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overlook2
29 abonnés
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4,0
Publiée le 19 septembre 2016
Tavernier orchestre ici la confrontation de deux monstres : le tueur en série mystique et le juge machiavélique. Deux monstres d’acteurs aussi – Noiret confirme la richesse inouïe de sa palette et Galabru surprend par la puissance de son jeu. Evidemment, le cinéaste n’a pas choisi par hasard cette histoire contemporaine à l’affaire Dreyfus car il s’agit aussi de faire le portrait d’une société réactionnaire, gangrénée par le racisme et la violence des rapports de classe. Toute ressemblance avec la société giscardienne de l’époque n’est pas complètement un hasard. On peut ainsi voir notre assassin comme une victime de l’incurie des services sociaux et des institutions hospitalières, mais aussi comme une victime de cette société qui assène chacun à sa place et reproduit l’injustice de classe. Le combat du juge, lui, est révélateur du pas pris par la bourgeoisie sur l’aristocratie (Jean-Claude Brialy, bien conscient de sa vacuité, qui finit par se suicider) et Tavernier, en faisant de ce juge un personnage frustré et revanchard écorche évidemment son caractère bien pensant – voir ses rapports plus qu’ambigus avec une « fille du peuple » (Huppert, resplendissante). Le film fait aussi écho au débat sur la peine de mort qui secoue la société française en ce milieu des années 1970, faisant preuve d’une belle virulence, tout en évitant la complaisance (Tavernier ne minimise pas l’horreur des crimes de Bouvier)… Tout cet arrière-plan politique pourrait devenir indigeste, mais Tavernier joue avec subtilités de ces allégories, parvenant à conserver une vraie ambivalence à son récit et surtout à ses personnages (l’Assassin n’est pas idéalisé et s’avère presque aussi retors que le Juge – leurs rapports donnent au film une belle complexité, tandis que ce même Juge, en plus de son combat personnel et égoïste, mène aussi un combat pour la vérité). Dommage que dans son épilogue, le cinéaste se sente obliger de souligner lourdement (et très maladroitement) cette dimension politique que le film avait jusqu’alors habilement embrassé. On notera enfin la grande tenue de la mise en scène, qui se fait élégiaque quand elle accompagne les crimes alpins de Bouvier et d’une précision diabolique quant elle suit l’affrontement des deux hommes dans le huis-clos de la prison.
En 1893 le juge Rousseau tente de prouver la culpabilité de Joseph Bouvier, tueur en série de bergers et bergères... Tavernier au sommet de son art orchestre un passionnant face à face avec en toile de fond la vision critique d'une époque. Le film doit beaucoup à la rencontre de deux acteurs d'exception : Philipe Noiret et Michel Galabru qui trouvait là son meilleur rôle et décrochait un César d'interprétation en 1977. Une œuvre majeure pour le cinéma français c'est certain
Le Jack l'Eventreur français. Plusieurs choses sont sensationnelles dans ce film : l'interprétation de Galabru (absolument époustouflant dans ce role), l'ambiguité de son personnage, l'immersion dans une France qui peinait à reconnaitre l'irrésponsabilité pénale pour les malades mentaux, ce combat tacite entre un juge et un assassin ..
Vraiment un beau film, un peu dur parfois, mais jamais glauque. A voir!
En opposant ces deux personnages, c’est en fait toute la société française de la fin XIXème qui est passée au crible. Et l’analyse est suffisamment poussée pour présenter tous les points de discorde du moment : petite bourgeoisie contre masses populaires exploitées, calotins contre anticléricaux, conservateurs contre anarchistes héritiers de Ravachol. Jusqu’au scandale qui remua alors le pays tout entier : l’affaire Dreyfus. Et en Galabru, absolument extraordinaire en assassin, Noiret le juge aux multiples facettes trouve un faire-valoir servant ses hautes ambitions. Mais c’est là encore un prétexte pour dénoncer les lynchages d’une patrie qui juge au faciès, et qui surtout condamne avant de juger.
Un pur moment de bonheur,le rêve de tout cinéphile.Des décors naturels grandioses, un sujet important, des acteurs habités par leurs personnages et une musique de circonstance. Merci à Bertrand Tavernier qui réalise un chef-d'oeuvre absolu et à Michel Galabru pour cette performance inoubliable.
Hormis la comparaison choquante entre les victimes du capitalisme et les crimes commis par Joseph Vacher (pour relativiser les crimes de Vacher ou même presque les excuser) ce film est marqué par "l'affrontement" entre deux personnages, une lutte des classes entre le juge bourgeois, quelque peu suffisant, incarné par un très efficace Philippe Noiret qui représente la France conservatrice, colonialiste et antisémite (antidreyfusard), et l'assassin, Joseph Bouvier, issu de la paysannerie, qui se revendique comme étant anarchiste incarné par un remarquable Michel Galabru (peut être son meilleur rôle).
Bonjour , premièrement la fin du film est quasiment entièrement tourné à une ancienne usine qui se trouve entre Saint-Julien en saint-Alban et flaviac dans l'Ardèche à trois quarts d'heure de route de Valence, et pour préciser le gamin à la fin sur les escaliers pendant le générique ett bien c'est moi j'avais 9 ans on peut également m'apercevoir en a une deuxième fois contre une calèche au moment Isabelle Huppert passe et chants pour se diriger vers le portail il y a également ma sœur qui a acheté pack laver 7 ans une petite blonde sous le drapeau français à côté d'une fille un peu plus âgé d'une quinzaine d'années, voilà sinon j'en ai encore des souvenirs ça a été 2 jours formidables et pour le film je trouve qu'il est très bien tournée.
Comme d'habitude chez Tavernier, du cinéma honnête et courageux, engagé sans oublier pour autant le plaisir du spectateur. Le film est histoire d'oppositions, entre les splendides extérieurs ardéchois dans lesquels évoluent le tueur et les intérieurs feutrés des notables, entre la violence aveugle et folle et le système "répressif" qui condamne aveuglément. Ici, la justice cherche à minimiser la folie de Bouvier pour mieux en faire un exemple d'anarchisme pernicieux. Enfin, opposition entre Galabru, étonnant et habité, et le toujours impeccable Noiret. Un homme ambitieux et policé, mais dont les pulsions peuvent ressortir à tout moment. Tavernier, comme à son habitude, soigne le contexte historique, laissant une (trop) large place à l'atmosphère anti-dreyfusard, et conclut son film par une envolée socialisante un peu chargée, dont lui-même a reconnu qu'elle était ratée. Le carton final, qui fit beaucoup parler, est audacieux. Loin de minimiser les meurtres de Bouvier, il rappelle qu'une autre violence était tout aussi présente, la violence de l'Etat et de la société en cette fin du 19ème siècle
Un film bien écrit avec de très bons dialogues. Noiret et Galabru sont excellents dans leur rôle. Le scénario se tient dans un contexte historique retranscrit de manière omniprésente. Une bonne réflexion sur la folie et l'ambition. Le film manque cependant de rythme et de dynamisme. A voir.
Bonne entrée en matière pour découvrir Tavernier. Noiret est juste. Le film fait aussi la lumière sur un Galabru dont on avait oublié le jeu dramatique. À voir.
Intéressant de revoir ce film avec beaucoup de recul tant il avait eu de succès à sa sortie. Ce qui reste c’est un excellent numéro d’acteurs et Galabru complètement à contre emploi en tête. C’est aussi l’inoubliable passage avec l’orgue de barbarie de Jean René Caussimon. Mais c’est malheureusement une fin complètement ridicule qui tombe comme un cheveu sur la soupe, probablement un exercice obligé dans le monde artistique français de la fin des années 70.
Des paysages superbes, des décors et des costumes riches, des personnages fouillés. L’assassin est crillant de vérité, fou mais pas trop, inquiétant mais aussi faisant pitié. Le juge m’a moins convaincu, même si sa droiture et son côté guindé sont compréhensibles. Un film qui se termine sur une note politique révolutionnaire communarde.
fabuleux galabru loin de ses autres nanards , formidable film sur un tueur en série (non reconnu fou) dans les années 1885 , grand film . on est un peu " dans la tête du tueur " . Très belle chanson de caussimon . La remarque finale est typique des années 1970 , 35 enfants assassinés et 2500 enfants morts dans les mines , genre .
Avec « Le Juge et l'Assassin », Michel Galabru démontre qu’il fait partie des plus grands comédiens du XXème siècle. Quelle interprétation magistrale ! Il est complètement habité par son rôle et il arrive parfaitement à retranscrire toute la complexité psychologique de son personnage (assassin mystique), qui restera toujours un mystère pour nous (on dépasse la problématique du fou/pas fou pour entrer dans une autre réalité). Il alterne moments de tendresses mystiques avec des saillies violentes (« C’est encore trop bien pour vous ! Sales petites putes ! Vous avez de beaux petits culs mais c’est les bourgeois qui en profiteront ! Et Bouvier, macache bono bezef ! », « Vous n’êtes bon qu’à excommunier ceux qui manifestent le 1er mai ! Curé de riches ! », « Bandes de charcut-chrétiens ! De traine la mort ! Bourgeois de mes couilles ! Je suis l’anarchiste de Dieu ! », « La République est moins que rien ! Ceux qui nous gouvernent sont des canailles et des curés ! Vive l’anarchie ! Vive Ravachol ! »). Philippe Noiret joue très bien, mais Michel Galabru éblouit ! Le climat de la fin du XIXème siècle ou l’Église se défend contre la sécularisation de la société et où les socialistes et les anarchistes s'activent est très bien rendu.
Le film aurait pu être génial mais c'est raté. Le seul crédit est à mettre au profit des acteurs.
Tavernier s'est essayé à un pamphlet politique façon Germinal avec Zola et Dreyfus omniprésents alors qu'il a entre les mains ce trésor avec cette affaire criminelle sur un tueur en série pédophile qui est une première judiciaire mais ne devient au plus qu'un prétexte pour asséner ses vérités
Ce qui gache totalement la prestation exceptionnelle de Galabru et un César amplement mérité.
Son interview pour Arte en 2019 ne vient même pas atténuer cela où il se montre sous un jour assez pitoyable chargeant même son chef décorateur qu'il nomme et qualifie de médiocre pour des affiches que lui même aurait très bien pu filmer de façon moins ostentatoire, cela sans rendre justice a un travail bien visible sur cette reconstitution historique.