Ettore Scola se livre ici à une sorte de jeu de massacre qui bouleverse bon nombre de conventions sociales. Cette comédie de moeurs parodie allègrement les drames sentimentaux et sociaux d'une certaine époque et, pourquoi pas, le néo-réalisme italien.
Il s'ébauche entre Oreste (Marcello Mastroianni) et Adelaïde (Monica Vitti) une passion romantique, bientôt rejointe et compliquée par Serafini, mais c'est une romance grotesque soumise à un environnement sordide. En premier lieu, Rome, ville historique et légendaire, n'est plus qu'une cité-poubelle, façon de bidonville géant où le prolétariat souffre en rêvant, peut-être, des bienfaits du communisme, lequel n'a malheureusement pas de solutions aux maladies d'amour...
Cependant, malgré les ridicules affichés par les personnages, on ne peut pas ne pas voir le drame de la condition ouvrière. La part de rêve qu'on entretient pour lui (romans-photos, communisme) maintient le peuple dans sa précarité matérielle et culturelle, et le film devient vite le reflet de l'Italie contemporaine. Figures bouffonnes de cette société, qui annoncent celles de "Affreux, sales et méchants", Oreste, Adelaïde et Serafini finissent pourtant, en vertu d'un ton qui relève de la farce tragique, par nous toucher, tant il ressort que leur histoire d'amour est déjà condamnée par leurs conditions d'existence, tant leur souffrance, même théâtrale, semble sincère.
La mise en scène est originale où, au coeur de l'action et l'interrompant, les personnages racontent par avance leur déchéance programmée.