(...) c'est hyper efficace en terme de narration et de mise en scène. Le découpage est fluide, la lumière est magnifique, les acteurs sont excellents (Glenn Close méritait bien un Oscar tant sa peinture de la folie est convaincante, sans grandiloquence et parfois assez subtile, Michael Douglas est très bon lui aussi, ne surjouant pas et il se révèle convaincant en bon père de famille qui dérape, exploitant bien les failles du personnage, Anne Archer est également bien mise en valeur, avec un scénario qui lui donne un peu d'épaisseur et de consistance) et le scénario ménage bien ses coups de théâtre et la progression de la dramaturgie, avec un crescendo bien assuré. La musique de Maurice Jarre est également assez réussie, jouant brillamment avec les codes du genre, et notamment ceux initiés par Bernard Herrmann. Un thriller plus ou moins sulfureux nanti d'une couche moralisatrice qui jouera finalement en sa défaveur au fil du temps, prétexte pour descendre le film sans s'attarder sur ses qualités cinématographiques, pourtant bien réelles. (...) Ensuite, je trouve que le portrait de la "méchante" Alex est assez nuancé. J'ai eu du mal à la détester totalement, dans un premier temps bien évidemment, car après, elle traverse les frontières de la folie et commet des actes irréparables. En ce sens, elle se rapproche un peu du psychopathe Candy dans "Les nerfs à vif", surtout la version de 1962 avec Robert Mitchum et Gregory Peck. Son but est noble, ses motivations sans doute légitime, mais ses méthodes sont indéfendables, et ça reste dans les deux cas des être profondément torturés et assez complexes. Alex peut légitiment s'estimer manipulée et rejetée par Dan. Il s'échappe vite après la nuit torride, il refuse une séance à l'opéra avec elle qui n'engageait pas forcément à plus et il apparaît assez lâche et parfois injuste avec elle. La soirée à l'opéra est la vraie bascule dans l'esprit d'Alex, parfaitement illustrée par ce plan d'elle en train de jouer avec l'interrupteur de la lumière de sa chambre (efficace moment de mise en scène). Mais encore une fois, difficile de la suivre jusqu'au bout, surtout quand la situation est clarifiée par Dan. Parlons donc maintenant de ce brave Dan, campé avec autorité et quelques subtilités par Michael Douglas. Au cours de sa carrière, le beau Michael aura donc souvent joué l'homme manipulé par des mantes religieuses, puisqu'on le retrouvera ensuite en flic mené par le bout de sa b*** par Sharon Stone dans le vénéneux "Basic instinct" de Paul Verhoeven, et qui subira les manipulations et les assauts sexuels d'une Demi Moore très entreprenante dans le plutôt moyen "Harcèlement" de Barry Levinson. Ici, il est d'abord un peu lâche, un peu confus, un peu perdu, n'assumant jamais totalement, et réagissant parfois trop tard, et de manière toujours excessive, aux situations qu'il a finit par crée. L'acteur joue parfaitement ces moments où il est perdu, un peu hagard, comme aspiré par le vide qui s'offre à lui. C'est d'autant plus remarquable que Douglas jouait en même temps le rôle du très carnassier et très confiant Gordon Gekko dans le "Wall Street" d'Oliver Stone (il avait accepté les deux rôles et avait aménagé ses plannings sur les deux films). La critique complète sur thisismymovies.over-blog.com