Difficile d'être objectif quand, c'est mon cas, on aime passionnément Rome, le cinéma italien, Anna Magnani, la grande chanteuse Mina (ah, la chanson "Povero amore" !) et la "pasta" que l'on déguste dans les "trattorie" bruyantes et chaleureuses du Trastevere. Le film use de ces ingrédients en agréables clichés. On est loin, cela disant, de l'exaltation, de la folie, qui faisaient l'originalité de "La grande bellezza" de Sorrentino, même si l'histoire développée ici n'a rien à voir. Tout le scénario repose sur un rendez-vous manqué qui va hanter douloureusement les deux principaux protagonistes tout au long de leur vie. Des "années de plomb" à nos jours, ces deux hommes faits pour s'aimer ne pourront s'accomplir, séparés, dans leur existence, malgré leur réussite sociale. Le film d'Oztepek, cinéaste très inégal sans génie, nous touche cependant, car l'amour, qu'il soit homosexuel ou autre, est universel. Il y a toutefois quelques grands moments : la rencontre, les premiers enlacements filmés avec pudeur (on n'est pas dans "Elite"), et, vers la fin du film, la réaction de l'épouse de Pietro qui comprend la douleur de l'homme qu'elle aime et qui n'a jamais été tout à fait sien. Il y a quelques maladresses et imperfections (le maquillage des acteurs "vieillis"), mais aussi une belle interprétation, dont ces deux beaux Italiens bouleversés, bouleversants. On peut déplorer que Netflix défende si mal ce film qui, sans atteindre jamais au chef-d'oeuvre, mérite mieux que cette diffusion quasi confidentielle.