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    Contretemps
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Contretemps" et de son tournage !

    " Une horloge dans la tête "

    Jean-Daniel Pollet revient sur l'idée de Contretemps : " J’ai fait ce dont j’avais envie depuis longtemps : passer des 40 minutes de Méditerranée à un film-essai où je reprendrais les mêmes motifs mais qui durerait 1h50. Je suis parti de la durée. Cocteau dit : “ Tout metteur en scène a une horloge dans la tête, il sait s’il part pour 6, 60 ou 90 minutes. ” Là, je partais pour 1h50 et ça m’a demandé quatre ou cinq fois plus d’énergie que pour une durée de moitié. Pas un sou. Au début, il n’y avait pas la Sept. J’ai fait le Bernard Palissy de la pellicule. Je coupais dans mes copies. Tous les films en morceaux. Il fallait trouver un autre principe de montage que Méditerranée. Je ne voyais pas. Pour Méditerranée, les plans étaient comme des lettres. Comme un alphabet. A, B, C, D… donc on pouvait faire des mots et des phrases. Pour ça, il faut des plans simples. Leur temps de décodage par le spectateur ne doit pas empêcher de voir la liaison entre eux comme les lettres dans une phrase. Mais là, je n’avais plus des lettres mais déjà des blocs de lettres. Au bout de deux tentatives de montage, nous avons fait appel à Sollers et à Kristeva. Je leur jetais des mots et ils brodaient autour. La parole permettait de briser les blocs. De créer des espaces, des respirations. On avait eu la naïveté de croire qu’en prenant les plus belles séquences de chaque film, ça allait donner quelque chose de mieux encore. Au lieu de s’ajouter, les séquences se neutralisaient. J’étais près d’abandonner. Je refusais d’aller à la salle de montage. Françoise me ramenait des copies vidéo de ses essais. On ne voyait pas comment faire pour que cela marche. Alors on s’est mis à théoriser. Pourquoi et comment passer d’un plan à un autre ? Dans un film classique, Belmondo sort d’une voiture, entre dans un restaurant, va au téléphone. On le suit. Ce n’est pas du montage, même s’il y a des raccords, plusieurs plans : on se contente de le suivre, d’un plan à l’autre. L’ellipse – on coupe un peu dans le temps et le spectateur est sensé comprendre ce qu’on a coupé – ce n’est pas encore vraiment du montage. Pour arriver au montage, il faut couper encore plus – qu’on ne sache pas pourquoi on passe d’un plan à l’autre. Alors, on obtient une certaine logique, la poésie. Dès qu’on s’est mis à théoriser ça, c’était presque naturel, d’inviter Kristeva et Sollers à parler. Pour écarter les plans les uns les autres pour provoquer des coupes, des sauts. " dans Art Press n° 145, 1990.

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