folie, s’abandonner pour mieux se retrouver) d’un homme est très bien travaillé tant dans son récit que dans son traitement.

    Cependant, quelques baisses de rythme dans la première heure du film.

    Bref, une odyssée spirituelle grandiose qui nous fait réfléchir sur ce que l’on est.
    WutheringHeights
    WutheringHeights

    99 abonnés 930 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 9 février 2017
    Le cinéaste fait une nouvelle fois preuve de l’intelligence de sa mise en scène et de son sens de la narration – pas d’effets de manche dans ce film assez long (2h40) mais solidement écrit et sans longueurs. (...) une fresque captivante dans le Japon du XVIIème siècle et une réflexion passionnante sur la foi.

    LA SUITE :
    vincentasc
    vincentasc

    28 abonnés 148 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 20 février 2017
    Pensum interminable ! À l'image des japonais qui torturent les prêtres, Scorsese nous inflige les pires souffrances cinématographiques de sa carrière, car à part répéter son propos durant 2h40, il ne nous convainc jamais.
    Redzing
    Redzing

    951 abonnés 4 312 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 11 février 2017
    "Silence" est un projet qui tenait beaucoup à cœur à Martin Scorsese, qui a tenté de le concrétiser plusieurs fois durant près de 25 ans. En 2017, le long métrage sort enfin, et avec tout le soin que le sujet requérait. Ironie du sort, le film traite justement du thème de la foi. On y suit deux prêtres jésuites, à la recherche de leur mentor dans le Japon du 17ème siècle, où les Chrétiens sont soumis à des persécutions incessantes. On est frappé en premier lieu par la mise en scène imposante de Scorsese, qui fait des merveilles avec les paysages naturels (le tournage a été effectué à Taiwan) en jouant sur la côte grise et la végétation verte luxuriante. Sans compter plusieurs plans particulièrement esthétiques et inspirés, et des scènes assez intenses. Le film demeure pour autant assez sobre, disposant d'une BO à base de sons naturels (choix qui trouve son sens dans l'intrigue), et ne proposant que quelques personnages. Mais ceux-ci sont profondément développés : secondé par un convaincant Adam Driver, Andrew Garfield est excellent en prêtre idéaliste et humaniste, qui va peu à peu douter de sa foi, et des manières de combattre l'oppression. Face à lui, un Liam Neeson peu présent à l'écran, mais impérial dans un rôle fondamental. Appuyé par tous ces éléments, le scénario développe donc, sans tomber dans le prosélytisme ou le manichéisme, la thématique de la foi : le fait qu'elle soit tournée vers soi ou vers les autres, le risque de fermeture en se focalisant sur sa propagation, l'intolérance, etc. Beaucoup d'idées complexes, au service d'une œuvre intelligente et ambitieuse.
    Aurélie D
    Aurélie D

    1 abonné 11 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 février 2017
    Un film sur 2 axes : l'histoire des prêtres apostats au Japon, et le chemin spirituel parcouru par l'un d'entre eux (Andrew Garfield). Le film a le mérite de soulever beaucoup de pistes de réflexion comme l'intolérance des religions et la difficulté de les faire cohabiter, la Foi, l'Amour et l'Ego, la force et la faiblesse, la croyance et l'instinct de survie, l'amour de Dieu et l'amour des autres... On soulignera aussi la réussite du film réalisé sans musique ! Pour certains 2H45 paraissent affreusement longues, mais je pense que cela correspond à la complexité du chemin d'Andrew Garfield. Le sujet du film reste très original et très instructif. A noter que la VF n'est pas forcément réussie.
    Nikô M
    Nikô M

    9 abonnés 121 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 11 février 2017
    Si Martin Scorsese voulait nous amener sur le chemin de la spiritualité, je dois avouer que je me suis perdu rapidement..j'ai trouvé ce film d'un ennui intersidéral, mal joué, niais, sans émotion...2h40 d'un supplice sauvé de la noyade par la beauté de l'image... 1 sur 5
    Cynévore
    Cynévore

    46 abonnés 79 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 4 juillet 2018
    XVIIème siècle, deux jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur père instructeur disparu au cours d'une mission d'évangélisation. Arrivés au terme de leur périple, il se heurtent aux persécutions exercées par les inquisiteurs bouddhistes contre les chrétiens convertis. Les deux jésuites décident alors de se joindre à un combat de résistance contre ces inquisiteurs, en affrontant la science de leurs théologiens et la violence de leurs tribunaux. Voilà, pour faire court, l'histoire de Silence. Après 20 ans de préparation, Martin Scorcese l'adapte enfin sur grand écran et signe une de ses œuvres les plus personnelles, si ce n'est la plus personnelle, de sa filmographie. Car on sait à quelle point la question du sacerdoce tient à cœur au réalisateur, lui-même ayant voulu devenir prêtre dans sa jeunesse ; et cette intimité se ressent tout au long de son film. Chaque scène pose des questions métaphysiques; chaque plan les retranscrit parfaitement. Martin Scorsese relève le défi de ne mettre aucune musique dans son film, de réaliser une œuvre purement spirituelle, qui ne sert pas le plaisir du public mais le bien-être de son âme. Tout est Silence, dialogues intimes et combat intérieur. Tout est grave et en même temps, à la juste mesure de ce que l'histoire propose. Sans boursoufflure ni légèreté mal placée. Silence pourrait ne pas vous plaire, car le rythme y est lent et le thème difficile. Mais pour peu que vous vous posiez des questions et que vous aimiez ces thématiques, Silence a toutes les chances de vous laisser une marque profonde.
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 11 février 2017
    Le film commence. Les premières images sont belles. La mise en scène captive. Les acteurs dévoilent un charisme quasi divin. Seul bémol : le pathos s’invite également dans l’équation. Trop vite et de manière trop abrupte pour ne pas faire sombrer le récit dans un gloubi-boulga religieux proche du fanatisme.
    Ninideslaux
    Ninideslaux

    68 abonnés 226 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 février 2017
    Ce Silence, c'est le silence de Dieu. Pour ceux que l'idée de voir un film de presque trois heures sur le silence de Dieu effrayerait..... on peut rappeler que Martin Scorsese est aussi un formidable narrateur d'histoires, et qu'il peuvent aborder l'oeuvre par sa face "film d'aventures historiques". Car oui, Cristovão Ferreira, le prêtre-apostat a bel et bien existé!

    Un peu moins d'un siècle après l'espagnol Saint François-Xavier, qui avait ouvert la voie du christianisme en Inde, en Chine puis au Japon, Ferreira arrive dans la région de Nagasaki. Au début, les évangélisateurs ont été bien reçus, sauf par les moines bouddhistes évidemment! Des petites communautés chrétiennes se sont créées. Mais à vrai dire, quelle folie que de vouloir implanter une nouvelle religion dans un pays où l'empereur est un "dieu vivant", descendant du premier empereur Jinmu, lui même descendant d'Amaterasu, déesse du soleil, et comme tel, grand prêtre du shintoïsme. On voit donc mal comment un autre Dieu aurait pu s'implanter de façon pérenne. Malgré tout, une partie de la population avait été convertie.

    Le jésuite Ferreira arrive pendant le shogunat Tokugawa. Pendant les périodes de shogunat, l'empereur n'a plus qu'un rôle symbolique; c'est le shogun qui gouverne, entouré de ses samouraïs. Et le pouvoir a décidé de se débarrasser des chrétiens (il y a d'ailleurs une fermeture généralisée des influences étrangères) Par l'intimidation et la violence. Oh, les Japonais étaient très fort en matière de supplices....chinois: bûchers, crucifixions, noyades, sans oublier le supplice de la fosse où les torturés, saucissonnés, étaient suspendus par les pieds au dessus d'une fosse où leur sang s'écoulait goutte à goutte d'une petite incision faite sur la tempe... Pour y échapper, il suffisait d'une toute petite chose: apostasier, et pour témoigner de sa bonne fois, marcher sur une effigie du Christ posée à terre... Naturellement, un prêtre était une proie de choix..... Ferreira a t-il eu peur de la torture? A t-il voulu protéger les communautés? Le fait est qu'après avoir apostasié, il se renomma Sawano Chuan, épousa une japonaise, jugea d'autres jésuites et écrivit un livre La supercherie dévoilée où il dénonce la religion catholique... Il devint en quelque sorte la vedette des prêtres-apostats.

    Quand le film de Scorsese commence, deux jeunes jésuites portuguais, Sebastião Rodrigues (Andrew Garfield) et Francisco Garupe (Adam Driver) brûlent d'impatience de partir pour le Japon. Ils sont sûrs que ce que l'on raconte au sujet de Ferreira n'est que mensonge; ils veulent rencontrer le jésuite, rétablir la vérité. Devant leur insistance, leur supérieur (Ciaran Hinds) finit par céder.

    Pour accéder aux communautés chrétiennes, ce qu'il en reste, qui vivent cachées dans des petites îles de pêcheurs, les deux jeunes gens ne trouvent qu'un guide, Kichijiro (Yôsuke Kubozuka). Une épave, un ivrogne qui se défend furieusement d'avoir été converti. C'est un personnage totalement kurosawaien (si on peut formuler ce terme), à la fois dans son aspect -maigre et agile comme Gollum sous sa chevelure hirsute- et son comportement. D'ailleurs, dans la photographie, dans le comportement des personnages japonais, Kurozawa est là: Scorsese a dû beaucoup le visionner pour recréer une ambiance, un climat aussi juste.... Il y a tant de brume d'ailleurs, tant de boue que l'image semble parfois en noir et blanc. C'est le Japon où la pluie tombe sans relâche, les paysans se protégeant d'un manteau de bambous, où l'on enfonce jusqu'aux chevilles dans la glaise....

    Les deux jeunes gens sont assez différents du point de vue du caractère, l'un plus craintif, l'autre plus déterminé. Garupe va rester auprès des petites communautés iliennes qui se sont regroupés autour d'un vieux sage, Ichizo (Yoshi Oida); ils ont une foi exubérante, non dénuée de superstition...

    En tentant de retrouver Ferreira, Rodrigues est capturé. Et soumis au même régime que Ferreira, des années plus tôt: "tu vois ces jeunes chrétiens qui vont mourir? Eh bien, il suffit que tu apostasies, et ils seront libérés." Où est le bien, où est le mal? Doit il, avant tout, préserver la présence de l'église en refusant? Ou sauver ces innocents qui pourront continuer à pratiquer dans leur coin leur religion baroque? Le vrai chrétien ne doit il pas prendre le péché sur lui, apostasier -risquer l'enfer- pour sauver les autres âmes? Porté par une foi profonde, qui n'admet aucun doute, mais en même temps dans une solitude intellectuelle totale, Rodrigues n'entend que le silence de Dieu....

    Rodrigues est interrogé tantôt par un interprète (Tadanobu Asano, qu'on a vu dans Vers l'autre rive, mais était surtout, l'extraordinaire Yasaka, dans Harmonium...), tantôt directement par le terrible gouverneur /grand inquisiteur Inoue (Issei Ogata, kurozawaien à souhait...). Inoue dit des choses bien intéressantes, ou plus exactement, Scorsese nous dit des choses bien intéressantes par la bouche d'Inoue "Chaque religion est bonne pour un pays. Pour nous c'est le bouddhisme. Crois tu que tes villageois soient des vrais catholiques?". On le sait bien; pour s'implanter en Afrique comme en Amérique du Sud, l'église a du fermer les yeux sur l'intégration dans le culte de pratiques traditionnelles; quand on vit dans la nature, savane ou forêt primaire, c'est tout naturel d'être animiste. Et sans aller aussi loin, nombre de saints bretons sont des récupérations d'anciens esprits des légendes celtes. Inoue dit aussi "le bouddhisme et ton catholicisme prêchent là même chose: la compassion. Pourquoi ne deviens tu pas bouddhique?". Là aussi, derrière Inoué, on entend Scorsese.....

    Enfin, il faut revenir sur ce personnage absolument extraordinaire qu'est Kichijiro. Il a la foi: mais il a peur. Il le dit d'ailleurs dans ses confessions "Pourquoi suis je si faible? Ce n'est pas de ma faute!". Comme l'apôtre Pierre, il trahit trois fois. Finalement, c'est même le rôle de Judas qu'il va jouer, mais à chaque fois, il retourne vers Rodrigues, lui demandant de l'entendre en confession, d'écouter ses pêchés, de lui donner l'absolution. A chaque fois, Rodrigues l'accueille parce que comme prêtre il ne peut refuser d'entendre en confession une âme repentante....

    Ferreira, que l'on découvre à la fin, et qui reste totalement opaque, une énigme, c'est l'excellent Liam Neeson. Excellents ils le sont tous d'ailleurs, même si parfois, on se dit qu'on aurait aimé un acteur un peu plus dense qu'Andrew Garfield.

    Un chef d'oeuvre -évidemment-, à voir pour réfléchir quand on a le sens de la transcendance mais aussi un film humainement passionnant, somptueusement filmé, qu'on peut donc recevoir à deux niveaux de lecture.
    Claudine G
    Claudine G

    181 abonnés 485 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 9 février 2017
    Dieu que ce film est long, trop long. Certes Martin Scorsese est un excellent réalisateur mais ces deux mots apostasie ou mort qui reviennent sans relâche pendant plus de 2 h 30, c'est trop. Comment peut-on supporter ces atroces souffrances, ces massacres, ces pendaisons et cette décapitation sans se poser la question mais que fait Dieu ? Est-ce qu'il ne pardonnerait pas un petit mensonge pour conserver sa vie ? Comment ces prêtres n'ont-ils pas mieux aider les chrétiens qu'ils voyaient mourir de manière totalement inhumaine sous leurs yeux et se réfugiaient dans la prière ? N'est-ce pas à ce niveau là un certain égoïsme, voire de la lâcheté ? Je ne sais pas comment les chrétiens sont ressortis de la salle, sont-il restés aussi liés à leur Dieu, les athées se sont-ils renforcés dans l'idée que seul leur avenir est une incertitude, que seule la vie trace pour eux. Autant de questions sans réponses qui font que ce film m'a laissée perplexe quant aux phénomènes religieux.
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