Derniers Avis sur Soigne ta droite

On croit comprendre que l'Idiot (Jean-Luc Godard, acteur) doit tourner un film dans la journée, qui sortirait en salle le soir-même. Puis tout s'enchaine dans une absolue confusion.
"Soigne ta droite" est un des films les plus complexes, les plus hermétiques de Godard. Son récit est un fourre-tout sans queue ni tête auquel je n'ai rien compris. Tout le problème est là. D'ordinaire, je trouve toujours dans les films de Godard, des idées intéressantes ou, par séquences éparses, des considération plus limpides et abordables. Ici, les images et les personnages se télescopent sans raison ni lien apparents, couverts souvent par la voix off de François Périer, lequel semble discourir sur la condition de l'humanité. Mais ces commentaires, personnels ou empruntés, sont pour le moins ésotériques et inintelligibles.
Il y a aussi des scènes récurrentes, et comme hors du film, spoiler: où Godard observe les Rita Mitsouko,
nouvelles vedettes de la chanson travaillant aux arrangements de leur musique. Est-ce à dire qu'il y a corrélation entre leur création artistique et les idées philosophiques supposées qu'invoque le reste du film? En l'absence de mode d'emploi et parce je suis resté constamment en dehors du film, peu importe...
Dans ce film sans intrigue ni harmonie, où chacun des comédiens s'occupe à un numéro obscur autant qu'extravagant, je ne me suis même pas amusé des incongruité habituelles du cinéaste.

Burlesque, tatiesque et même villleresque, "Soigne ta droite" aurait presque pu être drôle. Ce qui est marrant par contre, c'est de voir tout ces acteurs de comédie (Galabru, Lavanant, Khorsand, Rufus et donc Villeret...) se laisser malmener par le plus fameux cinéaste franco suisse. Cela donne un film solaire et foutraque mais rend perplexe. Cela dit, la présence des Rita Mitsouko rend le projet par moment captivant, la caméra suspendant ses délires pour se concentrer sur le travail des musiciens comme jadis, Godard l'avait fait avec les Stones. Donc voilà, c'est foutraque, solaire, joyeusement compliqué et nuageux en fin de journée... Ha ! il faut saluer quand le même le taf de Caroline Champetier à la photo et l'inventivité des cadrages, jamais adroits et toujours un peu gauche.

On hésite à qualifier cette Chose de morceau de film ou bien de mille morceaux de mille films. Le résultat est le même : il n'y a pas d'histoire. Les propos sont tellement incompréhensibles qu'on renonce à les comprendre, la logique artistique tellement bafouée et opaque qu'on renonce à la chercher. Les acteurs ne paraissent pas croire à leur texte abstrus (même Galabru) et les Rita Mitsouko qui jouent dans la Chose ne font qu'ajouter à la confusion démente qui y règne.

Une des rares fois où la sur-théâtralité godarienne ne m’a pas parue pénible, au contraire elle est cette fois assez amusante, autant par son côté absurde que par ses situations purement burlesques, JLG campe lui même une sorte de personnage mi Charlot mi Monsieur Hulot qui tente de faire exister son propre film, Villeret et Galabru s’amusent follement dans un cabotinage délirant (les séquences du terrain de golf et de la route de campagne avec Birkin sont excellentes), ça tend même vers le cartoonesque. Et l’ambiance en parallèle avec les Rita Mitsouko répétant en studio (dans un style documentaire) donne une réelle consistance au corps du long métrage, ça frôle même la magie par moment dans le rapport de la musicalité aux images, l’alternance fonctionne assez pour faire passer ce flot de palabres pas toujours digeste de la voix off.
En surface ça reste un Godard plutôt abordable, en gros une sorte de "Film Socialisme" plaisant, en substance cependant ce n’est pas toujours évident, mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ai l’ivresse, et on ressort du film bien pompette, c’est l’important.

Godard aura été l'homme d'un grand film, Pierrot le fou, (Le Mépris ne devant sa bonne réputation que grace aux plans érotiques que le producteur a fait ajouter), sinon tout ce qu'il afait depuis ne sont que balbutiement et impostures. Godars est devenu dans ce film le roi du stabylo, il note des "belles" phrases un peu partout et veut les faire partager par ses fans. Comme disait mon chapelier devant un chapeau écrabouillé, ça n'a pas de fond, ça n'a pas de forme. C'est soulant, ininteressant et pas mal snobinard

Soigne ta droite s'inscrit déjà dans cette volonté de se démarquer du cinéma "traditionnelle". Un film collage marqué par divers hommages et diverses citations. Godard enchaine les situations, passant d'une chose à l'autre, afin de livrer différentes réflexions, que ce soit sur la vie, le cinéma, la musique, l'Art en général. On retrouve ce côté surréaliste, absurde, qui donne toujours ce côté légèrement insaisissable. Pour voir ce nouveau Godard, il faut être prêt à avoir une lecture filmique complétement différente. Il est impossible d'assimiler l'entièreté du film avec un seul visionnage, ce qui donne au final encore plus d'attrait à Soigne ta droite, puisqu'il a un potentiel de rejouabilité quasi infini. On retrouve donc ce côté un peu "fourre-tout" qui m'avait déplu dans "Film Socialisme", mais le film n'en devient pas indigeste pour autant, tout étant tourné avec énormément d'humour et même de dérision !

Théorique, forcément. Comique, assurément. Musical, aussi. Tendrement, totalement. Tragiquement. Dans ce film d'une grande richesse, on voit : des personnages aux noms d'outils littéraires, d'étranges reflets lumineux, des coupes délibérément déroutantes, Birkin en cigale, Villeret en fourmi, Galabru en pilote de ligne suicidaire, Godard en livreur de bobines, les Rita Mitsouko en plein travail, des golfeurs et des trains, des références à Dostoïevski, Popeye ou encore Louis Aragon... Soigne Ta Droite, film composite, est un itinéraire foutraque au pays du burlesque, un parcours sévèrement cocasse et mémorable en terre godardienne. Comme assez souvent avec le cinéaste l'ensemble est complexe, disparate, grande symphonie visuelle distordue, comme en bloc. De très jolies choses, comme ça. Comme hier et comme aujourd'hui. Le cinéma de Godard, vieux de plus de 50 printemps, se répond d'une année à l'autre par des aphorismes ludiques, par la durée d'un plan, par un effet sonore. Sans A Bout de Souffle... pas de Pierrot le Fou. Sans Le Mépris, pas de Masculin, Féminin. Sans Soigne Ta Droite, pas de Film Socialisme. Filmographie passionnante, fascinante, évidente même, celle de Jean-Luc a tout d'un couperet sarcastique tranchant l'opinion public : les uns n'y verront qu'une gigantesque piscine de foutre ; les autres, par persévérance ou par simple ouverture, se lanceront à corps perdus dans un océan de ravissement. Un film superbe.

C'est l'exemple parfait de ce que j'aime chez Godard, on pourrait regarder ce film 100 fois on verrait à chaque fois quelque chose de neuf, ses films sont inusables pour celui qui sait les regarder. Citations d'une beauté sans nulle pareille sur terre, dialogues excellents, une réflexion sur le cinéma, l'art, la mort, la musique, la littérature, l'écriture… Sur tout…
Le cinéma de Godard est d'après ses propres dires dans le film est du théâtre, car les dialogues sont impossibles dans la vraie vie, dans la vrai vie la communication entre deux être est impossible.
Soigne ta droite est un film barré, charmeur, des plans majestueux, pleins de sens.
Se perdre dans le cinéma de Godard n'aura rarement été aussi bon.

L'un des films les plus drôles de Godard (c'est pas dur, diront les mauvaises langues). Villeret traîne son visage ahuri dans des sketches toujours étonnants et décalés. Pauline Lafont et Jane Birkin se sont visiblement bien amuusées dans leur sketche respectif.

Jean-Luc Godard a signé l'un de ses pires films.

Film brouillon, dans le style intellectuel insuportable. Absoluement rien à voir avec "Pierrot le fou", "Le mépris" ou "A bout de souffle", ni même par-exemple avec le "Solaris" de Tarkovski.