Avis sur La Volonte du mort

La Volonté du mort est un film qui semble faire l’unanimité sur un point : si ce n’est pas un chef-d’œuvre, c’est au moins un film très réussi, original de par son mélange des genres. On se croirait tour à tour dans un Agatha Christie, une partie de Cluedo, un film d’épouvante de la Hammer, le tout servi avec un humour gentillet très sympathique.
L’histoire en elle-même n’a rien d’exceptionnelle avec cette histoire d’héritiers réunis pour l’ouverture d’un testament, et qui vont se retrouver confronter à une sombre histoire de maniaque rôdant dans les alentours. Pour tout dire, il y a des invraisemblances, presque inhérente au genre, avec ces personnes très inquiètes mais presque toujours seules, et le film ne s’attarde peut-être pas assez sur son intrigue. Il est aussi un peu long à se mettre en place. Malgré ces lacunes, reste que le mélange des genres est efficace, le comique de situation est souvent bien vus, tout comme l’humour noir, et c’est difficile de bouder son plaisir devant un métrage éclectique mais intelligent, qui entretient tout de même bien son suspens.
Les bons acteurs sont sans doute pour beaucoup d’ailleurs dans l’intelligence du film et son caractère accrocheur. Car c’est vrai que la narration est parfois un peu molle, notamment sur la première partie, et c’est là où les interprètes, bien dans leurs rôles, souvent drôles de par leurs expressions, prennent le relai pour maintenir l’attention du spectateur. On retrouve d’ailleurs un peu dans ce film les rôles d’un Cluedo ! Casting pléthorique certes, pour un film court, mais chacun est bien à sa place et campe des personnages truculents avec une vraie écriture derrière. Laura La Plante, resplendissante de charme (sa blondeur et la pâleur de sa peau brille d’ailleurs dans ce film sombre) tire son épingle du jeu, mais l’acteur, bien que secondaire, qui m’a le plus marqué c’est le laitier. Quel physique ! Il apparait pour deux scènes en gros, mais c’est le genre d’acteurs rêvé pour faire un film inquiétant. En tout cas de bons acteurs et de bons rôles, rien à redire.
Sur la forme il y a des idées intéressantes. Déjà le réalisateur parvient à faire oublier souvent le huis-clos, et il serait malvenu de penser voir une sorte de pièce de théâtre ici. Le manoir semble gigantesque, car on explore de nombreuses pièces, et les décors sont très soignés. Le film est visuellement beau, avec une mise en scène très maline qui recourt parfois à des procédés originaux, peu vu. C’est le cas de certains cartons pour les répliques qui s’affichent à l’image des BD, c’est-à-dire plus gros, ou avec des répétitions, avec une typographie différente, en fonction de l’intonation avec laquelle c’est dit. Il y a même quelques plans cartoonesques. En tout cas le film a une belle ambiance, et il est soigné, un métrage fort agréable.
En conclusion, La Volonté du mort est un film qu’il serait dommage de louper si vous êtes amateurs proches de Cluedo (le jeu et le film d’ailleurs), des Agatha Christie, et cela dans un univers un peu plus proche de la Hammer que les adaptations habituelles. C’est amusant, très bien interprété et souvent intelligent. 4

La volonté du mort est un film muet vraiment très intéressant pour l'époque.
Tourné en 1927 par le réalisateur Paul Léni, ce film qui mèle comedie et épouvante s'avère être une bien jolie découverte. Ce long métrage baigne du début jusqu'à la fin dans une atmosphère insolite, qui à du faire sensation à l'époque.
Les comédiens sont tous très bons et participent grandement à la qualité de ce film.
Voilà donc un film a découvrir, vous passerez vraiment un bon moment à le regarder.

15/20

Film vieilli , adaptation d'une pièce de théâtre , et donc économe de ses moyens, il n'en offre pas moins un interêt historique car le cinéaste, venu de l'expressionnisme allemand , ajoute à l'ambiance inquiétante un humour bienvenu qui va devenir un des codes des futurs films d'épouvante . Les historiens du cinéma apprécieront . Les autres passeront tout de même un bon moment devant un film muet qui sait jouer des éclairages , propose quelques effets de mise en scène intéressant et quelques visages photogéniques .

Dans le cinéma muet l’expressionnisme allemand a représenté un sommet (inégalé ?) d’invention et de poésie visuelles. Paul Leni est un grand décorateur et metteur en scène de cette école et son art fait tout l’intérêt de « La volonté du mort » qui, autrement, repose sur une histoire entre policier, épouvante, faux surnaturel et comique, tellement typiquement anglo-saxonne qu’elle en est assez conventionnelle. Plutôt que les effets d’ombres et de lumières, Leni joue sur les décors biscornus, les travellings vertigineux, les expressions de visages outrées, les accessoires insolites et effrayants (les mains comme des araignées sortants de nulle part…) et c’est un enchantement. L’expressionnisme allemand aura été une source féconde du cinéma américain (du film noir tout particulièrement) juste avant et après que le régime hitlérien l’aura cassé net dans son pays d’origine.

Mélange de mystère, d'épouvante et de comédie, la première réalisation américaine du cinéaste allemand Paul Leni est un délice à regarder. Gratifié d'un esthétisme expressionnisme et deux plans subjectifs superbes, le film est un savoureux mélange pour l'atmosphère d'une bonne part d'Agatha Christie avec un soupçon d'Edgar Allan Poe avec une intrigue policière, qui malgré quelques invraisemblances, tient en haleine jusqu'au bout. Les acteurs sont très bons surtout pour la très photogénique Laura La Plante et Creighton Hale dont l'aspect physique n'est pas sans faire penser à celui d'Harold Lloyd. On est très loin du ridicule de la version de la fin des années 70 avec Wendy Hiller. Franchement je ne vois pas de raison pour se priver de cette perle agréable du muet.

Film d'épouvante assez bien fait; le style associé à cette époque (à savoir le noir et blanc, les prises de vue prolongées, les dialogues écrits sur des panneaux entre deux prises,etc.) rend l'ambiance flippante, puisqu'il s'agit d'une intrigue fantastique dans un huis-clos. J'avoue avoir frissoné plus d'une fois sur la musique sifflante (style unique, vous reconnaitrerez) que je regrette voir disparaître des films d'épouvante d'aujourd'hui d'ailleurs. C'est ce que j'ai le plus aimé! Sinon, l'intrigue est plutôt bonne_ bien que basée sur un classique problème d'héritage: les chats sont les héritiers et le canari le milliardaire qui meurt au début du film: "the cat and the canary"(titre anglais)... Que les cinéphiles n'hésitent pas à regarder "La volonté du mort", film où finalement tous les accents sont bien connus mais dont on a ici grand plaisir à retrouver leurs origines.