L'envie est très forte,après avoir vu Rendez-vous à Tokyo, de rembobiner le film, qui commence peu ou prou par la fin de l'histoire. Comme dans Irréversible, mais pas dans la même tonalité, le long-métrage nous entraîne à rebours, d'année en année, dans une histoire d'amour plus mélancolique que romantique, où le sentiment d'amertume persiste après le temps révolu. Le dispositif en flashbacks successifs, que propose le cinéaste japonais Daigo Matsui, déjà auteur d'une dizaine de films mais méconnu en France, n'est pas totalement concluant, tout du moins dans sa première heure, et fait se demander, comme toujours en pareil cas, ce que cela aurait donné si la chronologie n'avait pas été inversée. L'intrigue centrale entre une chauffeuse de taxi et un ancien danseur est somme toute banale et évite volontairement tout effet mélodramatique. Largement tout aussi intéressants sont les à-côtés : un personnage qui attend sa femme sur un banc, les clients dans le taxi, les conversations avec un barman, Winona Ryder dans Night on Earth ..., bref, toute une série de vignettes, qui reviennent régulièrement, et créent une ambiance qui alterne entre tristesse et gaieté. Les deux interprètes principaux, et surtout Sairi Ito, à la sensuelle voix rauque, sont pour beaucoup dans le charme vaporeux et quelque peu évanescent que distille le film, au fil des minutes.