Ce qui me frappe dans " Priscilla" c'est sous la douceur de la forme, la force muette des images. Sofia Coppola sait voir la passivité étrange et alanguie des adolescentes. Elle attrape l'image, l'apparence et ce qui en elle, ne va pas. Ce qu'elle accentue. Ce qui me frappe, c'est le déséquilibre permanent de Priscilla et de son couple. Elle est si petite. Elvis est immense. L'acteur australien, Jacob Elodi est très beau, à jamais longiligne, à la différence d'Elvis. Priscilla est incarnée par une actrice étonnante, Cailee Spaeny, joliment et naturellement adolescente qui devient une femme plutôt caricaturale, excessive et triste. Sofia Coppola ne centre pas son film sur le chanteur adulé mais sur son épouse esseulée. Et l'apparence est essentielle. Priscilla est toute petite et bien que ronde, paraît frêle. Elle tombe amoureuse de l'idole et peu à peu se métamorphose. Sa chevelure châtain, légère et folle devient, à la demande du Prince, noire de nuit et elle gonfle, gonfle. Casque énorme, semblable aux perruques du Grand siècle. Ses robes gonflent, gonflent selon la mode des années 50-60. Sofia Coppola n'est pas grandiloquente, elle montre et grossit les détails de la féminité : vernis à ongles, faux cils, rouge à lèvres, miroirs, bigoudis et brosse à cheveux. Priscilla se soumet, silencieuse. Juste OK....OK...Un choix de robes et de couleurs devant Elvis et sa bande d' inséparables amis-hommes, se terminera par une sentence semblable à "Seul le bleu te va".
Elvis Presley n'est pas montré véritablement dans sa déchéance physique, dans son obésité. Il est une sorte d'adolescent prolongé, recherchant dans les amphétamines et la poupée qu'il a épousée stimulation et protection. Compagne de jeux obéissante, doux oreiller, épouse et mère mais jamais objet de désir. Impuissance ? Homosexualité refoulée ? Sofia Coppola ne dit rien. Que le désarroi d'une jeune femme dans la prison dorée de Graceland et les atours mortifères de princesse au bois dormant.