Les éclopés de la vie
En 2021, j’avais franchement détesté le Sundown du mexicain Michel Franco. Le voici de retour avec ce drame de 100 minutes que, cette fois, j’ai beaucoup appréciées. Comme quoi, les a priori sont mauvais conseillers… Sylvia mène une vie simple, structurée par sa fille, son travail et ses réunions des AA. Pourtant, ses retrouvailles avec Saul bouleversent leurs existences, réveillant des souvenirs douloureux que chacun avait enfouis jusque-là. Le pitch, - rendons lui grâce -, pour une fois, est particulièrement simplifié… pour ne pas dire simpliste, par rapport à la réelle complexité de ce scénario passionnant, original et bouleversant.
Une superbe love-story entre deux quarantenaires pas épargnés par la vie, qui fait penser – excusez du peu – au grand John Cassavetes. Les deux personnages connaissent en vérité des parcours terrifiants que l’on découvre peu à peu au fil de l’intrigue et des liens qui se tissent entre eux. Et même si on nous parle de démence, d’alcoolisme, d’abus sexuel, le film n’est jamais pesant car il évite toute surenchère dans le pathos. Bien au contraire, on assiste à la réparation de ces deux vies brisées et le scénario a l’intelligence de ne pas nous imposer une fin. Pour une fois le cinéaste mexicain ne nous donne pas envie de nous pendre en sortant de la salle de ciné. Un bijou de délicatesse et d’émotion porté par un couple de comédiens en état de grâce.
Jessica Chastain est une actrice +++. Ici, sans artifice, sans maquillage, vêtue des mêmes vêtements, - qu’elle a d’ailleurs achetés elle-même dans un magasin discount, précise le dossier de presse -, elle donne chair à une femme dans le doute et le déni. Elle forme avec Peter Sarsgaard, - primé à Venise pour ce rôle -, un des couples de cinéma de l’année. A leurs côtés on remarque la jeune Brooke Timber et Merritt Wever. Ce drame renverse les codes de la comédie romantique en filmant un homme qui fait tout pour retrouver la mémoire et une femme qui fait tout pour oublier son passé. Un mélo sec et poignant. N’hésitez pas.