Avis : L'Affaire de la mutinerie Caine - Page 2

étonnant que je sois le premier à mettre cinq étoiles... c'est pourtant un chef d'oeuvre !
étant fan des huis clos, celui-ci qui en est (presque) un me faisait de l'oeil, et en plus il s'agit du dernier friedkin (rip)
le casting est parfait, composé principalement d'acteurs venant de séries télé et gagnants à être connus (notre bon vieux kiefer "jack bauer", l'impeccable jason clarke, le regretté lance reddick et le jim halpert 2.0 jake lacy), les joutes oratoires remarquables et les rebondissements et émotions foisonnent à gogo
ça faisait longtemps que j'avais pas pris un tel pied devant un film (vu le désert actuel...), c'est dommage que celui-ci ne soit pas sorti au cinéma

William Friedkin a dit de La loi de Téhéran, c'est "l’un des meilleurs thrillers que j’aie jamais vus". Au visionnage de "L'Affaire de la mutinerie Caine", je comprends : il y a un même travail autour des figures-types confrontées aux sentiments humains qui se répond. Le film (de Friedkin) est un peu lourd, certes, le dispositif faussement cru en huis-clos fait suffoquer. Mais n'est-ce pas une des marques du réalisateur? Du réalisme - ici par la simplicité de la mise en scène, des personnages en uniforme classique, une cour martiale dans son plus simple appareil, des figures campées. Une lente montée en puissance avec changement de point de vue : dans la loi de Téhéran, on passe du flic au voyou ; ici on passe de la situation "pauvre second & méchant commander" à un climax qui retourne tout - et on s'y attendait. Mais comme le dit Friedkin à propos de l'exorciste, évidemment qu'on s'attend à tout, ce n'est pas l'important, ce qu'on vit en regardant le film c'est la douce infusion d'une idée, d'un concept. D'aucuns, comme Libération, on dit que le film était limite réac. Bon, ils n'ont pas compris le concept. Dans ce film, ce n'est pas le bien contre le mal, c'est la dignité. Et la dignité, si on lui retire toutes ses acceptions bourgeoises, est une affaire sociale. Quand Victor Hugo écrivait sur la dignité des pauvres, il savait très bien que ça transcendait les affaires de classes, ça touchait directement aux corps des êtres humains ou à l'Être des corps humains. Dans L'Affaire de la mutinerie Caine, Friedkin fait la même chose. Peu importe que l'on parle des USA glorieux dans leurs velléités guerrières - ça aurait pu être l'histoire d'un procès au Kurdistan -, ce dont on traite ici, c'est de ce qui DOIT rester d'humanité dans la justice, qu'elle soit divine, royale, étatique, martiale ou communale, c'est - comme dans la loi de Téhéran - des problèmes éthiques qui occupent chaque être humain, même pris dans un système foncièrement oppressif. En cela, le dernier film de Friedkin est un grand film.
ps : je vous laisse, je vais re-regarder French Connection...